Après une séance d’écoute qui n’en était pas une, notre journaliste a enfin pu découvrir l’album de reprises de l’ancienne gagnante de “Nouvelle star”. Un disque submergé de ressources, mais sans véritables idées.
Paire Odile de Plas
Publié le 15 novembre 2024 à 15h56
Mis à jour le 15 novembre 2024 à 18h42
Cher Julien Doré,
Enfin, j’ai écouté votre album. C’est vrai tardivement, mais reconnaissez que vous n’avez pas rendu les choses faciles. Or, j’étais allé à une première écoute organisée à l’avance avec un groupe d’autres journalistes, alors que d’habitude, je refuse ce type de séance « en présence » de l’artiste. Parce qu’on n’est pas très serein dans ces conditions et parce qu’il est très désagréable de devoir donner son avis tout de suite, surtout quand on est déçu. Et ça arrive. Mais bêtement, je me suis dit que ça serait fait, ayant en plus une énorme pile de disques et de liens à écouter chaque semaine. Votre carrière, votre réussite font de vous un artiste dont on écoute les nouveaux albums, parce que vous « comptez » dans la variété française, et c’est mon créneau. Télérama.
Finalement, ce jour-là, vous avez préféré diffuser votre clip à cette foule médiatique gâtée par un cocktail « exclusif et avant-première », accompagné d’un court film promotionnel sur les coulisses de la conception de cet album. Bien. Nous sommes tous repartis avec une clé USB et l’album dessus. Étrange, en 2024, et avec des risques de piratage, mais en fait c’était une blague ! Il n’y avait pas Imposteur là-dessus, car, vous expliquiez quelques semaines plus tard à vos fans sur les réseaux sociaux, “vous n’imaginiez pas que les journalistes pourraient l’écouter devant le public”. Un truc de filou, comme le titre. Et puis un peu de démagogie antimédia fonctionne toujours.
Les couvertures étaient meilleures avant…
Honnêtement, il aurait été plutôt pratique pour les dates de sortie, et c’est ce que font la plupart des artistes, de nous permettre de décider d’écrire ou non un article le jour de la sortie, en fonction de notre intérêt. pour le travail, mais passons à autre chose. Beyoncé et Kendrick Lamar ne nous envoient plus non plus leurs albums en avance. Finalement, nous avons reçu Imposteur trois semaines avant sa sortie, car le média est encore un peu utile. Et comme je le craignais, il s’est retrouvé au bas de la pile. Bref, avec tout ça, il me reste peu de place pour parler musique.
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Les couvertures, a priori, c’est votre truc. On vous a aussi connu pour être doué dans le domaine Nouvelle étoile. Mais là, franchement. Pour reprendre Mourir sur scènede Dalida, sur disque, Les démons de minuit dans un remix de boîte de nuit, Couleur menthe aquatique en crooner, alors qu’Eddy Mitchell la jouait déjà en crooner ? Où est l’écart ? Nous sortons votre propre reprise acoustique de 2011 d’un hit R’n’B de K. Maro (Femme comme toi) en le ralentissant encore plus pour lui donner de l’importance, ce n’est pas tomber dans le cliché, c’est le but. Allez pour le Lumières du soleil tropicalesun tube de nos ados baby-boomers en version symphonique, assez drôle dans le sens qui finit par toucher. Sauf que c’est symptomatique d’un album qui croule sous les ressources, mais sans véritable idée. A cet égard, la nouvelle reprise de Salut Lolita, avec grand orchestre, des sons terriblement pléthoriques par rapport à l’original, votre version presque grunge, interprétée avec le cœur et non avec la tête, qui a fait de vous une « Nouvelle Star » en 2007.