Autoroute en Inde | La Caisse défend son investissement

Autoroute en Inde | La Caisse défend son investissement
Autoroute en Inde | La Caisse défend son investissement

La Caisse de dépôt a-t-elle payé trop cher son autoroute en Inde ? Est-il légitime de s’interroger, dans le contexte du scandale de corruption qui ébranle l’institution dans une autre affaire avec les mêmes dirigeants ?

Je continue de croire qu’il faut répondre OUI à ces deux questions, que conteste la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Après la dernière partie du rapport de mes collègues de mercredi, accompagnée d’une chronique de ma part, la vice-présidente aux communications de la Caisse, Isabelle Adjahi, s’est longuement entretenue avec nous pour défendre l’acquisition de 1 milliard de dollars routiers et clarifier certains faits. .

Premièrement, estime la Caisse, que le concurrent le plus proche a offert près de la moitié du prix (583 millions) pour l’autoroute n’est pas un bon indicateur pour qualifier la valeur de l’acquisition de trop élevée.

Depuis cinq ans, affirme le Fonds, des autoroutes comparables en Inde ont été vendues entre 13 et 20 fois leur bénéfice d’exploitation.1ce qui justifie qu’elle ait payé 17 fois cet actif, soit l’équivalent de 1,06 milliard de dollars canadiens.

Très bien.

Sauf que l’Autoroute périphérique Est (EPE) n’a pas généré de bénéfice d’exploitation durant les deux exercices disponibles.

A l’inverse, l’Indian Highway Concessions Trust (IHCT) – qui comprend l’EPE et une autre autoroute – a enregistré une perte nette de 35 millions sur l’exercice clos le 31 mars 2024, contre 25 millions l’année précédente. L’augmentation de la perte s’explique par le fait que l’exercice précédent ne comptait pas essentiellement 12 mois.

L’EPE ne réalisant actuellement pas de bénéfices, le Fonds s’est donc basé sur une projection de bénéfices futurs pour juger de sa valeur, donc sur des hypothèses qui pourraient faire l’objet de discussions.2.

La fréquentation atteindra-t-elle le niveau attendu dans les années à venir ? Les revenus augmenteront-ils comme prévu ? Et qu’en est-il des taux d’intérêt et d’inflation qui soutiennent ce scénario ?

L’avenir n’est pas une science exacte, chacun a son propre scénario.

Or, dans les faits, les cinq autres candidats à l’acquisition de l’EPE en janvier 2022 ont offert des offres inférieures, voire nettement inférieures. Chacun avait ses propres hypothèses et paramètres de financement.

Ainsi, pendant que la Caisse misait l’équivalent de 1,06 milliard3les cinq autres sociétés ont proposé entre 236 millions et 593 millions, selon les données que nous avons obtenues (et que le Fonds ne conteste pas). La moyenne des cinq candidats est de 461 millions, soit près de 600 millions de moins que le Fonds…

Le deuxième de la liste, avec 593 millions, n’est pas une personne moyenne. Il s’agit de Cube Highways, une société spécialisée dans ce domaine dont les actionnaires sont de grands groupes d’Abou Dhabi et du Japon notamment.

La Caisse a une réponse pertinente à cet argument. Elle nous fournit une évaluation de l’autoroute au 30 septembre 2024. Cette évaluation, réalisée par un cabinet indépendant (BDO), est périodiquement exigée par les autorités de régulation.

Or, selon BDO, l’autoroute EPE vaut aujourd’hui 1,16 milliard de dollars canadiens – convertis au taux de fin septembre 2024 – soit un peu plus que la valeur versée par le Fonds en janvier 2022 (1,06 milliard).

Alors pourquoi rester sceptique ? Car les trois employés de la Caisse accusés de corruption dans l’affaire Azure Power Global en Inde étaient en même - les principaux administrateurs de la structure de propriété et de gestion des autoroutes de la Caisse sur le territoire indien, selon les états financiers.

