(Longueuil) Mohamed Al Ballouz persiste et signe son infamie : après avoir poignardé sa compagne, assassiné ses deux fils et se faisant passer pour une victime, le meurtrier trans a profité de sa dernière tribune mercredi pour cracher sur Synthia Bussières et tourmenter la mère d’elle en de la pire manière possible.
Publié à 12h34
Mis à jour à 13h07
Ce que vous devez savoir
Mohamed Al Ballouz – qui s’identifie comme une femme – a tenu des propos « odieux » et « diffamatoires » à l’égard de sa victime Synthia Bussières.
Les proches de Synthia Bussières, victime de fémicide, lui ont rendu hommage mercredi.
Le juge prononcera la peine vendredi. Il est déjà certain que la prison à vie attend Al Ballouz pour les meurtres de sa femme et de leurs deux fils.
“Je te donne quoi [Synthia] j’aurais vraiment voulu te le dire, vraiment. je respectais [sa mère] plus que Synthia. C’est sincère. Synthia Bussières voulait que sa mère meure. Elle la détestait à un point très élevé où… » a déclaré le meurtrier trans avant d’être interrompu par le juge Eric Downs.
Le juge lui a alors interdit de reprendre la parole en raison des propos « diffamatoires et injurieux » contenus dans sa lettre.
“Cela reste la vérité, Monsieur le Juge”, a répondu Al Ballouz.
Ses propos incendiaires ont semé la consternation dans la salle d’audience bondée du palais de justice de Longueuil.
À peine une heure plus tôt, Sylvie Guertin, la mère de Synthia Bussières, avait rendu hommage à sa fille. Elle avait décrit la souffrance « indescriptible » qui l’habitait depuis deux ans.
« Votre douleur est incommensurable. Vous êtes extrêmement fort. Vous êtes victime à trois reprises, et aussi d’un processus qui a été très difficile. Je vous souhaite la paix », lui a alors dit le juge Downs, avec beaucoup de compassion.
« Une femme extrêmement vulnérable et sans défense »
Mohamed Al Ballouz – qui s’identifie désormais comme une femme – a été reconnu coupable lundi du meurtre au deuxième degré de sa compagne et des meurtres prémédités de ses fils Zac, 2 ans, et Eliam, 5 ans.
Al Ballouz est automatiquement condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres de ses fils. Sa peine pour le meurtre de Synthia Bussières reste toutefois à déterminer. Le procureur de la Couronne Éric Nadeau réclame une période d’inéligibilité de 18 à 22 ans.
« Nous devons dénoncer avec force les violences faites aux femmes dans le contexte de la violence domestique. Synthia Bussières était une femme extrêmement vulnérable et sans défense », a soutenu M.e Nadeau.
Parmi les 23 coups de couteau infligés à Synthia Bussières, une blessure à glacer le sang : sa bouche était coupée de quelques centimètres à chaque extrémité. Une blessure qui s’apparente au « sourire de Glasgow », rendu célèbre par le personnage du Joker.
Durant le procès, l’accusée a semblé prendre plaisir à tourmenter les proches de ses victimes. Ainsi, elle a convoqué une vingtaine d’amis, collègues et proches de Synthia Bussières pour témoigner pour sa défense, dont Sylvie Guertin. Au début du procès, l’accusé a même tenté d’empêcher la mère de Synthia d’assister au procès.
Puis, au procès, Al Ballouz a décrit Synthia Bussières comme une meurtrière « qui avait perdu la tête ». Selon cette version, c’est Synthia qui aurait tué ses enfants avant d’orchestrer un complot machiavélique pour incriminer Al Ballouz et tenter de le tuer.
Un ami proche de Synthia Bussières l’a plutôt décrite mercredi comme une « femme merveilleuse au cœur d’or ».
«Tous ceux qui ont eu l’honneur de croiser son chemin ont ressenti à quel point elle nous faisait sentir spéciaux. Elle était fidèle à ceux qu’elle aimait», a déclaré Maria Odorisio, invitant la population à lutter contre les violences faites aux femmes.
« Une très bonne mère »
Quand ce fut son tour de parler, Al Ballouz a eu le culot de se décrire comme une « très bonne mère ». En septembre 2022, le père a froidement assassiné ses garçons avec un oreiller alors qu’ils dormaient. Meurtres prémédités. Cela ne l’a pas empêchée mercredi de se présenter comme une « maman de football » et une « maman de tennis ».
Al Ballouz a également insisté sur son droit à être en « harmonie » avec son identité de genre. “J’ai le droit d’être moi, d’être une femme”, a déclaré celle qui a changé de sexe au cours de la procédure judiciaire.
Ainsi, elle est depuis détenue à la prison pour femmes de Leclerc. Elle a également entamé des procédures judiciaires pour changer son identité de genre et changer officiellement son nom en Levana Ballouz. Il est probable que c’est dans un pénitencier pour femmes qu’elle purgera sa peine à perpétuité.
Le juge rendra sa décision vendredi matin.