En 2024, le monde a dépassé le seuil de 1,5°C de réchauffement moyen

En 2024, le monde a dépassé le seuil de 1,5°C de réchauffement moyen
En 2024, le monde a dépassé le seuil de 1,5°C de réchauffement moyen

(Paris) Les deux dernières années ont dépassé en moyenne la limite de 1,5°C de réchauffement fixée par l’accord de Paris, signe d’une hausse continue des températures sans précédent dans l’histoire moderne, selon l’Observatoire européen Copernic.


Publié à 22h21

Mis à jour à 22h36

Julien MIVIELLE et Nick PERRY

Agence -

Comme prévu depuis des mois, et désormais confirmé par toutes les températures jusqu’au 31 décembre, 2024 a bien été l’année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850, a confirmé le Service du changement climatique (C3S) de Copernic.

2025 ne devrait pas être une année record, mais le Bureau météorologique britannique a prévenu que cette année devrait être l’une des trois plus chaudes enregistrées sur la planète.

En 2025, année marquée par le retour au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis, les pays doivent également annoncer leurs nouvelles feuilles de route climat, mises à jour tous les cinq ans dans le cadre de l’accord de Paris. Mais la réduction des gaz à effet de serre marque le pas dans certains pays riches : seulement -0,2% aux Etats-Unis l’an dernier, selon un rapport indépendant.

Selon Copernic, la seule année 2024, mais aussi la moyenne des deux années 2023-2024, a dépassé 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, avant que l’utilisation massive du charbon, du pétrole et du gaz fossile ne modifie profondément le climat.

Cela ne signifie pas pour autant que la limite la plus ambitieuse de l’accord de Paris – observée depuis au moins 20 ans – a été franchie, rappelle Copernic.

Mais « cela souligne le fait que les températures mondiales augmentent au-delà de ce que les humains modernes ont connu ». En effet, le réchauffement actuel du climat n’a pas été observé depuis au moins 120 000 ans, selon les scientifiques.

” Avertissement ”

Il s’agit d’un “sérieux avertissement”, juge Johan Rockström, directeur de l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique (PIK).

“Nous avons eu un avant-goût d’un monde à 1,5°C, avec des souffrances et des coûts économiques sans précédent pour les populations et l’économie mondiale, en raison d’événements extrêmes provoqués par l’homme comme les sécheresses, les inondations, les incendies et les tempêtes”, a-t-il déclaré à l’AFP.

Derrière ces chiffres se cachent déjà une série de catastrophes exacerbées par le changement climatique : 1 300 morts en juin lors des chaleurs extrêmes lors du pèlerinage à La Mecque, inondations historiques en Afrique de l’Ouest et centrale, violents ouragans aux États-Unis et dans les Caraïbes. …

Et aujourd’hui les incendies de Los Angeles, « les plus dévastateurs » de l’histoire de la Californie, selon les mots du président Joe Biden.

Sur le plan économique, les catastrophes naturelles ont causé 320 milliards de dollars de pertes dans le monde l’année dernière, selon le réassureur Munich Re.

Contenir le réchauffement à 1,5°C plutôt qu’à 2°C – la limite supérieure de l’accord de Paris – limiterait considérablement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le GIEC, les experts climat mandatés par l’ONU.

“Chaque année de la dernière décennie a été l’une des dix années les plus chaudes jamais enregistrées”, prévient Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S chez Copernicus.

Les océans, qui absorbent 90 % de l’excès de chaleur provoqué par l’humanité, ont également continué à surchauffer. La moyenne annuelle de leurs températures de surface – hors zones polaires – a atteint le niveau inédit de 20,87°C, battant le record de 2023.

« Entre nos mains »

Outre les impacts immédiats des canicules marines sur les coraux ou les poissons, cette surchauffe durable des océans, principal régulateur du climat terrestre, affecte les courants marins et atmosphériques.

Les mers plus chaudes libèrent davantage de vapeur d’eau dans l’atmosphère, fournissant ainsi de l’énergie supplémentaire aux typhons, ouragans ou tempêtes.

Copernicus rapporte que le niveau de vapeur d’eau dans l’atmosphère a atteint un niveau record en 2024, se situant environ 5 % au-dessus de la moyenne 1991-2020.

Mais l’année dernière a vu la fin du phénomène naturel El Niño, qui induit un réchauffement climatique et une multiplication de certains événements extrêmes, et une transition vers des conditions neutres ou le phénomène inverse, La Niña.

L’Organisation météorologique mondiale avait déjà prévenu en décembre que ces dernières seraient « courtes et de faible intensité » et insuffisantes pour compenser les effets du réchauffement.

« L’avenir est entre nos mains – une action rapide et décisive peut toujours dévier la trajectoire de notre climat futur », souligne Carlo Buontempo, directeur du changement climatique de Copernicus.

La COP29 de Bakou, dernière grande conférence de l’ONU sur le climat, a à peine fixé un nouvel objectif en novembre pour le financement climatique, mais est restée quasiment silencieuse sur les ambitions de réduction des gaz à effet de serre, et notamment la sortie des énergies fossiles.

 
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