François Bayrou a insisté là-dessus : il a pris son téléphone pour appeler personnellement les différents présidents de groupe. Certains ont répondu, d’autres ont raté l’appel ou n’ont pas reconnu le numéro affiché. L’idée était d’inviter tout le monde à Matignon entre lundi et mardi, avant la formation d’un gouvernement.
« Le Premier ministre veut savoir ce qu’ils ont à dire », résume un proche. Ce qui assure qu’il ne s’agit en aucun cas de passer des accords d’arrière-cuisine ou des pactes secrets. « François Bayrou agit avec transparence et respect. La vie politique est déterminée à l’heure actuelle par les groupes de l’Assemblée, elle a donc été prise par ordre décroissant de taille, elle est cohérente et ne doit pas être surinterprétée », a déclaré un lieutenant.
Conséquence : ce sont Marine Le Pen et Jordan Bardella qui sont attendus les premiers dans la cour de Matignon, à partir de 9 heures. Suivront le chef des députés macronistes Gabriel Attal, qui retrouvera un bureau qu’il a quitté il y a trois mois. Matignon avait alors prévu de recevoir les Insoumis, le troisième groupe au Palais-Bourbon. Des appels ont été lancés à Mathilde Panot (dès samedi) ainsi qu’à des responsables ou collaborateurs du mouvement pour s’assurer que le message avait bien été transmis. L’entourage du Premier ministre a insisté…
Le nouveau Premier ministre a voulu éviter la chaise vide ou donner l’impression qu’il y avait des groupes exclus par principe (comme ce fut le cas mardi dernier à l’Élysée). Effort inutile. Dimanche à 18 heures, LFI indiquait que « le Premier ministre n’ayant pas encore formé de gouvernement et ne s’étant pas encore présenté devant l’Assemblée nationale, nous ne participerons pas » à ces discussions. Et d’ajouter qu’il s’agissait d’une “comédie” visant “à faire croire que M. Bayrou pourrait faire demain le contraire de ce qu’il a toujours fait”.
Preuve que le Nouveau Front populaire connaît des dissensions stratégiques, le PS a décidé d’être au rendez-vous : Olivier Faure, le Premier secrétaire du Parti socialiste, l’a déclaré à François Bayrou, qui l’a appelé dimanche matin. Le socialiste reste dans l’attente de ce contact et pose ses conditions pour un accord de non-censure dans Le Parisien. « La première est de répondre aux Français, et donc de rouvrir le débat sur les chantiers prioritaires du PFN, sur les retraites, le pouvoir d’achat, les services publics locaux et nationaux, la transition écologique, la démocratie, développe le leader des socialistes. Ensuite, la méthode doit changer en se refusant la facilité des passages en force. Enfin, toute forme de trahison du Front républicain en reprenant tout ou partie du programme d’extrême droite sera sanctionnée. »
Une nouvelle loi sur l’immigration portée par Bruno Retailleau est aussi une de ses lignes rouges. Il sera accompagné des présidents de groupe Patrick Kanner (Sénat) et Boris Vallaud (Assemblée nationale).
Laurent Wauquiez, le leader du groupe LR à l’assemblée, est prévu à 14h30. Ensuite, il faudra attendre le lendemain pour la deuxième salve. Les représentants des Écologistes (Marine Tondelier et François Bayrou se sont parlé), d’Horizons, du MoDem (le parti du Premier ministre), des indépendants de Liot, des Communistes passeront tour à tour. Éric Ciotti, à la tête d’un groupe de 16 députés, fermera la marche.
