On note ce veto du PS vis-à-vis de la N-VA. C’est un élément nouveau. J’ai aussi souvent exprimé des difficultés avec le projet N-VA. Mais sans mettre de veto, et d’ailleurs le PS n’en avait pas mis non plus. Jusqu’à il y a 15 jours…
Gouverner avec la N-VA à Bruxelles ? “Pas de problème”, pour Alexia Bertrand, “tant qu’il n’y a pas de communauté qui nuit à la capitale”
Selon vous, que s’est-il passé pour justifier ce durcissement ?
J’analyse cela comme un manque de désir de rejoindre la majorité et de participer au gouvernement. Les socialistes ont pris conscience de l’ampleur des réformes à mener à Bruxelles. Cela les a démotivés. Ils sont venus sous différents prétextes, comme la note des partis flamands, pour s’éloigner des négociations.
N’est-ce pas un bluff destiné à faire monter les enchères ?
D’après tout ce qu’ils nous envoient comme message, il s’agit bien d’un veto. Ce n’est pas grave de venir avec ça au bout de 6 mois. Et cela n’a aucun sens, car la note des partis flamands n’est que la mise en commun des revendications institutionnelles connues de longue date des partis néerlandophones. Ce n’est pas parce qu’on accepte de discuter avec eux qu’on va tout accepter, évidemment. J’ai moi aussi des revendications institutionnelles que les Flamands ne vont pas accepter, comme la réduction du nombre de députés. Mais aujourd’hui, il y a une urgence budgétaire. La Région perd 2 milliards d’euros par an. 6 mois de négociations bloquées, c’est 1 milliard d’euros perdus…
La supernote institutionnelle bruxelloise, jugée « imbuvable » par le PS, s’inspire autant des socialistes flamands et de Groen que de la N-VA.
Quel est le risque si le déficit reste aussi élevé ?
En mars, si Standard&Poors n’a pas la garantie que des mesures fortes seront prises, ils augmenteront la note de la Région, et notre dette nous coûtera encore plus cher. (NDLR : le fardeau annuel de la dette s’élève à 335 millions en 2024). Il faudra alors contacter la Flandre, la Wallonie et le Gouvernement fédéral pour demander de l’aide. Mais ils ne se contenteront pas de nous faire un chèque. Ils affecteront l’autonomie de Bruxelles. Ce blocage est concret. Le 28 février, Audi s’est retiré de Forest. Qui va gérer cela ? Que faire du quartier de Stalingrad vidé, en attendant de savoir ce qui sera décidé pour le projet de métro ? Qu’en est-il de Rénolution, alors qu’en janvier on sera à nouveau dans le flou en ce qui concerne les primes à la rénovation des bâtiments ? Nous atteignons le cœur du système. Il ne s’agit plus simplement de vouloir négocier ou non, parce que nous avons perdu ou gagné les élections. Tous ceux qui font de la politique au sens noble du terme doivent mettre de côté l’intérêt de leur parti au profit de l’intérêt général.
Faut-il persister à convaincre le PS ?
Compte tenu du veto du PS, nous ne pouvons pas rester là à regarder les mouches voler. Il faut clairement explorer la piste avec Ecolo et Défi. Je tends la main à Ecolo. On a vu que Défi était constructif et prêt à discuter. Je demande simplement à Ecolo et Défi de s’asseoir autour d’une table pour discuter d’éventuelles convergences.
mouetteEcolo a plus de points communs avec nous, sur plusieurs thématiques, qu’avec le PS. Nous pouvons former un axe fort au sein du gouvernement bruxellois avec Elke Van den Brandt (Groen), Zakia Khattabi (Ecolo) et moi.»
Marie Lecocq et Zakia Khattabi ont réitéré leur choix pour l’opposition.
Je comprends les difficultés d’Ecolo. Mais nous pouvons construire des convergences. L’essentiel aujourd’hui, c’est le budget, la gouvernance, puisque Bruxelles est bloquée, mais aussi le climat et la transition, qui est le plus grand défi de notre génération. Nous n’avons pas les mêmes méthodes qu’Ecolo mais nous avons le même objectif. Il existe également des convergences sur les questions sanitaires, sociales et économiques. Alain Maron a lancé le PSSI (Plan Social Intégré de Santé) et c’est un bon plan. Barbara Trachte a fait un excellent travail sur économie en mutation. Ecolo a plus de points communs avec nous, sur toutes ces thématiques, qu’avec le PS. Il y a aussi la possibilité de trouver un terrain d’entente sur la préservation du parc Josaphat, mais aussi de préserver la LEZ (zone à faibles émissions), que le PS et le PTB auraient voulu remettre en cause. Il me semble qu’on retrouve ici l’essentiel. Nous pouvons former un axe fort au sein du gouvernement bruxellois avec Elke Van den Brandt (Groen), Zakia Khattabi (Ecolo) et moi.
Chez Écolo, le refus de participer à la majorité bruxelloise ne fait pas l’unanimité
Le MR et les Engagés sont entrés en vigueur en reportant l’entrée en vigueur de la zone à faibles émissions (LEZ). Cela n’était pas de nature à créer des ponts…
Nous avons dû faire des compromis sur la LEZ, qui faisait partie d’un accord plus large, pour préserver Renolution. Mais la situation a évolué. Le refus de revenir au décumul était un signal des Engagés. Je le dis à Ecolo : vous avez la possibilité d’influencer le projet que nous construisons ensemble. Si vous ne profitez pas de cette occasion pour venir voir ce que nous pouvons faire ensemble, vous ne pourrez plus critiquer ce que fera la prochaine coalition.
Convaincre Ecolo de travailler avec le MR de Georges-Louis Bouchez ne sera pas chose facile…
David (Leisterh) n’est pas Georges-Louis (Bouchez). Dans les discussions, il y a une vraie vision bruxelloise du MR, avec laquelle on peut discuter.
Il y a aussi le métro, dont Ecolo ne veut plus.
Nous n’avons jamais dit qu’il fallait construire le métro tel quel. On a parlé d’une étude indépendante, éventuellement de modifier le projet pour le rendre finançable, etc. Il faudra qu’il y ait une discussion sur le métro.
Cela risque de rester bloqué sur Good Move…
Good Move est de 50 mesures. Notre idée est de conserver l’ambition de mobilité qui est dans Good Move, sans doute en changeant le nom et en supprimant les éléments problématiques, mais en gardant les aspects principaux. Face à l’urgence de la situation, nous sommes tous prêts à faire des efforts pour constituer une coalition avec Ecolo et Défi.