Créé au TPR de La Chaux-de-Fonds par le réalisateur Nathalie Sandoz, «La visite de The Old Lady» honore ce classique du théâtre suisse signé Friedrich Dürrenmatt il y a 75 ans. La tournée de French-Paking commence à Vevey ce vendredi 24 janvier.
C’est le Bhoutan de Suisse. Index maximal de bonheur. À Güllen, c’est du champagne tous les soirs. Nous sautons une bouteille de Gü, le brut local, et nous nous félicitons d’être riches et en bonne santé. Güllen doit être quelque part entre les cantons Emimental, les cantons du lac Quatre ou celui de Zurich. Mais ne cherchez pas cette ville sur la carte. Il n’existe que dans l’imagination de l’écrivain Friedrich Dürrenmatt.
Au TPR de La Chaux-de-Fonds, tout Güllen est à la fête, c’est-à-dire les six interprètes sur le plateau, plus deux techniciens et le public. Cette foule joyeuse siffle du Gü et célèbre l’anniversaire de sa prospérité trouvée. Cette célèbre année où la ville a reçu un milliard de dons de la riche Claire Zahanassian, alias «notre chère Claire qui a grandi dans le village».
Pour sa mise en scène de «La visite de la vieille dame», la plus célèbre et la plus jouée des pièces de Dürrenmatt, Nathalie Sandoz a choisi d’ajouter cette introduction festive au présent. Une façon de tisser un lien entre cette histoire écrite il y a 75 ans et notre temps. La Suisse de notre monument littéraire suisse ne serait pas aussi différente de celle de l’après-guerre immédiate. L’appétit pour l’argent et les dilemmes moraux sont tout aussi d’actualité.
L’argent, comme nous l’avons dit, est un milliard. Et voici le dilemme moral: selon la négociation de Claire Zahanassian, cet argent sera payé à condition qu’Alfred Till – l’épicier de la ville et de son premier amant – soit tué. Un marché monstrueux, une vengeance implacable et la faillite morale de tous les Güllen, aspirées par ce flux d’argent promis.
Personne n’est innocent
Ponctué par des interludes électrostomables (c’est toujours la fête, à Güllen), la terrible fable de «la visite de la vieille dame» se déroule alors aussi près que possible du texte, de l’arrivée à la gare de Claire Zahanassian à Macabre.
-Nathalie Sandoz, cependant, propose un autre pas avec ce classique du théâtre: les rôles sont ici tous divisés entre les six interprètes; Que ce soit la vieille dame (symbolisée par le port d’un manteau de fourrure) ou de la maladie, qui avait autrefois abusé de Claire et a provoqué son bannissement du village. Un moyen d’affirmer que tout le monde est à son tour des victimes et des bourreaux. Et que dans ce cas de culpabilité partagée, il n’y aura pas de fin de l’histoire. Quelqu’un d’autre, un jour, plus tard, vengera à son tour la mort des malades et cela a honteusement gagné la fortune.
Un nouveau regard sur un classique
Créé à TPR par une équipe qui embrasse tout l’arc Jura, de Bienne à Genève, cette «visite de la vieille» convainc par l’énergie et la conviction de ses artistes: Antonio Buíl, Amélie Chérubin Soulières, Sandro de Feo, Shin Iglesiasi , Jean-Louis Johannides et Garance La Fata. Il offre également un nouveau look sur ce chef-d’œuvre théâtral que nous savions en Suisse francophone plus que la version masquée et fantastique d’Omar Porras et de sa troupe de Malandro, très réussie, mais jouée et rejouée pendant trente ans.
Thierry Sartoretti / SF
«La visite de la vieille dame» de Friedrich Dürrenmatt, a organisé Nathalie Sandoz, L’Oriental, Vevey, du 24 au 26 janvier; Théâtre Benno Besson, Yverdon-les-Bains, 30 janvier; Nebia, Bienne, 13 mars; Thétre des Osses, Givisez, du 27 mars au 12 avril 2025.