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l’article à lire pour comprendre cette affaire d’Etat

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Fin 2007, alors que la s’apprêtait à recevoir en grande pompe le dictateur libyen Mouammar Kadhafi, le secrétaire d’État aux Droits de l’Homme, Rama Yade, fulminait et parlait de “baiser de la mort”. Elle ne pense pas qu’elle le dit si bien. En mars 2011, quelques temps avant son exécution par les rebelles, le colonel Kadhafi largue une petite bombe : c’est grâce à son argent que Nicolas Sarkozy aurait remporté l’élection présidentielle. Quatorze ans plus tard, l’ancien président et 12 autres accusés comparaissent dans l’affaire de financement présumé par la Libye de la campagne pour l’élection présidentielle de 2007 qu’il a remportée.

Le procès, qui s’ouvre lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris, décortiquera pendant quatre mois ce « pacte de corruption » conclu, selon le parquet, entre l’ancien candidat UMP et le très riche guide suprême libyen. . Au terme de dix années d’enquête, les juges ont jugé les charges suffisantes pour accréditer ce scénario digne d’un roman d’espionnage.

Comment a éclaté cette affaire ?

Les accusations lancées par Mouammar Kadhafi, puis son fils Seif al-Islam au moment de la chute du régime libyen en 2011, se précisent l’année suivante. Le 28 avril 2012, entre les deux tours de l’élection présidentielle, Mediapart publie un document officiel libyen, daté de décembre 2006. Il concerne un accord de financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, en 2007, à hauteur de 50 millions d’euros. La même année, des témoignages viennent appuyer cette thèse. Le 3 mai 2012, l’ancien Premier ministre libyen Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, affirmait à son tour, selon des propos rapportés par ses avocats tunisiens, que la Libye avait bien financé l’accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

En décembre, l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine enfonçait le clou. Lors d’un interrogatoire dans le cadre du volet financier de l’affaire Karachi – dans laquelle il a été condamné en première instance, en 2020, à cinq ans de prison – cet intermédiaire affirme avoir transporté trois valises de billets, totalisant 5 millions d’euros, entre la fin de 2006 et début 2007. Les récipiendaires, selon lui ? Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, son directeur de cabinet, au ministère de l’Intérieur. Le 19 avril 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X.

Dans quelles circonstances le prétendu « pacte de corruption » a-t-il été conclu ?

Pour l’accusation, le pacte secret avec Mouammar Kadhafi a été conclu le 6 octobre 2005, sous la tente du dictateur à Tripoli. Officiellement, la visite de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, est consacrée à l’immigration clandestine. Comme il l’a confié lors de l’enquête, l’ambassadeur de France de l’époque, Jean-Luc Sibiude, se souvient d’un entretien anormalement long – 30 minutes, selon le rapport de l’AFP publié ce jour-là. Malgré les demandes des juges, l’interprète qui a traduit pour Nicolas Sarkozy n’a pas voulu trahir son serment.

L’enregistrement de cette conversation, très probable étant donné que Mouammar Kadhafi enregistrait systématiquement ses rencontres avec ses visiteurs, selon plusieurs témoignages recueillis au cours de l’enquête, n’a jamais été retrouvé. A-t-il été détruit pendant la guerre ou volé et conservé comme monnaie d’échange ? C’est l’une des zones grises de cette question.

Quelles étaient les récompenses négociées, selon l’accusation ?

Selon les juges d’instruction, plusieurs considérations ont été négociées dans le cadre de ce pacte. Diplomatique d’abord : mis au ban de la scène internationale dans les années 1980 pour son implication dans les attentats, Mouammar Kadhafi a négocié son retour sur la scène internationale. Pour l’accusation, son invitation à Paris en décembre 2007, au grand désarroi de certains membres du gouvernement de l’époque et des familles des victimes du terrorisme, est une manière de redorer son blason.

Parallèlement, des compensations économiques ont été identifiées par les magistrats, avec la signature de contrats d’envergure entre les deux pays, notamment dans les domaines du nucléaire civil et du renseignement. La société française Amesys a ainsi fourni du matériel d’écoute et de surveillance au régime.

