Après la libération du militant écologiste Paul Watson, exultation en , incompréhension au Japon

La branche française de l’ONG qu’il a créée, Sea Shepard, a été la première à annoncer cette nouvelle sur le réseau social X, également applaudie et relayée par de nombreuses personnalités écologistes et de gauche.

Manifestations, pétitions, pages Facebook : des dizaines de milliers de personnes se mobilisent depuis des mois pour réclamer la libération du célèbre défenseur des cétacés de 74 ans. Le militant peut désormais rejoindre sa femme et ses fils en , où il réside et où il a demandé l’asile politique et la nationalité. Dans son pays d’accueil, son soutien dépasse les cercles écologistes. En juillet dernier, l’Elysée avait annoncé que le président Emmanuel Macron suivait « la situation de près » et était « intervenu auprès des autorités danoises » pour éviter l’extradition de Paul Watson, écrivait-il. Le .

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Le Damenark embarrassé

L’affaire était devenue embarrassante pour le Danemark qui avait tenté, en vain, de ne pas en faire une affaire politique. Après des mois marqués par des débats houleux au Parlement européen, le ministère danois de la Justice a décidé de rejeter la demande d’extradition vers le Japon, où Paul Watson encourt une peine de prison pouvant aller jusqu’à 15 ans.

Le militant écologiste a été arrêté en juillet dernier dans le port de Nuuk, capitale du Groenland, territoire autonome du Danemark, pour des actes remontant à 2010 dans les eaux de l’Antarctique. Tokyo, qui l’accusait d’avoir accosté un baleinier et blessé un membre de l’équipage, avait émis un mandat d’arrêt international contre lui en 2012.



Mardi 17 décembre, Paul Watson sort de prison. — © IMAGO/Mads Madsen/Arctic Creative/IMAGO/Ritzau Scanpix

Paul Watson, de son côté, s’est d’abord réjoui d’avoir pu attirer l’attention sur la chasse à la baleine grâce à ce séjour en prison, avant de se réjouir de pouvoir passer Noël en famille. “Je suis certainement soulagé car cela signifie que je pourrai voir mes deux petits garçons”, a-t-il déclaré au Guardian. C’est vraiment ma seule préoccupation depuis le début. Je comprends les risques de ce que nous faisons et parfois nous sommes arrêtés – même si je suis fier de n’avoir jamais été reconnu coupable d’un crime.

Un argument technique « astucieux »

Le Danemark se sort d’une situation délicate, note ce mercredi le quotidien français : en refusant d’extrader le célèbre protecteur des cétacés vers le Japon, le gouvernement danois « est sorti du bourbier diplomatique dans lequel il était plongé depuis bientôt cinq mois. La défense du militant avait déjà prévenu qu’elle porterait l’affaire devant la Cour suprême danoise, mais aussi devant la Cour européenne des droits de l’homme en procédure d’urgence, si son extradition était acceptée.



Une manifestation en faveur de la libération de Paul Watson en octobre 2024 à Paris, alors que le militant écologiste est incarcéré depuis juillet au Groenland. (AP Photo/Louise Delmotte, Dossier) — © Louise Delmotte / keystone-sda.ch

« Le Danemark a trouvé un astucieux argument technique pour ne pas satisfaire le Japon, sans l’humilier », commente William Bourdon, l’un des avocats de Paul Watson, dans Le Monde. L’extradition a été refusée en raison du - écoulé depuis les faits reprochés – 14 ans – et de la nature de ces actes.

Mais surtout parce que le ministre danois de la Justice Peter Hummelgaard estime n’avoir pas obtenu de garanties suffisantes lors des discussions à ce sujet avec les autorités japonaises, que les cinq mois déjà passés en prison par Paul Watson seraient déduits d’une éventuelle peine privative de liberté, comme a-t-il précisé dans une déclaration publique soulignant qu’il n’existe pas de traité d’extradition entre le Japon et le Danemark.



Le défenseur des cétacés photographié dans sa prison à Nuuk, le 4 décembre 2024. — © MADS MADSEN / keystone-sda.ch

Dans cette déclaration, le gouvernement danois nie toute critique du système judiciaire et pénitentiaire japonais, précisant que « le Danemark ne partage pas les inquiétudes exprimées par certaines parties concernant le cas concret du système judiciaire japonais et de la protection des droits de l’homme au Japon. Le Japon est un pays démocratique guidé par l’État de droit. Un dialogue étroit et de qualité a été établi avec les autorités japonaises lors du traitement du dossier.

Pour le Japon, une décision « regrettable »

« Il est regrettable que le gouvernement danois n’ait pas accepté notre demande d’extradition et nous lui avons fait part de notre réaction. Le Japon continuera à traiter cette affaire de manière appropriée, sur la base des preuves et de la loi », a répondu mardi Yoshimasa Hayashi, porte-parole du gouvernement japonais. Au Japon, on comprend mal l’engouement européen pour ce militant, écrit le correspondant de Libération à Tokyo.

Dans les pages du quotidien français, Hideki Tokoro, patron de la société Kyodo Senpaku, qui possède et exploite la principale flotte baleinière japonaise, exprime sa colère et son incompréhension : « Cette décision m’a surpris. Franchement, Watson est coupable de crimes, ce qu’il a fait était une tentative de meurtre contre nos équipages. Le patron, figure de la pêche commerciale aux cétacés, espère que le gouvernement japonais ne lâchera pas l’affaire et continuera de réclamer l’extradition de Paul Watson. « Il serait regrettable que les infractions qu’il a commises soient prises à la légère. Nous avons rassemblé les preuves.

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Les médias japonais ont relativement peu couvert cette affaire. Mais le défenseur des baleines n’a pas les faveurs du grand public japonais, qui le considère plutôt comme un « terroriste » ou un « escroc dont les actions visent à récolter des fonds sous prétexte de sauver les cétacés », note Libération : « Beaucoup ne comprennent pas pourquoi les Occidentaux Les pays sont tellement préoccupés par les baleines que les autorités japonaises ne les considèrent pas comme des espèces menacées.

En 2008, des membres de Sea Shepherd ont lancé des bombes puantes sur le baleinier japonais Kaiko Maru. — © (CC Eric Cheng/Sea Shepherd Conservation Society)

En 2008, des membres de Sea Shepherd ont lancé des bombes puantes sur le baleinier japonais Kaiko Maru. — © (CC Eric Cheng/Sea Shepherd Conservation Society)

Pionnier de Greenpeace, Paul Watson a participé aux premières opérations de l’association écologique à ses débuts avant de partir fonder l’organisation Sea Shepard (bergers de la mer) en 1977, connue depuis pour ses opérations spectaculaires en mer contre le braconnage des baleines. utilisant des méthodes controversées, qui lui ont valu plusieurs poursuites judiciaires et critiques de la part des adeptes de la non-violence. C’est aussi en raison de sa rupture avec la ligne exclusivement pacifique de Greepeace qu’il a été exclu de l’organisation écologiste.

Le sort du militant a fait l’objet d’un débat au Parlement européen en septembre. L’eurodéputé allemand d’extrême droite Siegbert Droese (Alternative pour l’Allemagne) l’avait alors qualifié d’« écoterroriste ». Dès sa sortie de prison, Paul Watson a immédiatement porté plainte pour diffamation auprès du tribunal de Paris.

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