Véritable vedette internationale depuis plus de 60 ans, Mireille Mathieu revient présenter quelques spectacles au Québec après 35 ans d’absence. Le chanteur, qui revendique plus de 200 millions d’albums vendus à travers le monde, est ravi de revoir le Québec. Nous avons pu lui parler avant son arrivée à Montréal.
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Mireille Mathieu fait ses débuts le 21 novembre 1965 en chantant dans une émission de talents à la télévision française. Plus de 60 ans plus tard, elle est devenue une icône mondialement connue de la chanson française. «Je continue mon petit bonhomme de chemin», explique-t-elle au téléphone depuis son domicile parisien. J’ai la chance de pouvoir chanter dans différents pays. L’année dernière, j’étais en concert à Prague. Cette année, je viens voir nos amis québécois, avant de partir en tournée en Allemagne. J’ai la chance de vivre de ma passion, mais je sais que rien n’est jamais acquis. Chaque soir, quel que soit le pays, ce n’est plus jamais pareil, mais ça fait chaud au cœur de voir le public me suivre depuis 60 ans. C’est comme une longue histoire d’amour.
La chanteuse croit même comprendre les raisons qui expliquent cette longévité exceptionnelle. « Quand j’ai commencé, j’ai eu le temps de m’installer. À l’époque, il n’y avait ni Internet ni les réseaux sociaux. Quand on lançait une chanson, elle avait le temps de faire son chemin. Le public a appris à la connaître et à l’aimer, et il s’est souvenu d’elle. Aujourd’hui, les choses vont beaucoup plus vite. Les gens entendent une chanson et passent rapidement à une autre. Ils n’ont plus le temps de s’ancrer dans leur mémoire. J’ai la chance que beaucoup se soient laissés bercer par mes chansons et les ont ensuite présentés à leurs enfants. »
Serge Laprade animateur du Téléthon sur la paralysie cérébrale en février 1988. Mireille Mathieu (avec le ballon bleu) 8 février 1988 PHOTO LUC BELISLE / LES ARCHIVES / LE JOURNAL DE MONTREAL
Une aura internationale
Sa carrière internationale a également permis à de nombreux étrangers de découvrir la langue française et de l’apprendre grâce à ses chansons. « À Cuba, il y a même une école qui s’appelle Mireille Mathieu para todos, qui donne des cours de français en étudiant mes chansons. Je rencontre des fans du monde entier qui me disent qu’ils ont appris le français grâce à moi. Je les admire énormément. Quand on pense qu’ils ont appris la langue française, ce qui n’est pas facile, de cette façon, je leur tire mon chapeau !
Lorsqu’elle est à l’étranger, Mireille Mathieu met un point d’honneur à chanter et à dire quelques mots dans la langue locale. « Je chante dans une douzaine de langues, mais j’ai travaillé avec des professeurs pour les apprendre. Ce n’est pas facile, même si, quand on chante, il y a toujours une osmose entre la musique et les paroles.
Elle se souvient aussi de sa dernière visite en Finlande, il y a quelques mois. « Le finnois est certainement l’une des langues les plus difficiles. Je me souviens que lorsque je chantais, j’étais accompagné de musique, et c’était très bien. Mais parler finnois était vraiment compliqué. Je me suis retrouvée devant un public extraordinaire qui n’arrivait pas à croire qu’une Française ait fait l’effort d’apprendre sa langue, car je ne voulais pas juste dire des phrases polies. C’était une soirée extraordinaire, le public était très touché. En même temps, je trouve normal de faire cet effort avant d’aller voir des gens dans différents pays.
Une longue absence
Si Mireille Mathieu a longtemps inclus le Québec dans ses tournées mondiales, cela fait maintenant plus de 35 ans qu’elle vient chanter ici. « J’ai fait tellement de choses, j’étais très occupé, j’ai beaucoup voyagé pendant toutes ces années. Et j’ai enregistré plusieurs disques. Puis mon manager (Johnny Starck) est décédé et ma petite maman nous a quittés. Mais cette année, j’ai eu l’occasion de revenir vous voir, et c’est génial !
-Elle garde également de très bons souvenirs de ses visites au Québec. « Mon premier concert au Canada a eu lieu en 1966. J’étais la première partie d’un spectacle. Je venais de débuter dans le métier. J’ai ensuite chanté à l’Exposition universelle de 1967 à Montréal, puis je suis revenu plusieurs fois chanter à la Place des Arts. J’adore cette salle : c’est une véritable vitrine pour les artistes ! Et je pense que la dernière fois que je suis venu, c’était pour participer à un téléthon.
Ce qui est le plus surprenant, c’est qu’au détour d’une phrase, on apprend que Mireille Mathieu, qui a presque fait le tour du monde avec ses chansons, a peur de voler. « J’ai tellement peur que je ne peux ni lire ni dormir. Je passe mon temps à boire de l’eau et à parler avec les gens autour de moi. Avec le temps, ça ne s’est pas amélioré, j’ai toujours peur quand je monte dans un avion.
Hommage
Avant d’arriver au Québec, Mireille Mathieu a sorti un double album en hommage à Édith Piaf. « J’ai voulu lui rendre hommage à ma manière pour le 60e anniversaire de sa mort. J’ai également composé la mélodie d’une chanson intitulée L’amour en robe noireavec un texte de Claude Lemesle.
C’est le troisième album que la chanteuse consacre à Édith Piaf avec des inédits, des raretés, et tout a été remasterisé. « Quand j’ai débuté au Jeu de la chance, à Télé Dimanche, j’interprétais des chansons de Piaf, car j’étais arrivé d’Avignon et je débutais. Ce double album est ma manière de la remercier. Cela m’a permis de me faire connaître du public en France, mais aussi à travers le monde.
Programme Québécois
Pour ses concerts au Québec, Mireille Mathieu offrira au public tous ses plus grands succès : Mon credo, Santa Maria, Pardonne-moi ce caprice d’enfant, Une femme amour et Acropolis adieu. « Toutes les chansons n’ont pas le même succès dans tous les pays. La première étoile, par exemple, a connu un grand succès au Québec mais aussi en Suède. Agnetha, du groupe ABBA, l’a enregistré et il est passé numéro 1. Le groupe ABBA m’a aussi fait un sublime cadeau, puisque j’ai pu enregistrer bravo tu as gagné (adapté de Le gagnant remporte tout, une chanson du groupe). Mais je vais aussi chanter des choses que le public ne connaît pas vraiment, comme je parle de toi.
Il réserve également une surprise au public québécois. «Je n’ai qu’une seule chanson qui a été écrite par un Québécois. Ça s’appelle You’re the One et c’est de Sophie Nault — j’espère avoir la chance de la revoir. Je vais le chanter spécialement pour toi.
A 77 ans, Mireille Mathieu a toujours la même passion pour son métier, même si les concessions pour l’exercer sont nombreuses. « Il faut toujours avancer, avec discipline et rigueur. J’insiste là-dessus : je dois être très rigoureux. Quand je suis dans un pays pour chanter et que j’ai peu de temps, je ne vois que ma suite et le théâtre. Je travaille ma voix à l’hôtel et après je vais chanter, je ne fais rien d’autre. La seule sortie que je m’autorise, c’est d’aller à l’église avant chaque spectacle. Nous irons certainement admirer la magnifique basilique Notre-Dame de Montréal, qui n’est, semble-t-il, pas très loin de notre hôtel.
Mireille Mathieu sera à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts de Montréal les 17 et 18 février. Elle chantera également au Grand Théâtre de Québec et à la salle Maurice-O’Bready de Sherbrooke, les 20 et 23 février.