Ce sont surtout des tâches ennuyeuses ou répétitives que quatre salariés sur dix (39,8%) tentent parfois de confier à leurs collègues. Mais aussi ceux qui semblent trop difficiles (35,7%) ou encore tous ceux liés à l’informatique ou à l’administration (29%). Plus d’un quart des travailleurs (26,1 %) tentent également d’échapper aux obligations sociales, comme les événements de réseautage.
« Les employés sont plus performants lorsque la concurrence est serrée »
S’ils le font, c’est principalement parce qu’ils n’en ont pas envie (41,1%), qu’ils ne voient pas l’intérêt d’une tâche (34,3%) ou encore parce qu’elle ne leur apporte pas de valeur ajoutée (31,4%).
« Parfois, ces tâches ne sont pas réalisées pour de bonnes raisons aussi, selon les travailleurs : elles n’ont pas de sens, elles représentent trop de charge mentale ou empêchent de faire autre chose avec plus de valeur ajoutée… Réaliser ces tâches demande de l’énergie. Le travailleur opte alors pour les économies d’énergie… »indique Alice Arens, conseillère en prévention aspects psychosociaux chez Liantis. « Éviter des tâches n’est pas toujours fait consciemment. Mais cela peut aussi parfois constituer une forme de sabotage, estime Alice Arens. Mais il ne faut quand même pas négliger certaines tâches, surtout si le salarié est évalué sur celles-ci. “
Les jeunes sont davantage préoccupés par cette incompétence stratégique, révèle l’enquête. Alice Arens avance une hypothèse : « Les jeunes recherchent plus de sens à leur travail, ont un regard plus critique sur l’utilité de certaines tâches et acceptent moins l’autorité qui leur dit ce qu’ils doivent faire. » Le phénomène semble s’accentuer. « Les tâches se multiplient car nous sommes dans un monde de reporting, d’encodage, de justification… »
Autre phénomène observé : l’importance des tâches pour lesquelles on ne s’estime pas compétent. « C’est particulièrement le cas pour le codage où certaines personnes ne connaissent pas les outils informatiques pour le faire. Suivre une formation peut être une option.
Évaluez-les attentivement
Pour éviter ces situations, il est important qu’un employeur ou un manager identifie clairement ce qui stimule les salariés. Une tâche qui n’est pas évidente pour un collègue ou un consommateur d’énergie et qui peut s’avérer intéressante pour un autre. Ils peuvent être animés ou regroupés avec une personne possédant les compétences pour les réaliser. Certaines tâches peuvent ainsi être redistribuées. Cependant, si certaines tâches font partie du rôle, le salarié n’a pas toujours le choix. Le manager non plus, qui répartit les tâches au sein de son équipe.
6 conseils clés pour déléguer : « Cela fait partie des critères d’un bon manager »
Ils doivent également être évalués. Ces tâches sont-elles toujours essentielles ? « Pas nécessairement. Et si certaines tâches ne sont pas réalisées, cela n’a pas beaucoup d’impact. A l’inverse, certains peuvent avoir un impact sur d’autres collègues, sur l’équipe, sur l’entreprise elle-même sans que le travailleur en soit vraiment conscient. »note Alice Arens qui prend le cas d’un infirmier qui effectue des soins et doit ensuite enregistrer ses prestations. « Cela prend son temps alors qu’il a déjà trop peu de temps pour s’occuper de son patient. S’il sait que cette tâche lui permet d’obtenir des fonds par exemple ; il pourra y trouver plus de sens.
mouette« Nous avons tendance à voir le problème plus facilement chez les autres parce qu’il est difficile de le reconnaître chez nous-mêmes. »
Garder le silence
« Mais tout cela ne peut fonctionner que si tout le monde est conscient du problème et qu’on lève le tabou, qu’on en parle. Et tant que tout reste équilibré et que c’est une question de donnant-donnant, ce n’est pas forcément problématique. Mais, à partir du moment où un collègue a l’impression que son collègue délègue tout, il y a un problème.»» fit remarquer Alice Arens.
« C’est assez inédit » : télétravail et productivité, un retour de bâton ?
Selon l’étude, les trois quarts des travailleurs (75,1%) constatent cette « incompétence stratégique » chez leurs collègues. Un cinquième en est même témoin chaque semaine. Malgré cela, ils restent souvent silencieux : 31,1% déclarent effectuer simplement la tâche eux-mêmes pour éviter les conflits, 27,6% pour s’assurer que le travail sera effectué correctement et 19,2% font semblant de ne rien voir. Seuls 26,9% font appel au collègue en question et tentent de le convaincre de continuer à effectuer lui-même la tâche. « Nous avons tendance à voir le problème plus facilement chez les autres car il est difficile de le reconnaître chez nous. Il faut pour cela une bonne autocritique, souligne le conseiller de Liantis. Et puis si un salarié évoque ce problème chez un de ses collègues, d’autres risquent de lui signaler le même problème. Si le fait que ces tâches ne soient pas réalisées n’a aucun impact sur lui, il gardera le silence et peut-être aussi s’autorisera à ne pas en réaliser certaines. tâches… »