« Je trouve normal qu’on extorque des informations aux tueurs organisés » – Libération

« Je trouve normal qu’on extorque des informations aux tueurs organisés » – Libération
« Je trouve normal qu’on extorque des informations aux tueurs organisés » – Libération

Il l’avait déjà fait près de six décennies auparavant, avant de se rétracter. Le fondateur du Front national, Jean-Marie Le Pen, décédé le 7 janvier, avait reconnu en 2019 devant un journaliste avoir pratiqué la torture en Algérie, sans utiliser le mot, selon des propos publiés par le journal. le Vendredi. “Je trouve tout à fait normal, naturel, qu’on extorque des informations à des tueurs organisés”, a-t-il expliqué le 4 décembre 2019 au journaliste de MondeIvanne Trippenbach. «Je fais cela sous les ordres de mon capitaine. Nous prenons les risques liés à la guerre. a-t-il ajouté, lors d’un entretien enregistré à son domicile de Rueil-Malmaison.

Lors de cet entretien, l’ancien finaliste de l’élection présidentielle de 2002 a justifié ne pas être gêné par une telle pratique à l’encontre des personnes. “qui frappait à l’aveugle dans les restaurants, les bals, avec des bombes”. « Ce qui manquait, c’était plus que cela, qu’ils lèvent le doigt et disent : « et les droits de l’homme ? Ben oui, mais vous ne respectez pas les droits de l’homme, alors on va vous appliquer vos méthodes. Le gars doit vous dire où sont les bombes, c’est lui qui fixera la durée de son calvaire. Nous ne faisons pas ça pour nous amuser. S’il parle, son malheur s’arrête. avait-il dit.

L’ancien militaire du 1er Régiment étranger de parachutistes (REP) de la Légion étrangère avoué en novembre 1962 dans le journal Combat avoir “torturé parce que cela devait être fait” à Alger en 1957, avant de publier un démenti, et au fil des années de contester s’être livré à de telles pratiques. Accusations de torture étayées par diverses enquêtes, et “une quinzaine” de témoignages recueillis de 1957 à 2002, selon l’historien Fabrice Riceputi, auteur en janvier 2024 du livre Le Pen et la torture.

« Les tortures et les exécutions sommaires ont été très nombreuses »

Suite au décès du fondateur du FN, l’historien Benjamin Stora a réaffirmé lors d’un entretien le 8 janvier sur Info qu’il était possible que Jean-Marie Le Pen ait torturé lors de la bataille d’Alger, citant les témoignages recueillis par le journaliste de MondeFlorence Beaugé, en 2002, tout en soulignant que Jean-Marie Le Pen “n’était qu’un de ceux qui ont mené la bataille d’Alger”. « Ce n’est pas un décideur, un décideur politique de la bataille d’Alger, ce sont d’autres décideurs qui sont importants à mes yeux et qui restent importants. Ce sont ceux qui étaient au pouvoir, Robert Lacoste et François Mitterrand notamment, qui étaient issus de la gauche socialiste. […] François Mitterrand était garde des Sceaux […] au moment de la bataille d’Alger […] quand les tortures et les exécutions sommaires étaient très nombreuses», estime Benjamin Stora.

Entretien avec Fabrice Riceputi

Jean-Marie Le Pen est décédé ce mardi 7 janvier, à l’âge de 96 ans, et doit être inhumé ce samedi à La Trinité-sur-Mer (Morbihan). Les obsèques ont débuté en début d’après-midi, en présence de Marine Le Pen et de quelques proches. De nombreuses forces de police ont été déployées dans la commune d’environ 1 800 habitants. Une centaine d’entre eux, dont un escadron de gendarmes mobiles, ont été mobilisés pour éviter tout débordement.

 
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