Ce sera donc bien pour le 23 février. Frank-Walter Steinmeier, le président de l’Allemagne, a annoncé ce vendredi 27 décembre la dissolution du Parlement, ouvrant la porte à des élections législatives anticipées. Cette décision était attendue après l’implosion de la coalition gouvernementale du chancelier Olaf Scholz et le vote de confiance perdu par cette dernière.
Les élections législatives se tiendront donc dimanche 23 février, date qui était déjà évoquée depuis la chute du gouvernement. «La stabilité politique en Allemagne est à juste titre un grand atout»a déclaré Frank-Walter Steinmeier lors d’un discours. Cette campagne, avancée de sept mois par rapport à la date initialement prévue, s’inscrit dans la grave crise que traverse la première économie européenne, autrefois modèle de stabilité politique, au moment même où son partenaire privilégié au sein de l’UE, la France , est également fragilisé par l’absence de majorité parlementaire. « Surtout dans les moments difficiles comme aujourd’hui, la stabilité nécessite un gouvernement efficace et des majorités fiables au Parlement »a déclaré Frank-Walter Steinmeier, responsable essentiellement honoraire mais garant des institutions du pays.
La coalition gouvernementale disparate a implosé le 6 novembre, après le limogeage du ministre libéral des Finances en raison de divergences insurmontables sur la politique économique et budgétaire. Olaf Scholz dirige depuis un gouvernement minoritaire entre son parti social-démocrate (SPD) et les Verts, dont l’action législative est paralysée.
Scholz loin d’être favori
Malgré son impopularité chronique et l’échec de sa coalition, Olaf Scholz, l’imperturbable leader social-démocrate, veut croire en ses chances d’un second mandat. A ce stade, les sondages lui donnent peu d’espoir et l’Allemagne se dirige vers une alternance politique avec le camp conservateur CDU/CSU, mené par Friedrich Merz, et donné un large vainqueur, avec 30% à 33% des intentions de vote. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est crédité de 17% à 19,5%, mais les autres partis excluent toute coopération avec lui. Le SPD obtiendrait 15 à 17 % des voix, les Verts 11,5 à 14 %.
Pourtant, le chancelier a déjà prouvé sa capacité à déjouer les pronostics en remportant les élections en 2021. Et il veut réitérer la performance en rassurant par son expérience dans un contexte géopolitique mondial tourmenté et plongé dans l’inconnu par l’élection de Donald Trump. Les sociaux-démocrates ne perdent pas une occasion de souligner l’inexpérience de Friedrich Merz, jusqu’alors mis sur la touche par l’ancienne chancelière Angela Merkel (entre 2005 et 2021) et qui n’a jamais occupé de poste ministériel. ou le maire.
Si la guerre en Ukraine doit jouer un rôle important dans les débats, la campagne devra d’abord « s’articuler autour d’enjeux économiques et sociaux », estime Claire Demesmay, chercheuse associée au centre Marc-Bloch de Berlin. L’Allemagne est « criblé de doutes, le modèle allemand est en crise », souligne le chercheur.