Déclarations « aventureux », « attendre et voir », « inaction », « double discours », « calculs à courte vue », « irresponsabilité », « déni collectif », « inconscience »… Le rapport rendu mardi 19 novembre par les sénateurs de la commission des Finances sur la dégradation des comptes publics depuis octobre 2023 n’est pas un euphémisme.
Chargée d’analyser les dérapages observés ces derniers mois, la mission menée par les deux dirigeants de la commission, Claude Raynal (Parti socialiste, Haute-Garonne) et Jean-François Husson (Les Républicains, Meurthe-et-Moselle), a abouti à un conclusion sous forme de verdict. Au-delà d’évidentes erreurs de prévision, la crise actuelle est en grande partie due, selon les sénateurs, à une série de décisions politiques erronées prises par les dirigeants macronistes. Piqués au vif, ils décident de réagir immédiatement. Une conférence de presse commune de Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Elisabeth Borne et Thomas Cazenave est annoncée mardi après-midi.
Au cœur des questions, un dérapage sans précédent. En 2023, le déficit public s’était déjà révélé plus massif que prévu, à 5,5% du produit intérieur brut (PIB) au lieu des 4,4% visés. « Une erreur comme celle-ci ne peut pas se produire deux fois »avait promis Bruno Le Maire, alors ministre de l’Économie. Manqué. En 2024, le déficit qui devait revenir à 4,4% du PIB devrait en réalité atteindre au moins 6,1%. Un nouvel écart d’environ 50 milliards d’euros.
“Une forme d’inconscience budgétaire”
Lors de leurs auditions, Bruno Le Maire et son ministre du Budget, Thomas Cazenave, se sont défendus de la même manière, tout comme les premiers ministres successifs, Elisabeth Borne et Gabriel Attal. Selon eux, le” hurricane “ Le budget est lié à 75 ou 80 % à une évaluation erronée des recettes par les services de Bercy, évaluation sur laquelle ils affirment n’avoir pas eu leur mot à dire. Dès que l’ampleur du problème est devenue apparente, tout le monde a déclaré avoir réagi rapidement et de manière décisive.
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Une version contredite par le Sénat. Comme dans Crime sur l’Orient Express, par Agatha Christie, tous les suspects ont leur part de responsabilité, selon le rapport. Les techniciens de Bercy ? Bien sûr, ils ont mal anticipé l’évolution des recettes fiscales avec la croissance. Après deux exercices 2021 et 2022 où l’argent est rentré dans les caisses mieux que prévu, “une forme d’inconscience budgétaire” les a sans doute amenés à surestimer les recettes suivantes. Au total, ceux de 2024 devraient être inférieurs de 41,5 milliards d’euros aux prévisions initiales, ce qui explique effectivement environ 80% du déficit inattendu.
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