“Calin Georgescu président”, “voleurs !”, “ouvrez les bureaux de vote” : plus d’une centaine de Roumains se sont rendus aux urnes dimanche matin aux côtés du candidat d’extrême droite pour protester contre l’annulation du second tour de l’élection présidentielle.
Des millions d’électeurs étaient appelés aux urnes ce dimanche pour choisir entre Calin Georgescu, accusé de sympathies pro-russes, et sa rivale pro-européenne Elena Lasconi. Mais vendredi, dans un nouveau rebondissement, la Cour constitutionnelle a décidé de faire table rase et de repartir de zéro. Une mesure inédite dans ce pays d’Europe de l’Est et rarissime en Europe.
En cause, « de multiples irrégularités et violations de la loi électorale ayant faussé » le vote sur fond de soupçons d’ingérence russe. Un « coup d’État », selon le candidat nationaliste, qui a créé la surprise en arrivant premier au premier tour le 24 novembre et qui était favori dans les sondages.
“C’est le jour de la Constitution, mais il n’y a rien de constitutionnel en Roumanie”, a ajouté le sexagénaire, accusant les autorités d’avoir agi par peur de sa victoire. Calin Georgescu a annoncé qu’il avait contesté l’annulation devant les tribunaux roumains et devant la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
Prendre la rhétorique russe
Vêtu d’un manteau sombre et d’une écharpe bleue, Calin Georgescu a déclaré qu’il n’appelait pas ses partisans à “faire quoi que ce soit”, alors qu’ailleurs dans le pays aucun grand rassemblement n’a été observé.
Habitué des discours nationalistes et mystiques, Calin Georgescu a par le passé affiché son admiration pour Vladimir Poutine mais affirme désormais « ne pas en être fan » et nie tout lien avec la Russie. Il s’oppose à l’aide à l’Ukraine et prône avant tout la recherche de la « paix », positionnement habituel chez les tenants de la rhétorique russe.
Plus de 25 000 comptes TikTok pour son élection
Son éventuelle victoire a suscité des craintes à Bruxelles et à Washington d’une réorientation stratégique dans ce pays de l’UE, devenu un pilier de l’Otan depuis le début de la guerre en Ukraine voisine.
Selon les autorités roumaines, le candidat a bénéficié d’une « guérilla coordonnée » sur la plateforme d’origine chinoise TikTok, qui a nié les allégations mais a été placée sous surveillance renforcée de l’UE. Les services secrets ont établi des parallèles avec les précédentes tentatives d’ingérence électorale russe en Europe et ont identifié « 25 000 comptes TikTok » directement associés à sa campagne.
Ils font également état d’un compte appartenant à Bogdan Peschir, qui a versé entre le 24 octobre et le 24 novembre 381 000 dollars (environ 335 000 francs) à des internautes participant à la promotion de Calin Georgescu. Anonyme jusqu’à récemment, il comparait son soutien à celui d’Elon Musk pour Donald Trump.
Lié au monde des cryptomonnaies, il est au cœur de l’enquête selon les médias et des perquisitions ont été menées samedi dans le centre du pays. Calin Georgescu a assuré dimanche qu’il ne le connaissait pas. Un autre responsable d’extrême droite, George Simion, qui a également contesté la décision, a appelé à allumer une bougie devant les bureaux de vote – dans l’espoir « de surmonter cet obstacle sans précédent en 35 ans de démocratie ».
(AFP)