Quelques heures avant le dernier budget de la mairesse Valérie Plante, La presse revient sur l’impact de son administration sur la Ville de Montréal. Nos graphiques montrent comment les impôts, les dépenses et le nombre d’employés ont augmenté depuis 2017.
Des factures fiscales plus élevées
Les impôts ont augmenté de 33 % entre 2018 et 2024, révèle notre analyse des budgets adoptés au fil des années. Il s’agit d’une augmentation « inquiétante » pour Justine McIntyre, commentatrice de la politique municipale. La Ville assume de nouvelles responsabilités que tous les contribuables doivent assumer. Elle est perplexe face à la récente recommandation de créer un Office de la langue française et de la francophonie, par exemple. « Ce sont des structures qu’il faut pérenniser », prévient-elle. Il est très rare qu’on fasse l’inverse, qu’on ferme des organismes municipaux.
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Des infrastructures souterraines mal aimées
L’administration Plante a ralenti le rythme de l’entretien des canalisations de Montréal. Les dépenses liées au réseau d’égouts ont même diminué de 27 % entre 2018 et 2023. Justine McIntyre, qui a également été conseillère municipale à Montréal entre 2013 et 2017, souligne que le quart du réseau d’égouts a un indice de vétusté D. C’est à peine note passable sur un bulletin scolaire. Le réseau de distribution d’eau est en meilleur état (indices B et C). Cela n’a pas empêché une importante canalisation de se briser près du pont Jacques-Cartier, le 17 août.
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Plus cher pour les matières résiduelles
C’est l’un des postes de dépenses qui a connu la plus forte croissance au cours des années Plante. C’est la faute au compost, dont la collecte a été récemment mise en place dans les immeubles de neuf logements ou plus, ainsi que dans les écoles. Mais la hausse des coûts de la collecte des matériaux et des contrats de transport est également à blâmer. « Il faut se demander si la Ville ne pourrait pas mieux utiliser son pouvoir de négociation », argumente M.moi McIntyre, qui a également dirigé le parti Real Change pour Montréal entre 2015 et 2021.
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Pas de définancement de la police
On ne peut pas dire que Valérie Plante a définancé la police. Le rythme des dépenses (augmentation de 20,4% entre 2018 et 2023) a suivi celui de l’ensemble (21,5%). « Mmoi Plante a cédé aux pressions de Denis Coderre, qui a tenu un discours très axé sur la sécurité publique [pendant la dernière campagne électorale] “, estimé Justine McIntyre.
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Transports en commun : la facture grimpe
Ici, la hausse des dépenses ne se reflète pas dans la qualité du service, juge Justine McIntyre. La personne qui succédera à Valérie Plante aura un défi titanesque, selon elle : revoir les conventions collectives trop rigides de la STM, comme le rapportait l’audit de performance du ministère des Transports déposé début novembre. Offrir l’entrée gratuite aux seniors était un bon geste, a-t-elle déclaré, « mais avec un mauvais timing « . Par ailleurs, ce service gratuit aurait dû être proposé à d’autres utilisateurs plus démunis que les « baby-boomers », ajoute-t-elle.
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Embauche sélective
L’effectif de la Ville de Montréal a augmenté de 12 % entre 2018 et 2023. Il s’agit d’un rythme identique à celui des revenus, mais plus lent que celui des dépenses. Bien qu’ils constituent le plus petit groupe d’employés, les gestionnaires et les superviseurs ont connu la croissance la plus rapide (36 % sur six ans). Le nombre de cols bleus n’a augmenté que de 1,5 % sous l’administration Plante.
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Méthodologie
Nous avons utilisé les états financiers consolidés de la Ville de Montréal plutôt que les états financiers non consolidés. Les états financiers consolidés incluent la part de la Ville dans les revenus et dépenses de l’agglomération de Montréal. Ce sont ceux qui reflètent le mieux la réalité, selon Danielle Pilette, professeure agrégée à l’ESG UQAM.