%item le départ vers la Chine des jeunes pandas Bao Di, Bao Mei et Tian Bao, les trois pandas géants nés au parc animalier Pairi Daiza, à Brugelette, mardi 10 décembre 2024. BELGA PHOTO HATIM KAGHAT
Pour le parc animalier situé à Brugelette, tout a commencé il y a un peu plus de dix ans, le 23 février 2014, avec l’arrivée de deux pandas géants, Hao Hao et Xing Hui, accueillis en Belgique comme des stars. Ces animaux ont rapidement conquis le cœur des visiteurs, contribuant à une augmentation significative de la fréquentation à Pairi Daiza, passant de 1,2 million en 2013 à 2,3 millions l’an dernier. Ce succès est également lié à l’agrandissement de la famille des pandas : en 2016, Hao Hao et Xing Hui ont donné naissance à Tian Bao, un mâle. En 2019, les parents accueillent leurs jumeaux, Bao Mei (fille) et Bao Di (homme).
Aujourd’hui marque une nouvelle étape pour Tian Bao, Bao Mei et Bao Di, qui rejoindront le Base du Panda Géant de Bifengxia, un centre de recherche et de sélection situé dans la province du Sichuan. Selon les accords avec la Chine, les jeunes pandas ne peuvent rester à l’étranger que quatre ans. Seule exception : Tian Bao, qui a prolongé son séjour en Belgique en raison de la pandémie de Covid-19.
Leurs parents, Hao Hao et Xing Hui, resteront à Pairi Daiza jusqu’en 2029, conformément à un contrat de 15 ans signé avec la Chine.
Les pandas, pions de la diplomatie chinoise
La présence des pandas à Pairi Daiza est le résultat d’un accord politique. En 2014, Elio Di Rupo, alors Premier ministre, avait négocié leur arrivée avec son homologue chinois. Les pandas sont depuis longtemps des outils diplomatiques pour la Chine, symbolisant une relation bilatérale amicale. Leur prêt s’inscrit dans une stratégie de puissance doucevisant à renforcer l’image de la Chine à l’échelle internationale.
Une pratique ancienne
L’utilisation des pandas comme symbole diplomatique remonte au 7ème siècle. Selon la légende, l’impératrice Wu Zetian en aurait offert deux au Japon en signe d’amitié. Cette tradition a pris une dimension moderne dans les années 1970, lorsque la Chine, désireuse de s’ouvrir sur le monde, a fait don de deux pandas au zoo de Washington, à l’occasion de la visite historique du président Richard Nixon.
Les pandas face aux défis contemporains
Aujourd’hui, seuls 1 864 pandas géants vivent à l’état sauvage dans les montagnes centrales de la Chine, leur habitat étant gravement menacé par la déforestation et l’expansion humaine. La fragmentation de leur environnement complique leur reproduction et réduit la diversité génétique, augmentant ainsi leur vulnérabilité aux maladies et au changement climatique.
Dans ce contexte, une quinzaine de pays accueillent des pandas en captivité dans le cadre de partenariats avec la Chine. Actuellement, 46 pandas vivent hors de Chine, notamment en Europe, en Asie et en Amérique, ainsi qu’au Qatar depuis 2022. Ce dernier prêt est étroitement lié aux relations énergétiques entre Pékin et Doha, le Qatar étant un acteur clé du marché de l’énergie. gaz naturel liquéfié.
Une stratégie aux limites évidentes
Si la diplomatie panda contribue au maintien des relations bilatérales, elle n’est pas exempte de critiques. La Belgique, comme d’autres pays européens, est de plus en plus dépendante des importations chinoises, notamment pour les biens stratégiques, une dépendance jugée préoccupante par la Banque nationale.
Par ailleurs, l’image de la Chine s’est dégradée depuis 2020 en raison de la pandémie de Covid-19 et de la répression contre les Ouïghours. Enfin, entretenir les pandas représente un coût élevé pour les zoos, parfois difficile à rentabiliser. La Finlande, par exemple, a récemment renvoyé deux pandas en Chine plus tôt que prévu, en raison de l’inflation.
Malgré ces défis, Tian Bao, Bao Mei et Bao Di restent dans le cœur des Belges comme les adorables ambassadeurs de Pairi Daiza. Nous leur souhaitons bonne chance en Chine, où ils continueront à jouer leur rôle dans cette fascinante diplomatie du panda.