Le père qui a tué sa compagne et ses deux enfants pourra passer au moins les 25 prochaines années de sa vie dans un centre de détention pour femmes, simplement parce qu’il se considère désormais comme tel.
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« J’ai le droit d’être en harmonie avec mon identité de genre, je suis une femme comme toute femme sur cette planète qui se considère comme une femme. Je suis une bonne mère”, a réitéré le meurtrier trans mercredi lors d’une audience de détermination de la peine.
Mohamad Al Ballouz a été reconnu coupable lundi des meurtres de ses garçons Zac et Eliam, âgés de 2 et 5 ans, et de celui de leur mère Synthia Bussières.
Photo fournie par le tribunal
L’accusée s’identifie désormais comme une femme et s’appelle Levana Ballouz. Ce changement de genre avait été annoncé lors de son enquête préliminaire en janvier dernier.
Tout au long de son procès, elle a été détenue à la prison Leclerc, un établissement provincial pour femmes. Et il est fort probable que ce soit auprès d’une clientèle féminine qu’elle passera les 25 prochaines années de sa vie, avant de pouvoir demander une libération conditionnelle (voir autre texte).
C’est dans un établissement fédéral que sont envoyés les criminels ayant écopé d’une peine de plus de deux ans.
Mais elle sera d’abord retenue dans un centre d’évaluation pendant plusieurs semaines. On mesurera notamment sa dangerosité.
Identification automatique simple
Elle sera alors probablement envoyée dans un établissement à sécurité maximale en raison des crimes pour lesquels elle a été jugée.
Et si elle le souhaite, Ballouz pourrait être détenue au pénitencier de Joliette (le seul établissement fédéral pour femmes au Québec).
En effet, le Service correctionnel du Canada permet aux criminels de choisir l’établissement qui correspond à leur identité ou expression de genre.
Et il n’est pas nécessaire d’avoir engagé des procédures judiciaires, ni d’avoir entamé un traitement hormonal, ni d’être passé sous le bistouri.
Une simple auto-identification est nécessaire, ce que déplorent plusieurs intervenants.
« Un citoyen devra passer par une démarche médicale ou rencontrer un psychiatre. Mais dans un pénitencier, il y a un laissez-passer gratuit?,” protested the former conservative senator, Pierre-Hugues Boisvenu.
«Nous n’avons jamais pris en considération le droit des femmes à la sécurité», a ajouté Marie-Claude Girard, directrice à la retraite de la Commission canadienne des droits de la personne.
Aucune manipulation
Elle craint des abus de la part de dangereux criminels, pour « amoindrir leurs conditions d’incarcération ».
Ailleurs dans le monde, des établissements ou ailes dédiées aux personnes trans sont prévues.
Mais cette solution risque d’isoler davantage les détenus, prévient un avocat, Me Alexandra Paquette.
Alexandra Paquette, avocate spécialisée dans les droits des détenus trans. COURTOISIE Site Web carceralistes.ca
Site Web carceralistes.ca
Selon elle, il est pernicieux de supposer que des criminels qui demandent un changement d’établissement en lien avec leur identité de genre manipulent le système.
« Ce n’est pas si simple de demander un transfert. Il y a plusieurs réunions et procédures. « Cela ne se fait pas en criant des ciseaux », a-t-elle déclaré, ajoutant que le Service correctionnel du Canada est capable d’appliquer « un filtre ».
Elle assure également que si la sécurité des détenus est compromise, la demande de changement d’établissement sera refusée.
Elle réfute également les arguments selon lesquels un pénitencier pour femmes serait plus confortable qu’un pénitencier pour hommes.
«J’ai une cliente qui est détenue au maximum à Joliette et elle ne la vit pas meilleure vie», a-t-elle déclaré.
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