« Rupture de confiance » entre l’administration Plante et les commerçants

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Je caricature la réalité, mais pas tant que ça. Ce que je décris correspond en tout point à la perception de milliers de commerçants montréalais, par rapport à l’administration de Valérie Plante.

Depuis quelques temps, ils se sentent de plus en plus abandonnés. Ils estiment que leur opinion n’est pas prise en compte, ou très peu, dans les décisions cruciales pour l’avenir de plusieurs rues commerçantes de la métropole.

Papa (ou maman) a raison. Habituez-vous à l’idée.

Le cas le plus récent touche la mythique rue Sainte-Catherine Ouest.

L’administration Plante a décidé de piétonniser deux grands tronçons, de façon permanente, en même temps que le remplacement des infrastructures souterraines.

Un projet conçu en grande partie à l’abri des regards.

La principale association de commerçants du quartier, qui regroupe 5 000 commerçants, n’a jamais été consultée sur cette modification majeure du scénario de réaménagement initial. Pas plus que l’Association des hôtels du Grand Montréal (AHGM), qui compte une vingtaine d’établissements et des milliers de chambres dans ce secteur.

Ils craignent des problèmes d’embouteillage, de malpropreté et de criminalité autour des futurs tronçons piétonniers. Ils auraient aimé être interrogés au préalable par la Ville, plutôt que de se retrouver devant le fait accompli. Découvrez les études d’impact et de faisabilité.

Dans les deux cas, ils ont appris lundi dernier que la Ville allait aller de l’avant avec ce projet… au moment de l’annonce en conférence de presse du maire.

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ILLUSTRATION FOURNIE PAR LEMAY

Une des « esplanades » prévues, rue Sainte-Catherine Ouest

Les exemples de projets imposés se multiplient dans plusieurs quartiers. La situation s’est « fracturée » à tel point que l’Association des entreprises de développement commercial de Montréal (ASDCM), qui représente 13 000 entreprises, parle du risque d’une « rupture de confiance » avec l’administration Plante.

D’autres, comme Glenn Castanheira, directeur général de la Société de développement commercial (SDC) du centre-ville de Montréal, estiment en être déjà à cette étape.

C’est sérieux. Surtout dans le contexte économique actuel, où tout le monde devrait ramer dans la même direction.

Soyons clairs : le nœud du problème ne réside pas dans une guerre de méchants capitalistes contre la piétonisation et les projets de verdissement. Il y a eu de grands succès, tous issus d’un collaboration entre les quartiers et les commerçants concernés.

Ces commerçants qui, je le rappelle, tissent la trame de tous ces quartiers que les Montréalais adorent. Qui sont souvent son âme et son essence.

Ce qui pose problème, c’est que plusieurs d’entre eux ne se sentent plus du tout pris en compte dans l’élaboration des projets d’urbanisme de l’administration Plante. Malgré tous les « ateliers citoyens » et autres rencontres avec les « parties prenantes », leur avis semble de plus en plus relégué au second plan.

«Nous sommes en train de vouloir développer des projets dans la région, mais sans vouloir les lier aux besoins du territoire», déplore Sébastien Ridoin, directeur général de l’ASDCM.

A travers les projets imposés, c’est comme si les intérêts des commerçants étaient mis de côté.

Sébastien Ridoin, directeur général de l’ASDCM

L’affaire de la Plaza Saint-Hubert, que je vous révélais la semaine dernière, a mis le feu aux poudres1.

Après une première piétonnisation à l’été 2024, les commerçants de l’artère commerciale ont réclamé la tenue d’un vote supervisé par la firme Raymond Chabot Grant Thornton. Ils ont voté à 61 % contre son retour l’été prochain. Un résultat clair et net.

Mais l’arrondissement Rosemont–La Petite-Patrie semble déterminé à relancer le projet, sous une forme ou une autre, l’été prochain. Peu importe le résultat du vote.

Le constat de nombreux commerçants pourrait se résumer ainsi : c’est comme si le contrat qui avait été conclu avec eux, concernant leur adhésion – et leur pouvoir de retrait – à ces projets piétonniers, avait été unilatéralement déchiré par la Ville.

Le différend le plus important, qui passe relativement inaperçu, concerne le Vieux-Montréal.

L’administration Plante s’est engagée à en fermer une grande partie à la circulation automobile, pour transformer le quartier en un « royaume des piétons ». Le projet a démarré en septembre dernier. Les abords de la basilique Notre-Dame ont été piétonnisés dans une certaine confusion, à l’aide de gros blocs de béton hideux2.

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PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE ARCHIVES

Les abords de la Place d’Armes, piétonnisés en septembre 2024

De nombreux commerçants et résidents ont été surpris. Parce que les informations sur le projet filtrent au compte-goutte.

Les échanges entre la Ville et la SDC du Vieux-Montréal, qui représente 2 400 entreprises, ont tourné au vinaigre il y a environ un an et demi. À tel point que la DDC s’en est complètement désolidarisée.

Le groupe d’entrepreneurs n’a plus aucune idée de ce qui va se passer dans les prochains mois. “Nous sommes dans une situation de non-communication avec l’administration, et tout se fait unilatéralement”, m’a confié une Source de cette organisation.

Plus au nord, sur la Promenade Masson, un autre projet de réaménagement suscite des inquiétudes. L’artère et son sous-sol seront entièrement refaits dans les années à venir, on le savait. Mais ce que les commerçants ont appris plus récemment, c’est que 100 % des places de stationnement seront supprimées entre le 1concernant Avenue et Boulevard Saint-Michel, sur environ 700 mètres.

Même si les commerçants apprécient le verdissement et l’élargissement des trottoirs à venir, la suppression de toutes les places de stationnement nuira aux affaires de plusieurs d’entre eux, estime le président de la SDC locale, Philippe Strauss. Leurs doléances n’ont pas été prises en compte dans la version actuelle du projet.

En entretien avec La presse la semaine dernière, Le maire Plante et le président du comité exécutif, Luc Rabouin, ont répondu aux critiques concernant le manque de consultation de leur administration dans divers projets.

M. Rabouin a répondu : « Il faut faire la différence entre la consultation et la décision. Lorsque nous menons des consultations, nous recherchons différents points de vue, mais en fin de compte, c’est pour éclairer notre décision. Ce sont les élus qui décident en fin de compte. »

Cela a le mérite d’être clair. Même si cela ne calmera en rien la grogne des commerçants.

1. Lire la chronique « Place Saint-Hubert : un grand non à la piétonnisation »

2. Lire « Vieux-Montréal : la piétonnisation inquiète déjà le milieu commercial »

 
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