L’horrible tragédie du jeune Diary Sow, une fillette de seulement 12 ans arrachée à la vie de manière violente et cruelle, est un rappel effrayant de l’urgence d’agir contre la violence contre les femmes et les enfants au Sénégal.
Nous assistons à une augmentation inquiétante des cas de viols, de féminicides et d’abus sexuels, souvent perpétrés dans une culture d’impunité et de silence. Ces crimes, loin d’être des cas isolés, sont les symptômes d’un système défaillant qui abandonne ses victimes et laisse prospérer les criminels. Diary Sow, Awa et tant d’autres méritent justice.
La mort de Diary doit être un choc pour notre société.
Voici quelques recommandations pour lutter contre ces fléaux systémiques :
1. Renforcer la législation et sa stricte application
Créer une loi spécifique aux violences sexuelles, avec des peines plus lourdes pour les crimes contre les enfants.
Établir un registre national des délinquants sexuels et violeurs d’enfants, accessible aux autorités et institutions concernées.
Appliquer des sanctions exemplaires, sans exception, aux personnalités religieuses, communautaires ou politiques impliquées dans des abus.
2. Mettre en place un système de prévention efficace
Introduire des programmes d’éducation sexuelle et de sensibilisation dans les écoles pour enseigner aux enfants leurs droits et les moyens de se protéger.
Former les enseignants, les parents et les communautés à détecter et signaler rapidement les abus.
Mettre en place une ligne d’urgence pour signaler les abus, accessible à toutes les victimes ou témoins.
3. Apporter un soutien immédiat et à long terme aux victimes
Créer des centres d’accueil d’urgence pour les victimes de violences, offrant un soutien médical, psychologique et juridique gratuit.
Garantir que toutes les victimes d’abus aient accès aux soins médicaux, notamment en cas de grossesses précoces dues à un viol.
Fournir une prise en charge psychologique spécialisée et durable aux victimes et à leurs familles.
4. Mobiliser la société civile et demander des comptes aux autorités
Lancer une campagne nationale pour sensibiliser à la culture du viol et encourager un changement de mentalité.
Impliquer les leaders communautaires et religieux dans la lutte contre les abus et les sensibiliser à leurs responsabilités.
Exiger des autorités des rapports réguliers sur les mesures prises pour lutter contre les violences sexuelles.
5. Améliorer les conditions de vie des enfants vulnérables
Renforcer la surveillance des daaras et autres institutions religieuses, avec des inspections régulières et des sanctions en cas d’abus.
Mettre en œuvre des politiques sociales pour protéger les enfants issus de milieux défavorisés et réduire leur vulnérabilité aux abus.
Offrir des formations professionnelles aux femmes et aux filles afin de les rendre autonomes et moins exposées à la violence.
6. Renforcer les capacités judiciaires et policières
Former les forces de l’ordre à traiter les cas de violence sexuelle avec professionnalisme, respect et empathie.
Mettre en place des tribunaux spécialisés pour juger rapidement les cas de violences sexuelles.
Assurer la protection des témoins et des victimes lors des procédures judiciaires.
Une responsabilité collective
La société ne peut plus se contenter d’être temporairement scandalisée avant de passer à la prochaine tragédie. Les autorités, les organismes communautaires, les mouvements féministes et tous les citoyens doivent travailler ensemble pour construire une société qui refuse la banalisation de la violence contre les femmes et les enfants.
Diary Sow et toutes les autres victimes ne devraient pas être de simples noms sur une liste noire. Leur mémoire doit être l’étincelle d’un changement radical et durable. Il est temps d’agir.
Diabou Bessane Diouf