Boualem Sansal, le bouc émissaire

Boualem Sansal, le bouc émissaire
Boualem Sansal, le bouc émissaire

DDans le jargon répressif du pouvoir algérien, cela signifie qu’il avait tort de critiquer un système qui cultive l’immobilité tout en réprimant les esprits libres. Mais que nous raconte cette histoire, sinon une peur viscérale qui inspire une plume à un régime autoritaire qui s’accroche désespérément au pouvoir et prospère en utilisant des privilèges industriels?

À Bruxelles, le Parlement européen n’a pas tardé à réagir. «L’arrestation et la détention de Boualem Sansal sont condamnées. Nous exigeons sa libération immédiate et inconditionnelle », nous avons lu dans la résolution adoptée par une écrasante majorité de 533 voix pour et 24 contre, le jeudi 23 janvier.

Ce texte, qui souligne les conditions sordides de l’arrestation de Sansal, dénonce également des attaques systématiques contre les droits fondamentaux en Algérie. Nous pouvions presque entendre les soupirs agacés des dignitaires algériens, inhabituels à ce que nous mettons en évidence leurs méthodes dignes d’une république banane.

Paranoïa institutionnalisée

Pendant plusieurs années, l’Algérie a exploité le classement de la liberté de la presse, atteignant la 139e place en 2024. Selon des chiffres relayés par des organisations de défense des droits de l’homme, au moins 215 prisonniers d’opinion peuplent les prisons algériennes. La censure s’étend à tout ce qui pourrait ressembler à une voix dissidente. Que des journalistes comme Abdelwakil blamm ou des écrivains tels que Mohamed Tadjadit, le processus reste le même: des accusations grotesques de sécurité nationale, des procès rapides et un réseau pénitentiaire inhumain.

Comme le souligne la résolution européenne, «M. Sansal a été interrogé en l’absence de son avocat, qui constitue une violation de son droit à un procès équitable ». Encore plus tragique, l’écrivain a été hospitalisé plusieurs fois, signe que ses conditions de détention compromettent sérieusement sa santé.

L’affaire en Sansal illustre ce climat de paranoïa institutionnalisé

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Ainsi, confrontés à l’arbitraire, les députés députés, qui rappellent qu’entre 2021 et 2024, l’Union européenne a payé 213 millions d’euros à l’Algérie dans le cadre du programme indicatif de plusieurs années, suggère que «les paiements de financement futurs du syndicat devraient prendre en compte le progrès réalisés ». Une manière diplomatique de dire qu’en l’absence d’évolution de la question des droits de l’homme, l’Algérie pourrait bien être coupée.

En tout cas, ce dossier a ajouté de l’huile au feu d’une relation franco-algérienne déjà chaotique. Surtout depuis que le président Emmanuel Macron est allé à la niche, décrivant l’emprisonnement du Sansal comme «totalement arbitraire». Une intervention selon laquelle le pouvoir algérien, dans un excès de sensibilité bien établi, appelée «interférence inacceptable».

Cet échange tendu reflète la dégradation profonde des relations bilatérales, qui se sont accélérées l’été dernier lorsque Paris a déclenché une tempête diplomatique en soutenant ouvertement le plan d’autonomie pour le Sahara marocain, une ligne rouge pour Alger.

De plus, pour plusieurs observateurs, l’incarcération de Boualem Sansal est liée à ses remarques sur l’intégrité territoriale du Maroc, celui qui avait publiquement loué le pragmatisme marocain dans ce dossier. En effet, selon Le , le régime algérien critique particulièrement Sansal, dans son interview avec le site frontalier français, d’avoir notamment adopté la position marocaine affirmant que le territoire du royaume aurait été amputé au profit de l’Algérie pendant la colonisation française.

En cela, ce qui irrite précisément Alger, ce sont les succès diplomatiques obtenus par Rabat dans la gestion de la question du Sahara marocain, et qui entraînent de plus en plus de pays de la cause nationale. Le succès qui hante le régime algérien et semble l’avoir plongé dans une frénésie d’absurdités diplomatiques, au point de se discréditer sur la scène internationale. Succès qui se multiplient, légitimés par une vérité historique: la maroccanité du Sahara.

F. Ouraghli

 
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