Des homologues judiciaires, enfin : selon le parquet, Nicolas Sarkozy a promis de lever le mandat d’arrêt visant Abdallah Senoussi, le chef des renseignements militaires libyens, condamné à perpétuité par contumace par la justice française pour son rôle dans l’attentat contre le DC-10 de la société française UTA, qui a fait 170 morts, dont 54 Français, en septembre 1989. Plusieurs proches des victimes seront parties civiles au procès. Même si cette contrepartie, comme d’autres, «resté en état de promesse»les juges considèrent que le délit de corruption est caractérisé.

Qui sont les 12 autres accusés dans cette affaire ?

Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir permis « parfaite connaissance des faits » ses proches pour récupérer l’argent. Quatre membres de sa garde rapprochée de l’époque ont donc été renvoyés à ses côtés, dont d’anciens ministres. Claude Guéant and Brice Hortefeux. Ce dernier, selon les juges, “organisé” et reçu « transferts de fonds » de Libye, via notamment l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine. Entre mars et juillet 2007, Claude Guéant s’est rendu à sept reprises dans un coffre-fort à taille humaine loué chez BNP Paribas. Il est également accusé d’enrichissement personnel via une vente fictive de deux tableaux, volet dans lequel sont référés quatre prévenus.

L’ancien trésorier de la campagne 2007, Éric Woerth, est quant à lui soupçonné d’avoir fait circuler du cash au sein de l’équipe du candidat UMP. Pour sa défense, il a affirmé que ces primes, estimées à 250 000 euros par le parquet, provenaient de “dons anonymes” reçu par courrier. Une version contredite par des témoins qui ont évoqué l’existence d’une armoire contenant des liasses de billets au QG de campagne de Nicolas Sarkozy.

Aux côtés Ziad Takieddine apparaît Alexandre Djouhri, un autre intermédiaire non officiel. Les deux hommes, proches des réseaux de droite français, mais en concurrence, ont travaillé chacun séparément pour canaliser l’argent libyen, avant et après l’élection de Nicolas Sarkozy. Du côté libyen, seul le financier du régime, Bachir Saleh, est déféré à la justice française en raison de son « rôle central ». Selon les juges, il «connaissait les sommes exactes versées aux Français» et a été exfiltré à Paris après la chute du régime, en échange de son silence, avant d’être envoyé au Niger puis en Afrique du Sud. Sous réserve d’un mandat d’arrêt, il devrait être jugé en son absence.

Quels sont les éléments en charge et en décharge ?

Après les premières accusations de Mouammar Kadhafi, sept anciens dignitaires libyens ont attesté de ce « pacte de corruption », même si aucun d’entre eux n’en a été témoin direct. L’ancien ministre du Pétrole Choukri Ghanem, retrouvé noyé dans le Danube, à Vienne, au printemps 2012, mentionne par exemple dans un de ses carnets, le 29 avril 2007, trois versements destinés à Nicolas Sarkozy, totalisant moins 6,5 millions d’euros. euros. Selon différents témoignages recueillis, deux canaux de financement ont été identifiés : du cash donné par le financier du régime libyen, Bachir Saleh, et des transferts effectués via des comptes offshore sur instructions d’Abdallah Senoussi, le chef du renseignement militaire libyen. Les investigations ont ainsi pu mettre en évidence des transferts d’argent, dont 6,5 millions d’euros versés en trois fois sur un compte de Ziad Takieddine, du Trésor public et des services de renseignement libyens, entre janvier et novembre 2006.

En défense, les magistrats n’ont pas pu déterminer le montant total des sommes finalement remises et ont reconnu un manque de « des preuves irréfutables » évoquant « des décaissements d’espèces dans une temporalité et une chronologie compatibles avec une utilisation cachée lors de la campagne électorale de 2007 ». “En matière économique et financière, il n’y a aucune preuve”ont souligné les juges d’instruction, qui défendent la méthode de « paquet d’indices ». Et admettre que“Aucun transfert monétaire n’a été effectué vers Nicolas Sarkozy” et ça“pas d’enrichissement personnel” de ce dernier n’a pas été révélé, “contrairement à ce qui a été observé pour Claude Guéant ou Ziad Takieddine”.

