Le petit-fils de Léon Gautier protège la mémoire du 177 du commando Kieffer. ENTRETIEN – .

Le petit-fils de Léon Gautier protège la mémoire du 177 du commando Kieffer. ENTRETIEN – .
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A l’approche des 80 ans du Débarquement de Normandie, les proches de Léon Gautier ont décidé, le 23 mars, de créer « une institution » pour protéger et entretenir la mémoire des 177 marines du commando Kieffer. Cette date n’a pas été choisie par hasard.

Le 23 mars 1942 marque la création, en Angleterre, de la première Compagnie de Fusiliers de Marine Française.. Ces hommes partiront ensuite s’entraîner en Ecosse et formeront un véritable bataillon de 177 marins, devenant ainsi les seuls français à avoir débarqué, le 6 juin 1944, sur Sword Beach, à Colleville-Montgomery.

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Léon Gautier en 1944

© France 3 Normandie

Aujourd’hui, la mémoire du commando Kieffer est enfin protégée, dans un cadre légal, “un établissement”précise Gérard Wille, le petit-fils de Léon Gautier.

Toute sa vie, ce grand homme d’une étonnante humilité a défendu la mémoire de « ses camarades », tous décédés. Ses proches souhaitent aujourd’hui poursuivre cet engagement devenu plus que nécessaire.

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Emmanuel Macron célèbre les commémorations du 6 juin 1944 aux côtés de Léon Gautier, dernier survivant du commando Kieffer.

© LUDOVIC MARIN / PISCINE / AFP PISCINE

Qu’est-ce qui vous a inspiré pour créer cette institution ?

Depuis la mort de mon grand-père, de fausses biographies, probablement liées à l’intelligence artificielle, sont publiées sur internet. Nous avons immédiatement voulu protéger son nom et son image. Mais mon action est plus globale.

A l’aube du 80ème siècle, nous devons préserver nos anciens combattants, leurs parcours historiques et ainsi défendre leur patrimoine. Il est primordial. Nous travaillons depuis plusieurs mois. Nous avons formé une équipe et décidé de créer une institution.

Sa vocation consiste à préserver la vérité historique, à transmettre les valeurs qui ont animé mon grand-père toute sa vie. Mais aussi tous ses frères d’armes.

Mon action ne s’arrête pas à mon grand-père, devenu ces dernières années l’ambassadeur du commando Kieffer, elle va bien plus loin. Mon grand-père n’a pas choisi d’être le dernier. Mais il était le dernier rempart contre ces imposteurs, révisionnistes et profiteurs.

Gérard Wille, président de « Léon Gautier, unis pour la mémoire, la jeunesse et la paix ».

Qu’entendez-vous par profiteurs ?

Pendant des années, mon grand-père a rencontré beaucoup de gens, des gens beaux bien sûr mais aussi certains qui venaient par intérêt. Il a donné des autographes, qui peuvent avoir une valeur sentimentale et historique pour certains, mais d’autres n’ont aucun scrupule.

On retrouve les signatures de mon grand-père sur des sites marchands, sur internet, sur des vêtements ou autres objets, pour 300 euros. C’est choquant. Avec le 80e, la porte est grande ouverte et si personne ne regarde et n’intervient, il y aura beaucoup d’abus.

>Gérard Wille, le petit-fils de Léon Gautier, présidera l'institution
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Gérard Wille, le petit-fils de Léon Gautier, présidera l’institution « Léon Gautier : Unis pour la mémoire, la jeunesse et la paix »

©DR

Comment comptez-vous procéder pour protéger cette mémoire ?

C’est plus qu’une association, car elle va se consolider. Notre institution s’appellera « Léon Gautier : Unis pour la mémoire, la jeunesse et la paix ». L’idée est de surveiller de manière accrue les réseaux, les structures et tout ce qui peut être commercialisé. Lors des cérémonies aussi, nous serons vigilants, car il y a toujours, lors de ces événements, des usurpateurs qui portent de faux uniformes et insignes.

Nous souhaitons rassembler tous ceux qui partagent notre démarche et notre passion pour l’histoire. Des familles de vétérans français, mais pas que.

>Léon Gautier, le 6 mai 2022, lors de la cérémonie traditionnelle de l'école de carabine marine à Ouistreham
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Léon Gautier, le 6 mai 2022, lors de la cérémonie traditionnelle de l’école de carabine marine à Ouistreham

© MARTIN ROCHE / OUEST-FRANCE / MAXPPP

Nous avons déjà un historien pour vérifier les récits et un avocat, qui supervisera la partie juridique. Du vivant de mon grand-père, les véhicules pouvaient porter son nom ou celui de ses camarades. Nous ne remettons pas cela en question. Nous les répertorions également pour les protéger. Mais à l’avenir, nous serons très vigilants.

L’idée n’est pas de se lancer dans une chasse aux sorcières mais de préserver la vérité historique, de transmettre la mémoire et les valeurs de Léon Gautier et de ses 176 frères d’armes ainsi que de sensibiliser les jeunes.

Gérard Wille, président de « Léon Gautier, unis pour la mémoire, la jeunesse et la paix ».

Comment comptez-vous transmettre cette mémoire aux jeunes générations ?

Les jeunes, on le voit, sont très intéressés par les récits historiques et il faut pouvoir les accompagner et leur transmettre des vérités et non des mensonges, qui peuvent circuler sur les réseaux ou ailleurs. Nous avons également créé un compte sur Facebook et Instagram. Un site internet est en construction.

Nous serons amenés à mener des actions auprès des élèves, dans des collèges ou lycées. Tout cela va demander beaucoup de travail et notre feuille de route est très longue.

Nous souhaitons avant tout créer des liens avec les jeunes mais aussi fédérer les familles d’anciens combattants, qui pourraient parfois se sentir isolées.

Gérard Wille, président de « Léon Gautier, unis pour la mémoire, la jeunesse et la paix ».

 
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