« Comme si un chirurgien devait opérer sans anesthésie »
“Cette communication est la goutte d’eau qui fait déborder le vase” selon la magistrate Sophie Van Bree. “Ce serait drôle si nous n’étions pas dans un flux aussi serré. Tout ce que nous demandons, c’est d’avoir les moyens de faire notre travail. Nous ne nous soucions vraiment pas d’avoir des salles d’audience sales et des fenêtres non nettoyées. Nous sommes habitués à cela. Par contre, nous avons besoin de papier pour faire notre travail ! C’est comme dire à un chirurgien d’opérer un patient sans anesthésique ni désinfectant. La situation est risible.
Si l’on peut comprendre le message derrière cette publication, il n’en demeure pas moins que la méthode choisie est inappropriée.“L’annonceur en charge de ce message ne voulait certainement rien dire de mal mais le problème est qu’il a dû être approuvé par le ministère ou une autre autorité et cela est ressenti comme un énième manque de considération envers le pouvoir judiciaire que nous étouffons par manque. de ressources suffisantes »ajoute-t-elle.
Réticence à devenir magistrat
Les conditions de travail semblent se dégrader au fil des années, créant une forme de réticence des jeunes à devenir magistrats. “Les nouvelles générations ne sont plus prêtes à travailler à plus de 50% comme c’est notre cas actuellement. Les conditions financières ont été revues, il y a un manque d’attractivité de la fonction et un manque de considération des politiques à notre égard. Il suffit de voir les conditions de travail au tribunal pénal, à Justitia, où les frais de nourriture sont supprimés. Les membres du jury ne peuvent pas entrer avec leur nourriture et leurs boissons, mais nous devons nous assurer que ces personnes se portent bien afin de prononcer un jugement le plus sereinement possible.fustige-t-elle.
« Le problème de la justice actuelle, c’est que l’auteur des faits subit tout » : une justice réparatrice efficace contre la surpopulation carcérale
Enfin, l’exemple de la rénovation du palais de justice est symptomatique du manque constant de considération. “La façade est en cours de rénovation et les charpentes sont remplacées. Il n’y a cependant eu aucun impact sur les occupants, créant des nuisances sonores insupportables lors des audiences. Cela démontre un manque de respect à notre égard.conclut Sophie Van Bree.