« Pleins feux »comme le projecteur, c’était la voix de Johnny Cash. Disparu il y a plus de vingt ans, déjà en 2003, à l’âge de soixante et onze ans. Après tout ce qu’il avait vécu, c’était déjà un exploit d’atteindre cet âge. Aujourd’hui, vous dites Johnny Cash et presque tout le monde le connaît et le respecte. Pourtant, je me souviens d’une toute autre époque, celle des années 80, où les fans de musique américaine, en France et ailleurs, considéraient Johnny Cash, alors au début de la cinquantaine, comme un vieil homme de la musique country et des chanteurs, en général, comme un vieille chose arriérée. Même s’il avait chanté avec Bob Dylan et que les ponts entre la musique country et un certain style de vie anticonformiste étaient nombreux, je pense bien sûr à une figure comme celle de Gram Parsons mais il n’était pas le seul, Johnny Cash appartenait à un autre monde qui les fans de rock étaient considérés avec méfiance, voire mépris. Même si de nombreux préjugés subsistent – nous ne les déracinerons jamais – tout cela a changé. Notamment grâce à la résurrection artistique de Johnny Cash, intervenue au milieu des années 90. Grâce, en grande partie, au directeur artistique Rick Rubin, grand fan de rap et de métal.
Pour visualiser ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d’intérêt.
Gérer mes choix j’autorise
Rubin avait en effet produit des albums pour les Beastie Boys et le groupe Slayer, notamment. Les Red Hot Chili Peppers aussi. On ne s’en doutait donc pas, mais Rubin avait une admiration sans limite pour la voix théâtrale de Johnny Cash. Son idée avait déjà été de capter cette voix au plus près, sans fioritures. Lors d’un premier enregistrement, réalisé en trois jours dans le salon de Rubin, Cash a simplement chanté, en s’accompagnant à la guitare, des chansons de Leonard Cohen, le célèbre « Oiseau sur le fil »comme Tom Waits. C’est ce qui a donné le premier volume de Enregistrements américainssorti début 1994. Deuxièmement, Rubin, encouragé par le jeune entourage de Johnny Cash, cherche à aller plus loin, connectant le chanteur sexagénaire à un nouveau public. Ainsi, dans le deuxième volume de ces Enregistrements américainstitré DéchaînéRubin avait des reprises de Cash d’une toute nouvelle génération, comme «Cage rouillée» par Chris Cornell avec Soundgarden, groupe associé à la vague grunge, ou « Chaloupe » par le jeune californien Beck. Par la suite, à la toute fin de sa vie, Cash reprend des chansons de Nick Cave et U2 et surtout l’extraordinaire ” Blesser “ par Trent Reznor du groupe de rock industriel Nine Inch Nails. Deux ans après sa mort, Johnny Cash était célébré comme une sorte de héros tragique dans le film Suivez la ligne de James Mangold, joué par Joaquin Phoenix. Johnny Cash a aujourd’hui l’aura d’une rock star sombre et ténébreuse.
Comme je vous l’ai dit, cela n’a pas toujours été le cas. Je reviens au titre que vous venez d’entendre, « Pleins feux ». Une chanson écrite par Johnny Cash dans laquelle il parle de l’obligation de bien paraître sous les projecteurs alors que son cœur est lourd d’un malheur secret. Une chanson dont, comme d’autres, personne ne voulait au début des années 90. Cash n’avait plus de contrat de disque, il avait enregistré des démos dans son coin, comme un débutant et il attendait, en vain, de pouvoir en faire quelque chose. Comme je vous le disais, c’est Rick Rubin qui lui a permis de relancer sa carrière, qui a pris une nouvelle dimension inattendue. Aujourd’hui, une vingtaine d’années après sa mort, John, le fils qu’il a eu avec June Carter, a pris l’initiative de sortir ces modèles de son tiroir. Aidé par l’un de ces nouveaux logiciels grâce auxquels on peut faire des miracles, il a pu isoler la voix de son père, l’extraire de l’accompagnement original et faire venir de nouveaux musiciens de son choix, notamment Dan Auerbach des Black Keys, pour accompagner à titre posthume. Le résultat est l’album Songwriter, sorti au début de l’été dernier, un titre choisi pour souligner qu’il s’agit de chansons originales, écrites par Johnny Cash, et non de reprises. Voici maintenant une chanteuse nommée Gillian Welch qui a joué un rôle extrêmement important dans le renouveau de la musique traditionnelle aux États-Unis à la fin des années 90 et au début des années 2000. Avec son mari et collaborateur, le guitariste David Rawlings, Gillian Welch a chanté deux des chansons de la bande originale du célèbre film des frères Coen, Ô frère, où es-tuu, un disque qui rassemblait de magnifiques chansons des Appalaches et qui a eu un grand succès chez nous. Cette jeune femme qui, au début des années 90, avait étudié la musique à la célèbre Berklee School of Music de Boston, avait développé une passion pour le bluegrass, le country montagnard. Voici « Train vide du ciel »un morceau extrait du nouvel album, Des boissigné en duo par Gillian Welch et David Rawlings.
Pour visualiser ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.
Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d’intérêt.
Gérer mes choix j’autorise
Pour en savoir plus, écoutez l’émission…
Dans la playlist France Inter Écoute plus tard
Conférence écouter 4 minutes
Liste de lecture :
Johnny Cash – « Spotlight » (feat. Dan Auerbach) album « Songwriter »
Gillian Welch, David Rawlings – « Empty Trainload of Sky » album « Woodland »
Ken Pomeroy – « Coyote » (feat. John Moreland)
Zach Bryan – Album « 28 » « La grande scène des bars américains »
Les frères Felice – « Black Is My True Love’s Hair » album « Valley of Abandoned Songs »
Adrianne Lenker – « Trésor gratuit » album « Bright Future »
Tucker Zimmerman – « Burial at Sea » album « Danse de l’Amour »
Phosphorescent – « Impossible House » album « Révélateur »
Jake Xerxès Fussell – « Coucou ! » album « Quand je suis appelé »
Fer et vin – « Jamais pensé »
Willie Nelson – « Tu te rends compte ?? »