Quel a été votre parcours personnel et scolaire ?
Franck Déplat : « Originaire du Puy-de-Dôme, je suis fils et frère d’agriculteur, ce qui explique pourquoi j’ai toujours été impliqué dans l’enseignement agricole. Pendant mes études, chaque fois que j’étais en vacances, je me rendais à la ferme familiale. J’ai obtenu un diplôme d’ingénieur à l’Enitiaa (École nationale d’ingénieurs des techniques agricoles et agroalimentaires, ndlr) de Nantes. Lorsque j’ai réussi le concours, le ministère de l’Agriculture m’a proposé de financer mes études. J’ai accepté en sachant qu’en échange je devrais m’engager dans la fonction publique pendant huit ans. C’était faisable car je savais que je ne pourrais pas m’installer tout de suite dans la ferme familiale, car mon père était trop jeune pour prendre sa retraite. De plus, à cette époque, l’enseignement agricole se développait rapidement et je savais que je pourrais y trouver du travail. »
Où avez-vous commencé votre vie professionnelle ?
FD : « C’était à la rentrée 1992, comme professeur d’alimentation au lycée de Roanne-Chervé. C’était une ouverture de formation. J’y suis resté jusqu’en 2005. L’agriculture m’a toujours fasciné et je suis lié depuis longtemps à l’audiovisuel. Lorsqu’on m’a proposé ce poste, j’étais heureux. Pour moi, il ne s’agissait pas seulement d’être enseignant, c’était aussi de mener un projet qui m’intéressait : recruter des jeunes et des maîtres de stage, trouver des partenaires avec qui travailler. Il s’agissait aussi de convaincre les enseignants de venir travailler dans ce nouveau secteur. Durant ces années au lycée Chervé, j’ai également été élu au conseil d’administration de l’institut et j’ai participé à la coopération internationale, notamment au Sénégal. C’est à cette époque que j’ai fondé ma famille. Mes trois enfants sont nés à Roanne. J’ai fait quelques liens ici. »
Comment s’est déroulée la suite de votre voyage ?
FD : « J’ai pris la route du sud de la France pour devenir directeur opérationnel du lycée agricole de Nîmes-Rodilhan, un institut axé sur l’arboriculture et la viticulture. Cette responsabilité m’a permis d’être sur le terrain et de remettre mes chaussures. Une partie des raisins récoltés a été vinifiée en cave particulière et une autre en cave coopérative. J’étais fier de participer à une aventure collective. Je suis convaincu que les agriculteurs doivent travailler en étroite collaboration avec leurs voisins. En 2011, je suis devenu directeur adjoint du lycée agricole de Cibeins, dans l’Ain, puis de celui de Marmilhat, dans le Puy-de-Dôme, en 2013. En 2020, je suis devenu directeur du lycée agricole du secteur des Combrailles, à Saint-Gervais-d’Auvergne (63). Cet établissement est spécialisé dans le commerce des animaux de compagnie, avec l’élevage de chiens et de chats, mais a des liens avec l’agriculture puisqu’il travaille avec des chiens de berger et des chiens de protection des troupeaux. »
Était-ce l’envie de devenir un jour directeur d’usine ?
FD : « Ayant grandi au cœur de la Limagne, on m’a demandé très tôt de castrer des graines de maïs. Vers l’âge de 12 ans, je dirigeais déjà des équipes de jeunes sur les terrains. C’était très instructif. Je pense que c’est à ce moment-là que j’ai acquis l’envie de conduire. Durant mes treize années d’enseignement j’ai beaucoup apprécié l’aspect transmission et contact avec les apprenants, mais j’avais envie de faire différemment. Devenir directeur adjoint, puis directeur, a été pour moi l’occasion de continuer à participer différemment à la mission d’enseignement. »
Pourquoi retourner au lycée Chervé ?
FD : «Paul Candaele était directeur depuis 2017. Il est parti pour d’autres responsabilités en janvier 2024. L’intérim a été assuré par Pierre Lornage. Je me demandais si c’était opportun ou non de postuler et surtout si c’était un frein ou non pour travailler avec d’anciens collègues. La réponse a finalement été « non ». Cette structure, à laquelle je suis resté attaché, a beaucoup changé. Il est actuellement en cours de rénovation, générant une nouvelle dynamique. Je suis heureux de pouvoir l’accompagner. J’ai officiellement pris mes fonctions le 1er septembre, mais j’ai pris connaissance de ma mission en juin. J’ai donc pu passer le relais à ceux qui sont arrivés à Saint-Gervais-d’Auvergne pour me remplacer et prendre personnellement possession des dossiers de Chervé, en m’efforçant d’avoir un regard extérieur, sans a priori. »
Quelles sont vos missions au sein de la structure ?
FD : « Ma feuille de route est établie par le ministère de tutelle, représenté par la Draaf (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, ndlr). Ma mission est de mener à bien la rénovation du site du Perreux, en déplaçant les équipes d’un bâtiment obsolète vers un nouveau. Les conditions d’accueil et de travail seront meilleures. Mais il faut accompagner cette évolution quotidienne. Je dois également assurer le recrutement des étudiants pour tous les domaines enseignés, notamment l’agriculture. C’est pourquoi j’entends m’appuyer sur les équipes et sur la loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le changement générationnel dans l’agriculture. Je compte également réaliser plusieurs projets à la ferme, comme l’horticulture, en lien avec l’agglomération roannaise, ou la réhabilitation du laboratoire porcin, qui devient obsolète, tant du point de vue de la production que de la formation. Je ne prévois pas qu’il n’y aura plus de formation sur le porc dans notre usine. Plus généralement, je dois orienter la politique de l’établissement, qui fonctionne bien, aussi bien dans les lycées que dans l’apprentissage ou l’éducation des adultes. Je sais que je peux compter sur une équipe d’experts, chacun dans son secteur. »