En juillet dernier, Jennie Carignan brisait un plafond de verre en devenant la première femme chef de cabinet (Nouvelle fenêtre)de l’histoire du Canada. En accédant au plus haut grade des Forces armées canadiennes, le général Carignan est devenu non seulement un symbole ici, mais aussi à l’étranger. Elle est la seule femme à la table des opérations de planification des opérations de l’OTAN.
Un peu plus de 100 jours après sa prise de fonction, ses priorités se mettent en place. Et elle note que la place des femmes dans les rangs militaires doit encore être défendue.
Radio-Canada a rencontré le chef de cabinet en marge du Forum d’Halifax sur la sécurité internationale. Le général Carignan y partageait son temps entre des apparitions sur des panels et des réunions de travail à huis clos.
Jennie Carignan in interview with Valérie Gamache.
Photo : Radio-Canada
Vous défendez la place des femmes dans l’armée, mais un futur secrétaire à la Défense soutenu par Donald Trump pense que les femmes n’ont pas leur place au combat. Un sénateur républicain a relayé cette idée [au Forum]. Qu’avez-vous pensé en l’entendant ?
Jennie Carignan: C’est dommage de devoir recommencer, mais j’ai la responsabilité de le faire. J’ai une voix, j’ai l’expérience, j’ai la crédibilité pour le faire. Alors si je ne le fais pas, qui le fera ? Ensuite, j’ai vu à travers le public les visages des femmes en uniforme. Cela me tue ! C’est ce qui me dérange énormément. Et tout ce que je veux, c’est ne pas laisser la salle repartir avec l’idée que c’est normal de le laisser dire ça. Il ne changera pas d’avis, mais au moins quelqu’un doit répondre à cette question, pour ceux qui n’ont pas de voix.
Mais je l’ai moi-même entendu plusieurs fois, je l’ai entendu à plusieurs reprises. Je travaille sur ce que je contrôle. Ce que je contrôle, ce sont nos forces, nos équipes.
Les sénateurs républicains critiquent la lenteur du Canada à augmenter ses dépenses militaires. Entendez-vous les mêmes critiques de la part de vos homologues militaires ?
JC : Oui, mais du point de vue des relations militaires, nous travaillons en très, très étroite collaboration. Ces relations sont extrêmement stables et durables. Tous les gens en uniforme comprennent qu’il y a des décisions qui ne sont pas prises à notre niveau.
Donc, pour notre part, nous souhaitons garantir que les relations sont solides et solides. Parce que quand on se présente face à un adversaire, ce n’est pas le moment de commencer à chercher à s’organiser, donc on le fait de manière régulière et constante avec nos partenaires.
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La chef d’état-major de la Défense Jennie Carignan et le ministre de la Défense nationale Bill Blair témoignent devant un comité permanent des affaires des anciens combattants de la Chambre des communes à Ottawa, le jeudi 31 octobre 2024.
Photo : La Presse Canadienne / Sean Kilpatrick
Les Américains font également pression sur le Canada pour qu’il améliore rapidement la surveillance de l’Arctique. Que peut-on faire à court terme ?
JC : Il y a plusieurs choses que nous pouvons faire à court terme, tout en élaborant un plan à long terme. Par exemple, retravailler les pistes d’atterrissage actuellement en exploitation pour les mettre aux normes de nos futurs avions de combat.
Mais c’est sûr que lorsqu’on parle d’aller à la rencontre des communautés du Nord, d’évaluer les besoins, puis de faire un plan, cela prend du temps. Et il faut prendre le temps qu’il faut pour bien le faire.
Comment se sont déroulés vos 100 premiers jours à la tête de l’armée canadienne ?
JC : J’ai passé beaucoup de temps à établir des relations et à comprendre le contexte pour m’assurer de bien comprendre les priorités. Ce qui nous aide beaucoup, ce sont la nouvelle politique de défense et les nouveaux investissements.
Nous devons mettre nos initiatives dans le bon ordre. Mais la question cruciale et prioritaire est celle du recrutement. Nous devons veiller à retrouver notre pleine capacité au niveau de 71 500 personnes.
Cela signifie que cet automne, nous avons fait un effort énorme pour moderniser l’ensemble de notre système de recrutement, ainsi que nos processus et nos normes.
Quel est votre calendrier pour y arriver ?
JC : D’ici cinq ans, nous devons retrouver notre pleine capacité. Ce que nous devons également nous assurer, c’est que nous avons la capacité de former ces nouvelles recrues dès leur arrivée. Nous ne voulons pas qu’ils restent là à ne rien faire pendant des mois.
*Certaines réponses ont été modifiées et/ou raccourcies pour plus de clarté et de concision.