“Trafic en 1973, j’ai décollé, sans drogue, et je n’ai jamais retombé” – Libération

“Trafic en 1973, j’ai décollé, sans drogue, et je n’ai jamais retombé” – Libération
“Trafic en 1973, j’ai décollé, sans drogue, et je n’ai jamais retombé” – Libération

Quatre soirs par semaine son spectacle Très bon voyage emmène les auditeurs de Inter dans l’effervescence du grand cirque rock’n’roll. Parfois, il en tire même des livres comme Très bon voyage McCartney, inspiré de sa série diffusée cet été sur la radio publique. Mais y a-t-il quelque chose de trippant dans ses réponses à notre questionnaire ?

Quel a été le premier disque que vous avez acheté, adolescent, avec votre propre argent ?

Un tour en super-45 de Claude François, Que deviens-tu ? Probablement en 1967, vers mes neuf ans, dans un Prisunic. Mon frère aîné s’est moqué de mon achat.

Votre façon préférée d’écouter de la musique, des MP3, un autoradio, un lecteur CD, des vinyles ?

Le changeur de CD dans ma voiture. J’ai l’impression d’être dans une salle de musique idéale, comme si je flottais sur un tapis volant.

Le dernier disque que vous avez acheté et dans quel format ?

Cela fait longtemps que je n’ai pas acheté de disques. J’ai tout gardé religieusement, y compris ce que je n’ai jamais écouté. Aujourd’hui, j’essaie de désencombrer.

Où préférez-vous écouter de la musique ?

Dans ma voiture. Cela dit, à l’occasion du dernier festival de Montreux, un spécialiste m’a fait écouter le vinyle de Led ZeppelinII sur un système audio de pointe. J’ai été étonné. J’avais l’impression d’être à l’intérieur de la musique et non d’en écouter une reproduction approximative. Depuis, je rêve d’avoir ça chez moi.

Écoutez-vous de la musique en travaillant ?

Ma réponse est forcément biaisée puisque j’écoute de la musique verser travailler. Je l’écoute donc plusieurs heures par jour, au casque, en streaming. Par contre, dès que je commence à écrire, c’est impossible. La musique me parasite et me paralyse.

La chanson que vous avez honte d’écouter avec plaisir ?

Cela faisait longtemps que je n’avais pas honte de la musique que j’écoute. En 1982, j’écrivais dans Rock et Folk une chronique à la gloire d’Abba. Les lecteurs pensaient qu’il s’agissait d’une provocation post-punk. Pas du tout, j’ai aimé et j’aime toujours Abba. Quand je découvre avec plaisir des trucs grand public comme La Kiffance, Cela ne me fait pas honte du tout.

Le disque que tout le monde aime et que vous détestez ?

J’avais des haines terribles quand j’étais plus jeune. Supertramp, par exemple. Dès que j’ai entendu les premières notes de La chanson logique, J’avais envie de vomir ou de tuer. Cela a beaucoup changé.

Le disque dont vous aurez besoin pour survivre sur une île déserte ?

Si jamais je me retrouvais sur une île déserte, je serais heureux d’y entendre de la musique. Je me souviens d’une dizaine de jours passés sur l’île de Funafuti, dans l’archipel des Tuvalu, pour un reportage. Il n’y avait pas grand monde. Je suis allé assister à une messe et j’ai entendu des chœurs polyphoniques, typiques du Pacifique. J’avais l’impression de n’avoir jamais rien entendu d’aussi beau de ma vie.

Y a-t-il un label ou une maison de disques auquel vous êtes particulièrement attaché et pourquoi ?

Île, sans hésitation. J’ai regardé tout ce qui sortait : Traffic, King Crimson, Fairport Convention, jusqu’à Roxy Music, the Sparks, John Cale et Eno. Il y avait un certain air d’élégance et de rigueur dans leurs productions, jusque dans le graphisme des couvertures. Quand Bob Marley et les Wailers sont arrivés, je me suis dit : ça doit être bien, puisque c’est Island !

