Titré Mon chantle nouvel album de la musicienne est sorti le 15 novembre dernier. A cette occasion, l’auteure-compositrice-interprète de 32 ans a évoqué les artistes, les œuvres et les événements qui la font vibrer.
Des artistes qui lui ont donné envie de faire son métier aux femmes de sa vie, en passant par ses coups de cœur artistiques et sa première déception sentimentale, Clara Luciani a participé à l’entretien “Premier Amour” avec Madame Figaro. Un échange au cours duquel la jeune maman, qui vient de sortir son troisième album, Mon chants’est livrée avec douceur, humilité et autodérision.
Madame Figaro. – Quels sont les chanteurs, auteurs, compositeurs qui vous ont donné envie de faire ce métier ?
Clara Luciani. – Il y avait Françoise Hardy bien sûr, et Nico qui chantait entre autres avec le Velvet Underground. Elle a été une inspiration importante pour moi car elle avait une voix très grave qui me permettait d’assumer ma propre voix. Il y avait aussi les Beatles, et Paul McCartney en particulier. Ce sont vraiment les trois personnages les plus importants pour moi durant mon adolescence.
Quelles sont vos chansons d’amour préférées ?
CL.- Ce sont toujours des chansons d’amour désespérées. Curieusement, je trouve beaucoup plus facile d’être touché par une chanson sur un cœur brisé qu’une chanson d’amour où tout va bien. Le summum du summum, pour moi, c’est Ne me quitte pas (de Jacques Brel, NDLR). Rien d’aussi beau n’a jamais été écrit. J’aime beaucoup la chanson d’amour de reine du drame. J’aime aussi beaucoup Avec le temps (de Léo Ferré, NDLR), qui est aussi une chanson d’amour en soi.
Crédits : Thomas Cristiani
Quel est votre duo musical préféré ?
CL.- J’aime toutes les chansons de Nancy Sinatra et Lee Hazelwood. J’ai fait une reprise avec Alex Kapranos de Vin d’été. Je trouve que c’est un duo iconique et glamour ; leurs voix « s’accordent » incroyablement bien ensemble.
Quels ont été vos coups de cœur artistiques les plus marquants ?
CL.- J’ai un gros problème : je ne suis jamais sorti de ma phase Beatles Mania. Je me souviens encore du jour où mon père m’a offert un album des Beatles pour mon Walkman. Cela a bouleversé ma vie ! Je suis devenu complètement obsédé par eux. J’avais alors dix ans et c’est une passion qui ne m’a jamais quitté. J’ai eu un autre très gros béguin quand j’avais 8 ans. Mon professeur nous a emmenés voir Les Demoiselles de Rochefort au cinéma et à partir de ce moment-là, je suis devenu une nouvelle personne : je n’ai jamais voulu arrêter de chanter. Je voulais que ma vie soit une comédie musicale. Je rentrais à la maison et parlais à ma mère en chantant. Je pense que ça l’a vite exaspérée mais c’était vraiment l’un des plus gros coups de cœur artistiques de ma vie. Aujourd’hui encore, j’écoute les Beatles et Michel Legrand, à travers Les Demoiselles de Rochefortavec le même amour que lorsque j’étais petite.
«Je me rends compte, à 32 ans, que Les demoiselles de Rochefort c’était un film et la réalité est un peu différente”
Quelle est la romance fictive ou réelle qui vous a le plus bouleversé ?
CL.- je vais en reparler Demoiselles de Rochefortmais cette comédie musicale a vraiment marqué ma vie. Elle a également façonné ma vision de l’amour. Les sœurs Garnier (interprétées par Françoise Dorléac et Catherine Deneuve, NDLR) recherchent le seul amour de leur vie, sans lequel ils ne sont pas complets. J’ai été à la fois très inspiré par l’esthétique et la musique de Michel Legrand mais aussi empoisonné, sur le plan sentimental, par la conception de l’amour véhiculée par cette œuvre. En ce moment, j’essaie de le déconstruire parce que je me rends compte, à 32 ans, que c’était un film et que la réalité est un peu différente.
Quel souvenir gardez-vous de votre premier chagrin d’amour ?
CL.- Mon premier véritable chagrin a été celui qui a inspiré toutes mes premières chansons solo. J’ai eu de la chance que cette déception sentimentale ait débloqué cette chose en moi. Du coup, j’avais un sujet imparable pour mes premières chansons en français. En fait, je me souviens avoir envoyé le disque à mon ex et l’avoir cité dans les remerciements, le remerciant de m’avoir brisé le cœur. J’avais l’impression que sans cette rupture, je n’aurais jamais eu la matière première pour écrire ces chansons.
Quels sont les artistes que vous adoriez étant adolescente, et de qui possédiez-vous les affiches ?
CL.- A cette époque, j’étais vraiment dans ma phase rock britannique, donc j’avais les Beatles et les Buzzcocks. Je crois que j’avais des photos de Chrissie Hynde des Pretenders mais aussi de Patti Smith. Et puis aussi pas mal de tirages d’œuvres d’Egon Schiele, parce que j’étais fou de lui. Voilà à quoi ressemblait ma chambre d’adolescent.
La chanson titre de votre dernier album s’appelle Tout pour moi . Qui sont ces personnes qui sont « tout pour vous » ?
CL.- Il y a clairement mes parents, ma sœur et mon enfant : ils constituent vraiment mon socle. Mais il y a aussi évidemment mes amies, notamment quelques femmes qui sont les femmes de ma vie. Et enfin, les membres de mon équipe avec qui je travaille. Nous sommes vraiment très proches. Et je me rends compte en vous répondant qu’il y a aussi beaucoup de femmes. Globalement, il y a beaucoup de figures féminines très fortes et très inspirantes dans ma vie.
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Que vous apportent ces figures féminines au quotidien ?
CL.- Ils m’aident à tous les niveaux. Il y a des femmes en particulier qui m’ont inspiré parce que je les ai vues gérer avec brio leur carrière et leur maternité et j’avais envie de prendre exemple sur elles. Il y a des femmes qui m’inspirent car elles ont démarré leur entreprise très jeunes. Ce sont de vraies filles patronnes. Il y en a d’autres qui m’inspirent parce qu’elles arrivent à accepter leur hypersensibilité, d’autres encore parce que je les trouve très libres dans leur féminité et elles me donnent envie de m’aligner à elles. Toutes les femmes autour de moi m’inspirent pour différentes raisons.