L’autoroute EPE et une autre autoroute sont la propriété d’IHCT, détenue à 75 % par la Caisse par l’intermédiaire d’une société appelée Maple Highways.4.

Ainsi, pendant que l’accusé Cyril Cabanes – l’ancien vice-président des infrastructures à la Caisse Asie-Pacifique – gérait le sponsor Maple Highways, les deux autres accusés, Saurabh Agarwal et Deepak Malhotra, administraient les entités de gestion de Maple.

La Caisse a licencié Cabanes et Malhotra le 29 octobre 2023 et Agarwal a dû quitter son poste le 15 juin 2023.

Rappelons que les accusations du ministère américain de la Justice ne sont pas mineures (Azure était coté en bourse aux Etats-Unis). Les prévenus sont accusés d’avoir participé à un stratagème de corruption visant à obtenir des contrats d’énergie solaire dans le sud de l’Inde.

Leur part des pots-de-vin versés ou à verser dépassait les 100 millions de dollars canadiens, sous forme de transferts douteux de contrats (et non d’argent liquide), selon les allégations du parquet.

Autre élément : l’autoroute EPE acquise fait aujourd’hui l’objet de vives critiques dans les médias indiens quant à sa dégradation, même de la part du ministre indien des Transports.

Et dans les états financiers de l’IHCT, qui comprend l’EPE et une autre autoroute, on parle d’un litige équivalant à 215 millions de dollars.

À ce sujet, la porte-parole de la Caisse, Isabelle Adjahi, souligne que ces litiges concernent la première infrastructure achetée par Maple – l’autoroute Shree Jagannath – et non l’EPE.

“Ces litiges sont appuyés par des garanties de NHAI et du vendeur pour les 215 millions de litiges”, a-t-elle précisé. L’érable ne présente aucun risque. »

Quant aux critiques du ministre, M.moi Adjahi dit qu’il ne vise pas Maple, mais les entrepreneurs qui ont construit l’autoroute avant que la Caisse n’en devienne propriétaire.

Quoi qu’il en soit, en tant que propriétaire, l’institution québécoise doit maintenant gérer ces problèmes.

« Les travaux de réhabilitation sont en cours, selon les budgets et le calendrier prévu », précise Isabelle Adjahi, qui ajoute que l’autorité gouvernementale (National Highways Authority of India – NHAI) doit rembourser la filiale de la Caisse.

Concernant Azure, Mmoi Adjahi n’a pas voulu dire quand ni comment la Caisse a pris connaissance du système de corruption, et répète que la Caisse a agi avec célérité, notamment en participant à la formation d’un comité indépendant au sein du conseil d’administration d’Azure afin d’enquêter sur les allégations.

Elle n’a pas non plus voulu dire si les licenciements des trois accusés en juillet et octobre 2023 sont liés à la nomination de l’éminent comptable québécois Richard Payette en juillet 2023 au comité d’audit et des risques d’Azur, nomination recommandée par le Fonds.

Certaines irrégularités chez Azure, rappelons-le, avaient déjà été communiquées aux investisseurs boursiers 10 mois plus tôt, alors que la Caisse détenait une participation majoritaire dans Azure.

Avec Julien Arsenault et Hugo Joncas, La presse

1. En fait, il s’agit du bénéfice avant impôts, intérêts et dépréciation (EBITDA), un concept couramment utilisé en finance.

2. Plus précisément, ces évaluations reposent sur l’actualisation des flux financiers futurs, flux qui s’apparentent à l’EBITDA.

3. L’offre en roupies a été convertie en dollars canadiens au taux du 27 janvier 2022.

4. Le Fonds précise que son exposition au risque n’est pas d’environ 1 milliard, comme je l’ai écrit dans ma chronique précédente, mais de 750 millions. Et sur cette somme, la part investie en capital par le Fonds est d’environ 330 millions ; le reste provient du financement bancaire.

 
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