Quelle est la ligne de défense de l’ancien président ?

Après la publication du document incriminé par Mediapart en 2012, Nicolas Sarkozy a immédiatement dénoncé “faux grossier” et a porté plainte contre le site d’enquête. La procédure s’est soldée par un non-lieu, définitif en 2019. L’ancien président de la République persiste à dire que cette affaire est un “fable”. Si ce financement avait existé « si massivement », « Pourquoi n’y a-t-il aucune preuve de cela ? Pas même un début ? a-t-il déclaré lors d’un interrogatoire. “Vous n’avez rien trouvé sur moi.”il a ajouté. Comme ses avocats l’ont souligné aux juges lors de l’instruction, les investigations avec les prestataires de la campagne de 2007 dans le cadre de l’affaire Bettencourt – pour laquelle leur client a obtenu un non-lieu – n’ont pas révélé “pas d’anomalie”.

Selon la défense de Nicolas Sarkozy, les accusations de Mouammar Kadhafi puis de ses partisans s’inscrivent dans le cadre d’une “vengeance” après la reconnaissance par l’ancien président français du Conseil national de transition libyen en mars 2011, puis de son rôle actif dans le déclenchement de l’opération de coalition contre le régime. « Aucun autre chef d’État, y compris les plus impliqués dans le conflit, n’a subi la moindre accusation de la part du régime »s’opposer aux juges, rejetant ainsi la thèse d’un “machination” Libyen. Quant à l’autre ligne de défense, celle d’un “arnaque” créé par Ziad Takieddine pour “faire croire” à Mouammar Kadhafi que Nicolas Sarkozy « a demandé son aide financière » pour « capter les fonds alloués »les magistrats le considèrent « tout simplement invraisemblable ».

Pourquoi le principal accusateur, Ziad Takieddine, s’est-il un temps rétracté ?

C’est l’une des astuces de tout cela. Le 11 novembre 2020, malgré les accusations du clan Sarkozy le visant, Ziad Takieddine, en fuite au Liban, blanchit Nicolas Sarkozy dans les médias français et accuse l’ancien juge d’instruction en charge du dossier, Serge Tournaire, d’avoir dénaturé son opinion. mots. Entendu à Beyrouth quelques mois plus tard par des juges français, le 14 janvier 2021, l’homme d’affaires polyvalent incrimine une nouvelle fois l’ancien chef de l’Etat, assurant qu’on lui a proposé “des millions d’euros” en échange de cette rétractation.

La justice soupçonne 10 protagonistes d’avoir participé à cette opération baptisée « Sauver Sarkozy ». Parmi ces personnes, la reine des paparazzi Mimi Marchand et l’intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie. Une information judiciaire a été ouverte en juin 2021 pour subornation de témoin et association de malfaiteurs. Nicolas Sarkozy et son épouse Carla Bruni-Sarkozy ont été mis en examen dans cette affaire.

Quels sont les enjeux juridiques de ce procès ?

Elles sont lourdes, notamment pour Nicolas Sarkozy, qui arrive à l’audience avec un dossier. Sa peine d’un an de prison sous bracelet électronique pour corruption dans l’affaire Bismuth est devenue définitive le 18 décembre et il doit être convoqué ultérieurement pour déterminer les modalités de son bracelet. Il a également écopé d’un an de prison, dont six mois, dans l’affaire Bygmalion. La Cour de cassation se prononcera en 2025 sur cette condamnation, qui concerne ses dépenses de campagne, mais cette fois pour l’élection perdue de 2012. Une affaire non sans écho avec l’affaire libyenne. “On peut raisonnablement estimer que l’excédent” de 20 millions d’euros en 2012 « existait aussi en 2007, mais il était financé par des apports extérieurs, dont le principal aurait pu être de l’argent libyen »ont estimé les juges d’instruction. Dans le procès du financement libyen, Nicolas Sarkozy risque, comme la majorité des prévenus, dix ans de prison et 375 000 euros d’amende. Le tribunal peut également le priver de ses droits civils et lui interdire d’exercer des fonctions publiques.

 
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