La grâce de Trump perçue comme une « insulte » et une « trahison »

Les procureurs de Washington abandonnent par dizaines les poursuites contre les accusés de l’assaut du Capitole toujours en attente de procès, après la mesure de grâce prise par Donald Trump, une « trahison » pour les policiers et les élus.

Le nouveau président a signé lundi soir à la Maison Blanche un décret graciant quelque 1.270 personnes déjà condamnées pour leur participation à l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

À cela s’ajoutent quatorze membres des mouvements d’extrême droite Oath Keepers et Proud Boys, dont les peines ont été commuées en peines de prison déjà purgées. Ce décret, qui « met fin à une grave injustice nationale infligée au peuple américain au cours des quatre dernières années » selon le texte, ordonne également l’extinction des poursuites en cours contre quelques centaines de personnes.

« Trahi par mon pays »

C’est ce sur quoi travaille depuis lundi soir devant le tribunal de Washington le nouveau procureur par intérim de la capitale fédérale, Ed Martin, juriste conservateur impliqué par le passé dans la défense des accusés de l’assaut du Capitole.

Qualifiant une nouvelle fois les prévenus d’« otages », Donald Trump a réaffirmé en signant le décret qu’ils avaient été « traités de manière très injuste ». « Les juges ont été absolument impitoyables. Les procureurs aussi », a-t-il insisté.

“J’ai été trahi par mon pays et par ceux qui ont soutenu Donald Trump”, a réagi sur CNN Michael Fanone, ancien membre de la police municipale de Washington, victime d’un arrêt cardiaque et d’un traumatisme crânien lors de la prise du Capitole.

“Six individus qui m’ont agressé alors que j’effectuais mon travail le 6 janvier, comme des centaines d’autres membres de la police, seront désormais libres”, a-t-il déploré.

“Réécrire l’histoire”

Condamnée dans cette affaire, Pam Hemphill, qui a exprimé ses regrets et purgé une peine de 2 mois de prison, a réitéré sur la même chaîne son refus de la grâce présidentielle.

“Ce serait une insulte à la police du Capitole et à l’Etat de droit”, a déclaré le septuagénaire. “J’ai plaidé coupable parce que j’étais coupable et on sait bien qu’ils sont tous coupables”, a-t-elle ajouté, dénonçant une “tentative de réécriture de l’histoire”.

« Les retombées [de ce décret] ça va être terrible », s’inquiète Pam Hemphill. « Ce sont des gens très dangereux », a-t-elle déclaré, citant des membres des Oath Keepers et des Proud Boys.

“Cette décision du président Trump est une honte nationale”, a également déclaré le sénateur démocrate Dick Durbin dans un communiqué. « Les Américains ont été témoins en direct et avec des détails horribles de cette violente profanation de notre Capitole. »

Une « journée d’amour »

Donald Trump a régulièrement minimisé la gravité de l’attentat du 6 janvier 2021, qualifiant cette date de « jour d’amour » et de « débordement d’affection » à son égard.

Ce jour-là, des centaines de ses partisans, échauffés par ses accusations infondées de fraude électorale, ont pris d’assaut le Capitole, pour tenter d’empêcher la certification de la victoire de son adversaire, Joe Biden.

Si certains élus républicains, dont les trumpistes les plus inconditionnels comme Marjorie Taylor Greene, ont accueilli cette grâce sans réserve, la plupart se sont montrés évasifs face aux journalistes.

D’autres se sont même distanciés de cette mesure qui profite à tous les participants à l’assaut du Capitole, y compris les plus violents, comme le sénateur républicain Thom Tillis.

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AFP

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