« L’espoir naît lorsque nous avons perdu toutes nos illusions »

« L’espoir naît lorsque nous avons perdu toutes nos illusions »
« L’espoir naît lorsque nous avons perdu toutes nos illusions »

Dans l’éditorial du numéro de Madame Figaro du 7 juin, le co-fondateur et président des Rencontres Philosophiques de Monaco, nous parle de la nécessité absolue de l’espérance, qui se conquiert avec force dans la confrontation avec la réalité.

Aujourd’hui, le danger semble grand : il opère dans tellement de dimensions différentes que notre survie même semble compromise. Au désastre climatique, aux guerres qui se gagnent pas à pas, à la rupture civilisationnelle et cognitive que constitue la toute-puissance du numérique, des réseaux et de l’IA, à l’omniprésence des discours de haine, qu’est-ce que cela nous fait ? permis d’espérer ? Qu’avons-nous à offrir pour nous orienter dans la pensée ?

Lire aussiLa vie amoureuse de Charlotte Casiraghi

Je crois profondément à l’illumination des philosophes, y compris de ceux qui, avec Madame Figaro nous invitons dans ce numéro. Non pas pour apaiser nos inquiétudes et apporter des réponses toutes faites, mais pour apporter un peu de clarté à nos idées confuses, tout en évitant de tomber dans le mensonge des lendemains radieux ou dans la tentation nihiliste.

« data-script=”https://static.lefigaro.fr/widget-video/short-ttl/video/index.js” >

La philosophie surgit là où nous expérimentons notre vulnérabilité et notre impuissance. Elle cherche à y faire face avec responsabilité. A travers ce bouleversement, l’homme se voit capable de se remettre en question et de renouer avec l’espérance. Comme le dit la philosophe Corine Pelluchon, lorsque la réalité nous déçoit et nous désespère, « nous oscillons entre espoir et frustration, arrogance et ressentiment ».

Notre souffrance devient la seule vérité et, comme les enfants, nous espérons que tout est possible. Il en va tout autrement de l’espérance, qui implique un autre rapport à nous-mêmes, au monde, aux autres, au temps. Cela survient lorsque nous avons perdu toutes nos illusions, lorsque toutes nos certitudes se sont effondrées. C’est le propre d’une conscience tragique et déchirée qui nous oblige à puiser à une Source plus profonde et plus originelle, à quelque chose de plus grand que notre petit moi pour ne pas sombrer dans les ténèbres de la mélancolie et dans une rage destructrice qui est le terreau de tous les discours de haine.

Le pouvoir de l’espoir

L’espace public manque cruellement d’histoires dans lesquelles jaillissent des éclairs sur un possible futur. Ce n’est pas en rompant radicalement avec ce qui nous a blessé ou déçu que nous pourrons explorer les possibles. C’est plutôt dans l’incertitude, dans notre sentiment de fragilité, que l’espoir lui-même s’ancre. Grâce à l’espérance, nous serons plus capables de discernement et de responsabilité.

L’espoir nous oblige à puiser à une Source plus profonde et plus originale, à quelque chose de plus grand que notre petit moi pour ne pas sombrer dans les ténèbres de la mélancolie.

Charlotte Casiraghi

« Vous avez dû voir votre volonté humiliée par le chagrin », écrit Corine Pelluchon. L’espoir se gagne au prix de la douleur et des efforts, au prix d’une confrontation difficile avec le mal. Si nous acceptons de faire cette traversée de l’impossible, si nous renonçons à la toute-puissance illusoire de nos certitudes, alors peut surgir « l’inattendu ».

Les Rencontres Philosophiques de Monaco organisent, du 11 au 16 juin, une Semaine PhiloMonaco, gratuite et ouverte à tous. philomonaco.com et @philomonaco.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Johnny Depp dans le costume du diable pour Terry Gilliam
NEXT Pourquoi Gims a-t-il refusé de chanter aux JO de Paris 2024 ? – .