“Le monde réel” souffrira de la décision du patron de Meta de mettre fin au programme de fact-checking aux Etats-Unis, a prévenu un réseau international de fact-checking, peu avant que l’ONU et le Conseil de l’Europe ne s’alarment également.
Le Réseau international de vérification des faits (IFCN) a fait cette déclaration jeudi, deux jours après l’annonce dramatique de Mark Zuckerberg.
L’IFCN a également rejeté comme « faux » l’argument de justification avancé par le fondateur et patron de Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) selon lequel la vérification des informations « était politiquement orientée » et aboutissait à « trop de censure ».
Si Meta généralisait au monde entier sa décision, qui ne concerne pour l’instant que les Etats-Unis, cela aurait des conséquences dramatiques, a prévenu le réseau international qui regroupe plus de 130 organisations, dont l’AFP.
“Cela entraînera presque certainement des dommages au monde réel dans de nombreux endroits”, a déclaré le réseau.
Parmi plus de 100 pays dotés d’un programme de vérification des faits, certains sont « très vulnérables à la désinformation qui provoque une instabilité politique, des ingérences dans les élections, des violences de masse et même des génocides », explique l’IFCN.
– « Expression libre » –
Le réseau international de vérification des faits a également rejeté les allégations de « censure » de Mark Zuckerberg.
“C’est faux et nous voulons rétablir la vérité, tant pour le contexte actuel que pour l’Histoire”, a réagi l’IFCN.
Mark Zuckerberg a justifié sa décision mardi par son souci de “restaurer la libre expression sur (ses) plateformes”, comme le retour, le 20 janvier, à la Maison Blanche de Donald Trump, qui critiquait durement Facebook depuis des années.
L’annonce du patron de Meta a suscité l’émoi de l’Europe à l’Australie, et même à l’ONU.
Le Brésil a ainsi ordonné vendredi au groupe californien d’expliquer sous 72 heures les conséquences de son revirement pour ce pays, exigeant que les “droits fondamentaux” des citoyens sur les plateformes soient protégés.
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a affirmé vendredi que réglementer les contenus haineux en ligne “ne constitue pas une censure”, et que les autoriser “a des conséquences concrètes”.
A Strasbourg, le Conseil de l’Europe s’est également préoccupé vendredi des risques de « conséquences négatives pour les droits de l’homme ».
« Combattre les mensonges et empêcher la diffusion de messages violents ou haineux n’est pas de la censure. Il s’agit d’un engagement à protéger les droits de l’homme », a insisté son commissaire aux droits de l’homme, Michael O’Flaherty.
L’administration Biden a refusé de commenter la question vendredi.
– « Pente glissante » –
Mark Zuckerberg est de son côté revenu sur sa décision sur le podcast conservateur de Joe Rogan.
En 2016, après la première élection de Donald Trump, « j’ai accordé trop de crédit aux nombreuses personnes dans les médias qui disaient, en gros, que ce type n’aurait pas pu être élu sans la désinformation+ », a-t-il déclaré dans une longue interview. mis en ligne vendredi.
Il a accusé les partenaires médiatiques d’être « partiaux » en choisissant trop souvent de vérifier les contenus politiques, et a même fait une comparaison avec le livre de George Orwell, 1984, sur un monde dystopique où le gouvernement réécrit l’histoire.
“C’est vraiment une pente glissante, et on a fini par dire que ça détruisait la confiance, notamment aux Etats-Unis”, a-t-il assuré.
Au lieu de vérifier les faits, Meta introduira des « notes communautaires », qui permettront aux utilisateurs d’ajouter eux-mêmes du contexte, comme sur le réseau social X d’Elon Musk. Le milliardaire lui-même accuse depuis des années les programmes de vérification de « censurer » les voix conservatrices.
Facebook utilise des vérifications des faits auprès d’environ 80 organisations à travers le monde.
L’Agence - est en première ligne à l’échelle mondiale. Il participe dans plus de 26 langues au programme Meta qui rémunère ces médias. « Nous évaluons actuellement la situation », indique la direction de l’agence.
Alors qu’une vague massive de désinformation inondait la planète, la vérification des faits est devenue un format journalistique à part entière.
Elle s’est développée au début des années 2000 aux Etats-Unis grâce à Internet et sous l’impulsion de médias soucieux de confronter la parole des personnalités politiques à la réalité, comme le site PolitiFact.
Correction des chiffres en direct à la télévision, articles en ligne barrés avec les mots vrai ou faux… la méthode s’est répandue dans le monde entier, jusqu’au basculement intervenu en 2016 avec l’élection de Donald Trump et le Brexit.
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