C’est l’un des rares points positifs de cette sombre année agricole 2024, aux prises avec une accumulation de chocs climatiques, sanitaires, économiques, géopolitiques et politiques, n’épargnant quasiment aucun secteur et fragilisant de nombreuses exploitations agricoles. Dans le secteur de l’élevage, les ruminants sont soumis aux ravages des maladies à transmission vectorielle telles que la FCO et la MHE, que la vaccination permettra de juguler lentement, sans éliminer la menace. C’est aussi la vaccination qui sauvera en grande partie les filières des œufs, de la viande et du foie gras de l’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP).
La maladie, devenue endémique sous l’effet du changement climatique (comme le FCO et le MHE), a décimé ces cinq dernières saisons des dizaines de millions de canards et de volailles, abattus principalement à titre préventif, généré plus de 2 milliards d’euros d’indemnisation, traumatisé des milliers de personnes. des éleveurs et fait peser un risque existentiel sur les filières œufs, poulets de chair et foie gras, en raison de la contamination des couvoirs et des élevages d’éleveurs.
Un chantier ouvert en janvier 2022
C’est en janvier 2022 que Julien Denormandie, alors ministre de l’Agriculture, ouvre les travaux de vaccination des volailles, en décrétant une expérimentation et en déployant des efforts de diplomatie sanitaire, au sein de l’UE et au sein de l’Organisation mondiale de la santé animale (WHOA), dans le but de présenter toutes les garanties sanitaires à nos partenaires communautaires et commerciaux. Quelques mois plus tard, l’expérimentation s’avérera concluante tandis que l’OMSA validera les protocoles et les garanties présentés par les autorités sanitaires françaises.
Les premières injections en octobre 2023
Les premières injections sont administrées en octobre 2023. La vaccination est obligatoire pour les élevages détenant plus de 250 individus (Barbarie, Mulard et Pékin) dont les produits (viande et foie gras) sont destinés à la commercialisation. Quelque 62 millions de canards bénéficieront d’une double injection pour un coût de 96 millions d’euros, pris en charge à 85% par l’Etat. Une injection quasiment indolore comparée aux compensations générées par les épizooties de ces dernières années. Résultat de la course audacieuse contre l’IAHP : seuls 10 foyers seront détectés en élevage lors de la saison 2023-2024, contre 400 en 2022-2023 et 1400 en 2012-2022. Les différentes filières reprennent espoir et la production avance.
En octobre 2024, le ministère de l’Agriculture reproduit la stratégie à l’identique, avec un taux de couverture de 70 % du coût de la vaccination. Le 19 décembre, la France s’est déclarée indemne de grippe aviaire, une situation inédite dans une période à haut risque, résultant de la surveillance épidémiologique du virus, des mesures de biosécurité et de la stratégie vaccinale. Quelques mois plus tôt, à la veille de l’hiver, la France était indemne de grippe aviaire, une situation inédite dans une période à haut risque, résultant de la surveillance épidémiologique du virus, des mesures de biosécurité et de la stratégie vaccinale inaugurée en 2023.
Quelques mois plus tôt, des chercheurs de la Chaire Biosécurité et santé aviaires de l’École nationale vétérinaire de Toulouse (Unité IHAP – ENVT-INRAE) démontraient qu’en l’absence de vaccination, la France aurait pu connaître jusqu’à 701 foyers de reproduction en 2023. 2024 contre 10 effectivement observés. Ils sont arrivés à cette conclusion en s’appuyant sur une modélisation prédictive, basée sur les données des foyers détectés dans les élevages et la faune sauvage dans différents pays d’Europe occidentale depuis 2016. Nous trouverions probablement peu de professionnels prêts à refaire la vaccination.
Concernant la biosécurité, les petites exploitations en autarcie, soumises à des obligations de confinement contraires au principe de plein air, attendent les résultats d’une expérimentation en cours dans 92 élevages répartis dans 25 départements. Les résultats sont attendus au premier semestre 2025.