Greta Peisch, ancienne avocate générale du bureau du représentant américain au commerce, affirme que le prochain président pourrait utiliser la loi fédérale américaine autorisant la Maison Blanche à réglementer le commerce après avoir déclaré une urgence nationale, l’EEPA.
“Quand nous regardons les liens que le président élu fait entre l’imposition de droits de douane et des questions comme le fentanyl et la sécurité des frontières, nous voyons qu’il n’a pas expliqué comment il exercera son autorité, mais il est plus probable qu’il utilise l’IEEPA, » souligne-t-elle.
Cette loi donne au président le pouvoir de contrôler toutes les transactions commerciales après avoir déclaré l’état d’urgence. Aucun président ne l’a encore fait, mais Richard Nixon a utilisé une loi similaire, le Trading with the Enemy Act, pour imposer brièvement un droit de douane de 10 % sur tous les biens importés aux États-Unis.
“C’est la nouvelle arme dans l’arsenal des tarifs douaniers”, estime Mme Peisch.
M. Trump connaît cette loi. Il avait menacé de l’utiliser contre le Mexique lors de son premier mandat si ce pays ne contrôlait pas l’immigration clandestine à la frontière.
«Il n’était finalement pas obligé de le faire, car un accord avait été trouvé», rappelle l’avocat.
Mme Peisch souligne qu’il existe d’autres moyens pour M. Trump de s’imposer des droits de douane. Elle cite en exemple une clause du Trade Act de 1974. Le président l’a utilisé pour imposer des droits de douane à la Chine lors de son premier mandat ou encore le Trade Expansion Act qui permettait d’imposer des tarifs douaniers à la Chine. Acier et aluminium canadiens.
L’ACEUM conclu pendant le premier mandat de M. Trump ne protégera pas le Canada et le Mexique contre les ambitions protectionnistes. L’accord permet à chaque signataire de prendre les mesures nécessaires pour la sécurité nationale, a déclaré Peisch.
Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé d’imposer de nouveaux droits de douane au Mexique et au Canada dès son entrée en fonction si ces deux pays n’empêchent pas l’arrivée de drogues et de migrants illégaux aux États-Unis.
Le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu à Mar-a-Lago, la résidence de M. Trump, et a promis d’investir dans la sécurité des frontières. Malgré cela, le président élu a déclaré qu’il avait toujours l’intention d’imposer des droits de douane.
Le président élu est même allé plus loin en déclarant que le Canada pourrait devenir le 51e État américain, suggérant cette semaine qu’il pourrait utiliser la « force économique » de son pays pour y parvenir.
M. Trudeau a répondu en affirmant que « jamais, au grand jamais, le Canada ne ferait partie des États-Unis ».
Les autorités canadiennes tentent de trouver un moyen de contrer le président élu.
«Nous devons être prêts», a déclaré vendredi la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly avant une réunion du comité ministériel sur les relations canado-américaines. Le gouvernement envisage des mesures de représailles si M. Trump mettait à exécution ces menaces.
Wolfgang Alschner, spécialiste du droit économique international à l’Université d’Ottawa, affirme que les menaces américaines actuelles sont d’un ordre différent des précédents conflits commerciaux entre le Canada et les États-Unis.
Selon lui, on pourrait parler de « coercition économique » de la part des futures autorités américaines.
« Les États-Unis veulent utiliser des moyens économiques pour réaliser des gains non économiques. C’est la définition de la coercition économique. Ce n’est pas quelque chose que nous avons vu lors du premier mandat de M. Trump.»