Des centaines de lecteurs La presse nous ont adressé leurs questions au ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé. Voici ses réponses à six d’entre elles.
Pourquoi ne devrait-il pas y avoir de frais de consultation raisonnables (un ticket modérateur) pour les citoyens gagnant plus de 200 000 dollars par an ?
Alice Babin
Christian Dubé : Je pense qu’il faudra peut-être considérer cela le jour où nous saurons que nous avons tout fait pour améliorer le système. Je serais très gêné d’aller facturer de l’argent [aux patients] jusqu’à ce que nous ayons apporté autant d’améliorations que possible au réseau. […] Nous devons mieux gérer. Après, nous verrons cela. Mais il faudra bien se poser la question à un moment donné, car ce n’est pas durable [à long terme] […] une augmentation supplémentaire de 50 % des dépenses au cours des six prochaines années.
Selon les chiffres de l’OCDE en 2019, le Canada se situe au 27e range sur 36 pays pour le nombre de médecins, avec seulement 2,8 médecins pour 1 000 habitants. N’est-il pas temps d’évoluer et de former davantage de médecins ?
Nicole Marie Beaulieu
CD : Tu as raison. Il y avait un manque de vision [du gouvernement précédent] ce qui a plafonné ce chiffre à 800 étudiants par an. Nous avons augmenté le nombre d’admissions médicales de 800 à 1 200 par an sur six ans. Malheureusement, nous n’en avons pas constaté les bénéfices jusqu’à présent, car il faut six à huit ans pour former un médecin.
Comment justifier les salaires actuels des médecins québécois dans un système de santé qui peine à remplir sa mission ? Une baisse des salaires pourrait-elle permettre de former davantage de médecins ou de réinvestir dans d’autres priorités ?
Mathieu Chené-Côté
CD : Je ne pense pas que nous soyons en train de réduire les salaires. La première étape est que l’enveloppe [pour les médecins] peut rester à 8,5 milliards par an, mais il faudrait qu’il soit mieux réparti entre les médecins, puis mieux organisé pour qu’on obtienne des résultats.
Aurons-nous rendez-vous plus tôt pour voir un médecin spécialiste avec Santé Québec ?
Danielle Lefebvre
CD : Avec le projet de loi 15 sur la gouvernance médicale, nous avons écrit dans la loi que si un patient n’est pas servi dans le public après un certain temps, il pourra se rendre dans le privé et présenter sa carte d’assurance maladie. C’est ce qu’on appelle les mécanismes d’accès. Nous sommes en discussion avec Santé Québec, nous sommes en train de rédiger la réglementation. Il pourrait entrer en vigueur dès le début de l’année prochaine.
Pourquoi les médicaments amaigrissants ne sont-ils pas couverts par l’assurance gouvernementale ? L’obésité est reconnue comme une maladie inflammatoire et peut entraîner toutes sortes d’autres problèmes de santé.
Susan Carrier
CD : L’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) a été sollicité pour réaliser un projet pilote. Il y a trois ans, on nous disait non [par l’INESSS]. Aujourd’hui, on n’associe plus l’obésité à un problème médical, mais les coûts liés à ce médicament sont tellement élevés que nous avons demandé un projet pilote. Il y a une certaine ouverture, mais cela dépend des coûts.
Pourquoi cette pratique des médecins de limiter chaque rendez-vous à un seul sujet, comme c’est le cas dans la clinique de mon médecin ?
Sylvie St-Pierre
CD : La Fédération des médecins généralistes du Québec (FMOQ) s’est engagée à stopper cela, mais elle est toujours en place. Cela fera partie des négociations en cours [avec la FMOQ]. Nous ne pouvons pas accepter cela, surtout pour les personnes qui ont attendu longtemps pour consulter un médecin. Il y a eu un engagement de la FMOQ pour arrêter cette pratique, j’espère qu’on aura des solutions.
Certaines réponses ont été abrégées et modifiées par souci de concision.