La descente aux enfers de Riton Liebman, l’impolitesse de Gérard Depardieu et le sauna avec Vanessa Paradis

La descente aux enfers de Riton Liebman, l’impolitesse de Gérard Depardieu et le sauna avec Vanessa Paradis
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C’est une aventure qui aura déterminé sa vie et qu’il décline à l’infini, creusant chaque fois un peu plus le sillon de l’autodérision et surtout celui du courage et de la sincérité.

Une aventure mais aussi quatre questions qu’il entendra à intervalles réguliers : « Le petit garçon dans Préparez vos mouchoirs, était-ce toi? Depardieu était-il gentil ? Il était génial, Patrick Dewaere ? Et Carole Laure, tu as vraiment baisé… ? »

Qu’il rencontre Yves Boisset, Florent Pagny, Alain Chabat, Aldo Maccione, un flic, un chauffeur de taxi ou un héroïnomane des Bains Douches à Paris, ils lui reviennent comme un boomerang. A tel point qu’il imagine, sur son lit de mort, une infirmière venant lui demander…

Riton, étoile sacrée !

A 13 ans, le petit Belge Riton Liebman se présente à un casting pour jouer dans Préparez vos mouchoirs (1979) par Bertrand Blier et sera, contre toute attente, retenu. Il n’en faudra pas plus pour que cela devienne vraiment L’étoile du quartier Et beaucoup plus.

Nous connaissons l’histoire. D’autant qu’après l’avoir vécu avec force et retentissante, celui que tout le monde appelle familièrement Riton, Henri de son vrai prénom, en mémoire de son oncle déporté, raconté au théâtre, en long et en large, de Bruxelles à Paris, en passant par Charleroi et Avignon, de L’étoile du quartier a Restons dans l’Aisne, deux seuls sur scène créé au Poche en 2016 et 2020.

Incisif, décontracté et touchant

Aujourd’hui, il le livre dans un roman autobiographique, sans crainte de se lasser. Avec raison. Car encore une fois, comme sur scène, le ton choisi, désinvolte, incisif, drôle, répétitif, touchant et courageux, reste le bon.

Ceux qui le connaissent croient l’entendre lorsqu’ils le lisent. Et sourire encore en lisant des détails comme la moquette de quatre pouces d’épaisseur au Hilton, le jour du casting, l’accent juif prononcé de son voisin, chez qui il va regarder la télévision, les craintes de sa mère dès le début qui l’a fait Je ne ressens pas, mais pas du tout, cette histoire de tournage et les répliques de la petite Riton que même Blier n’oubliera pas lorsqu’il lui demandera si ses parents acceptent qu’ils travaillent au cinéma : “Mes parents, ils s’en fichent, ils sont de gauche, ils me laissent tout faire.»

Le pari réussi de Riton à Paris

De gauche, en effet. Professeur émérite à l’Université libre de Bruxelles, Marcel Liebman a attiré de nombreux étudiants vers ses cours à Sciences Po. Massivement ivre, le public de Paul Émile Janson vibrait de toutes parts. Juif pro-palestinien, Marcel Liebman, qui parlait six langues, a passé sa vie à s’instruire et à enseigner, et est mort d’un cancer, après des douleurs insupportables. Malgré le séisme que va provoquer sa disparition, Riton Liebman a le courage de dire que le jour de ses funérailles, il a dévalisé les sacs des dames dans les vestiaires pour trouver de quoi acheter une réplique.

Car le rêve s’est vite transformé en cauchemar. Le drame de Riton Liebman aura sans doute été de trop longtemps croire que « le bonheur, c’était de s’en foutre et de sortir toute la nuit”.

Une croyance qui le mènera au fond des abysses, tant il met du temps à admettre qu’il est complètement accro au héros. La route vers la sortie sera longue et douloureuse.

C’est tout ce que raconte également l’auteur dans L’étoile du quartier, sans pathos, et avec l’humour qui le caractérise.

Les désillusions

Après les premiers chapitres savoureux consacrés au tournage de Préparez vos mouchoirsrythmé par la grossièreté déjà très palpable de Gérard Depardieu et les petits sachets de vin blanc qui glissent de la poche de Dewaere, Riton raconte le retour à la maison, l’abandon scolaire, le grand départ pour Paris, les valses des faux espoirs, les éternels soutiens rôles, les nuits aux Bains Douches ou à Gainsbourg, le Byblos à Saint-Trop avec Florent (Pagny) qui a écrit une chanson sur lui, le sauna avec Vanessa (Paradis), le besoin récurrent et croissant d’héroïne ou de codéine, les amours et leurs désillusions, sa passion pour Martin Éden de Jack London, toute une vie en suspension qui ne prendra véritablement corps et âme que lorsqu’il prendra son destin et surtout sa plume en main. Parce qu’il a certainement du talent.

Riton Liebman : « Mon fils, je l’ai nettoyé »

L’étoile du quartier | Roman | Riton Liebman | Séguier, 283 pp., 21 €.

EXTRAIT

Ils s’arrêtent net quand ils me voient et je ne sais pas si je dois aller vers eux et leur embrasser la bite en l’air ou courir à la pizzeria chercher mes vêtements. “Salut maman, bonjour papa, c’était juste un pari, pour s’amuser”. Heureusement, mes parents sont de gauche. Ils ont soixante-huit ans, ça ne les choque pas particulièrement.

 
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