« Seul un cercle restreint était dans le secret »

« Seul un cercle restreint était dans le secret »
« Seul un cercle restreint était dans le secret »

ENTRETIEN – L’accord entre le fondateur de Wikileaks et la justice américaine, qui met fin à un bras de fer de 12 ans, ne faisait jusqu’à mardi l’objet que de rumeurs, explique le président du comité de soutien en France, Laurent Dauré.

Depuis 2010 et la publication de 700 000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, notamment en Irak et en Afghanistan, Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, risque jusqu’à 175 ans de prison en vertu de la loi sur l’espionnage. aux Etats-Unis. Après 12 ans d’impasse judiciaire pour faire appel de son extradition, le lanceur d’alerte a accepté de plaider coupable d’un seul des 18 chefs d’accusation retenus contre lui. Il quitte sa prison londonienne le matin du 24 juin, après y avoir passé 1901 jours.

LE FIGARO. – Quelle est votre réaction à cette nouvelle ?

Laurent DAURÉ. – Un immense soulagement, bien sûr, et une très grande surprise. Seul un cercle très restreint était dans le secret, ses avocats, son épouse Stella. Rien n’avait fuité. Il est sorti de prison hier matin (lundi 24 juin, NDLR) donc 24 heures avant qu’on le sache ! A vrai dire, je préparais même les prochaines réunions de notre commission en amont de l’audience prévue les 9 et 10 juillet à Londres (pour examiner la demande de son extradition, NDLR). Des rumeurs ont circulé à plusieurs reprises ces dernières années concernant un accord de plaidoyer, mais il n’était pas certain qu’il soit solide.

En tout cas, c’est une joie immense d’imaginer celle de vos proches. Pour la première fois de leur vie, sa femme Stella et leurs enfants vont le voir hors du parloir, en liberté ! (Stella Morris, ancienne avocate de Julian Assange, a épousé le lanceur d’alerte au sein de la prison de Belmarsh en 2022. Ils ont eu deux enfants). Derrière cela, c’est aussi une victoire pour la liberté de la presse, pour le droit d’informer. Même s’il faut rester prudent jusqu’à ce que l’audience ait lieu.

En quoi consiste l’accord ?

Il s’agit d’un accord pour plaider coupable. Julian Assange accepte de reconnaître sa culpabilité sur l’une des 18 accusations portées jusqu’à présent, ce qui devrait lui valoir une peine d’environ 5 ans. En fait, il l’a déjà largement purgé. Mais l’accord n’est pas encore finalisé et on en saura plus dans les jours à venir (l’intéressé doit encore comparaître mercredi devant le tribunal fédéral des îles Mariannes, territoire américain du Pacifique, NDLR). Il pourrait notamment inclure une clause de silence de la part d’Assange sur certains aspects.

Est-ce juridiquement sans précédent ?

Non, c’est même un processus typique de la justice américaine : forcer les accusés à reconnaître une certaine culpabilité en les menaçant de sanctions astronomiques. C’est ce qui s’est produit par exemple en 2012 avec John Kiriakou, un employé de la CIA, accusé d’avoir révélé l’identité d’un autre agent secret à un journaliste pour dénoncer les pratiques de torture après le 11 septembre. L’administration Obama avait porté plainte contre lui pour espionnage, mais cette accusation a finalement été retenue. abandonné lorsqu’il a plaidé coupable d’avoir violé la loi sur la protection des renseignements. C’était le résultat d’un accord. Il a été condamné à 30 mois de prison et libéré en 2015.

Le système américain fonctionne ainsi. Il menace de sanctions colossales – 175 ans de prison pour Julian Assange – pour obtenir une reconnaissance partielle de sa culpabilité. Nous n’allons évidemment pas blâmer les avocats d’Assange pour avoir négocié cela. Sa détention avait duré trop longtemps. Mais cela ne peut pas être considéré comme une vraie justice, puisqu’il a été contraint de négocier.

Pourquoi cet accord maintenant ?

Je ne peux que spéculer sur ce point. L’administration Biden a peut-être estimé que le coût de sa réputation devenait trop élevé, surtout en période d’élections.

Julian Assange est donc en route vers le territoire américain. N’est-ce pas dangereux pour lui ?

Évidemment, il n’est pas rassurant de savoir cela sur le territoire américain. Mais ses proches semblent confiants. Son organisation Wikileaks, sa femme, ses avocats ont annoncé sa libération, j’ai tendance à croire qu’elle est solide et fiable.

 
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