Montréal va de l’avant avec son projet controversé de piétonisation de la rue Sainte-Catherine, mais pas entièrement. Deux places publiques seront créées, dans le but de « calmer la circulation », mais une autre sera suspendue.
« Ce qu’on nous demande est clair : plus d’espaces verts, plus de places publiques et plus de sécurité. […] Les gens nous demandent de transformer la rue Sainte-Catherine pour la rendre plus conviviale», a déclaré la mairesse Valérie Plante en conférence de presse mercredi.
La presse révélé début novembre que la Ville souhaitait piétonniser définitivement quatre tronçons de l’axe commercial. Tout cela s’inscrit dans le cadre de la phase 2 du réaménagement de la rue Sainte-Catherine, entre les rues Peel et Saint-Marc, qui devrait être lancée à l’été 2025 et durer jusqu’en 2030.
Pour le moment, Montréal prévoit uniquement de piétonniser la « Place McGill », entre le boulevard Robert-Bourassa et la rue Mansfield – tout près de la future place de l’avenue McGill College – et la « Place Concordia », entre les rues Bishop. et Guy, au coeur du quartier universitaire. Sur le reste de l’artère, la circulation automobile sera maintenue.
La Ville soutient que ces deux nouvelles places piétonnières seront « les portes d’entrée de la rue Sainte-Catherine » et permettront « de transformer l’expérience piétonne et de calmer la circulation, tout en maintenant l’accessibilité à la rue » et de mettre en valeur le Centre St-Jax, la Place Oscar-Peterson. ou l’Anneau.
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En plus de ces places, les trottoirs seront agrandis, un revêtement de pavé en béton sera posé sur toute la largeur de la chaussée et des arbres seront ajoutés sur l’artère. Plusieurs mesures d’atténuation sont prévues pour soutenir les commerçants, assure la Ville, qui dit avoir alloué un budget de 700 000 $ pour 2025.
Montréal suspend cependant l’esplanade Atwater, entre l’avenue Atwater et la rue Saint-Marc. Selon nos informations, ce report serait lié à des problématiques liées à la gestion de l’eau et à la cohabitation avec les sans-abri. La Ville maintient néanmoins vouloir aller de l’avant prochainement. Aucun nouveau détail n’a été donné sur la poursuite de la piétonnisation du Quartier des spectacles, déjà amorcée.
Des commerçants non consultés
À la SDC Montréal centre-ville, le projet avance mal. Son directeur général, Glenn Castanheira, dénonce n’avoir jamais été consulté par la Ville. « Nous sommes devant le fait accompli. Au moment où nous parlons, il y a une rupture de confiance importante entre le monde des affaires et la Ville. Et nous ne pouvons pas l’expliquer », a-t-il déclaré.
« Le centre-ville de Montréal paie-t-il le prix d’une course à la direction du Projet Montréal ? Peut-être », a alors déclaré M. Castanheira, appelant la Ville à reporter la piétonisation permanente jusqu’à ce que le dialogue soit rétabli.
Dans l’opposition, le parti Ensemble Montréal s’inquiète également du « manque de consultation et de transparence » autour de ce projet. Avant l’annonce de mercredi, seul un document confidentiel, préparé au printemps 2024 par le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville, avait été évoqué dans nos pages.
Le conseiller Julien Hénault-Ratelle, appuyé par le conseiller indépendant Serge Sasseville, a également demandé qu’un référendum soit tenu sur la question lors des prochaines élections municipales.
Depuis deux ans, assure Plante
Valérie Plante a répondu mercredi que «les discussions autour du projet ont lieu depuis deux ans, avec tout le monde».
Elle dit comprendre que le projet suscite des craintes, mais estime néanmoins avoir trouvé un modèle qui permettra « d’améliorer la rue au profit des commerçants, des résidents et des touristes », mais surtout, que « Montréal doit avoir la même ambition » que plusieurs autres grandes villes. Villes européennes.
Son administration soutient que ses données pointent vers « une vitalité retrouvée des artères commerciales du centre-ville, particulièrement sur la rue Sainte-Catherine Ouest, où une augmentation de la circulation piétonnière a été constatée » depuis la phase 1.
«Nous visons à ancrer un parcours piétonnier qui est une signature à Montréal», a déclaré le chef de l’urbanisme, Robert Beaudry. « Nous voulons marquer un coup de circuit et ramener les visiteurs au centre-ville », a-t-il insisté.
Une fois les deux places publiques terminées, une signalisation piétonne sera installée. Le projet « garantira l’accès à 15 000 places de stationnement situées à moins de 10 minutes de l’artère ». Une voie servant d’embarcadère et d’accès aux livraisons est également prévue.