Quelle pochette de disque souhaitez-vous encadrer chez vous comme une œuvre d’art ?

Mon disque préféré de tous les temps, Sons d’animaux des Beach Boys, possède la pochette la plus moche de l’histoire du disque. J’aime les couvertures stupides, comme celle de Qui est le prochain de Who où on les voit se boutonner après avoir pissé contre un gros cube de béton au milieu de nulle part. Maintenant, je ne sais pas si je l’encadrerais.

Un disque que vous aimeriez entendre à vos funérailles ?

Bonnes vibrations des Beach Boys ou Jours Des plis, selon la durée de la cérémonie. Plus c’est court, mieux c’est.

Savez-vous ce qu’est le drone en métal ?

J’ai dû jouer une chanson de Sunn O))) dans mon émission mais, pour être honnête, je me suis déconnecté assez rapidement. Il faut s’immerger complètement.

Préférez-vous les disques ou la musique live ?

Dans la musique live, ce qui est unique, c’est que l’on partage le trac de l’artiste. On se dit qu’il peut toujours se casser la gueule. Alors nos cœurs battent plus fort. La musique enregistrée est un plaisir tranquille et éternellement renouvelable.

Votre plus beau souvenir de concert ?

Circulation à l’Olympia en 1973. J’avais quatorze ans, c’était extraordinaire. Steve Winwood chantait, passait de la guitare au piano, improvisait. Il y avait le saxophoniste et flûtiste Chris Wood, le rythmiste soul américain de Muscle Shoals, un percussionniste ghanéen. Le trafic était, comme on disait alors, le « Santana européen ». Je suis parti sans drogue et je ne suis plus jamais retombé.

Allez-vous en boîte pour danser, flirter, écouter de la musique sur une bonne sono ou vous ne allez jamais en boîte ?

Quand j’étais beaucoup plus jeune, j’imaginais rencontrer une âme sœur (et au-delà) lors d’un concert de New Order, par exemple. Cela n’est jamais arrivé. Je danse comme un fou mais j’aime la puissance du son qui vous enveloppe. Cela m’arrive trop rarement malheureusement.

Quel est le groupe que vous détestez voir sur scène, mais dont vous aimez les disques et vice versa ?

Parfois j’étais déçu mais au point de détester ça, non. Peut-être que le dernier concert de Gorillaz m’a un peu ennuyé, même si j’admire Damon Albarn.

Votre film musical préféré ou votre musique de film préférée ?

Presque célèbre (Presque célèbre) de Cameron Crowe. Pour l’histoire, avant tout.

Quel est le témoignage que vous partagez avec la personne qui vous accompagne dans la vie ?

Pas grand chose, malheureusement. Elle adore Goldman et Balavoine, et même Cabrel, qui étaient (très injustement) des objets de phobie pour moi. J’ai appris à devenir plus tolérant, même si c’est difficile.

La chanson qui te rend fou ?

Il y a une rage libératrice, comme celle qui m’envahit quand j’écoute Corps des Sex Pistols ou MPE par Ennemi public. Le reste j’ai coupé très vite.

Le dernier disque que vous avez écouté en boucle ?

Tout ce que Lana Del Rey a enregistré me captive. La dernière fois que j’ai été obsédé par un disque, c’était Ultraviolenceil y a dix ans.

Le groupe dont vous auriez aimé faire partie ?

Je n’ai jamais eu ce fantasme mais je me suis beaucoup projeté, dans ma jeunesse, dans la figure passionnée et intransigeante d’Elvis Costello.

La chanson ou le morceau de musique qui te fait toujours pleurer ?

Sans aucun doute Des décennies par Joy Division. C’est au-delà des larmes, en fait, comme si j’avais pleuré un bon moment auparavant et que la consolation arrivait déjà.

Ses titres préférés

Les Troggs Chose sauvage (1966)

Les Kinks Coucher de soleil sur Waterloo (1967)

Nick Drake Homme de rivière (1969)

Très bon voyage McCartney (GM Éditions)
 
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