(Québec) Un gouvernement dirigé par Paul St-Pierre Plamondon envisagerait de mettre Santé Québec en faillite. Le chef du Parti québécois estime que la future société d’État sert de « paravent » à la CAQ pour faire du « sale boulot » comme couper un milliard dans les dépenses en santé.
«Tout est sur la table de notre côté», a déclaré le chef péquiste alors que débute le Conseil national de son parti ce dimanche à Victoriaville. L’événement se déroule également sous le thème Au-delà des réformes structurelles de la santé.
« Regardons à quoi sert Santé Québec afin de prendre une décision quant à l’utilité de cette structure. Mais si cela sert de paravent aux coupes budgétaires sans que le ministre ait à répondre d’une décision qui est strictement politique, j’en reste convaincu. Je ne suis pas convaincu», a déclaré M. St-PIerre Plamondon en conférence de presse.
Jusqu’à présent, le Parti québécois – qui n’a jamais été favorable à la création de cette nouvelle société d’État – donnait sa chance au coureur. Toutefois, les derniers mois et la salve d’entrevues avec la chef de Santé Québec, Geneviève Biron, n’ont pas démontré la valeur ajoutée de la structure, selon le PQ.
« Ce qui m’inquiète pour Santé Québec, c’est qu’on est en train de [lui] abandonnez tous les petits travaux, toutes les décisions difficiles. On dit à Santé Québec : « vous allez couper 1 milliard, peut-être 1,5 milliard. Et nous, ministères et politiques, nous en lavons les mains. Nous n’avons pas de réponse à donner parce que c’est Santé Québec», explique M. St-Pierre Plamondon.
En entretien à La presse Mardi, Geneviève Biron a appelé les établissements de santé à faire le ménage pour réduire d’un milliard de dépenses sans affecter les services. L’heure n’est pas aux demi-mesures, alors que le Québec prévoit enregistrer un déficit historique de 11 milliards. Les CISSS et CIUSSS doivent parvenir à éliminer leur déficit pour retrouver l’équilibre budgétaire.
L’association locale de Laporte proposera également dimanche que le «conseil national donne mandat à la commission politique pour étudier la possibilité de mettre en place une vérification financière externe complète du ministère de la Santé et des Services sociaux et de l’Agence de la santé du Québec». La commission politique a toutefois présenté un avis défavorable à la proposition, a confirmé la présidente Camille Pellerin-Forget.
Prévention et surprescription
Le Parti québécois s’est engagé dimanche à remettre la prévention au premier plan pour améliorer la santé des Québécois et réduire la pression sur le réseau. Nous souhaitons également développer une stratégie pour réduire le phénomène de surprescription chez les jeunes notamment.
« Ce n’est ni intelligent en termes de santé des gens, ni intelligent en termes financiers. Non pas qu’on va arrêter d’utiliser des médicaments, mais cela demande une approche plus rigoureuse quant à l’usage des médicaments et surtout comment reconsidérer l’objectif qui est la santé de la personne », a expliqué M. St-Pierre Plamondon. Les détails de cette stratégie n’ont pas encore été révélés.
C’est également le cas en matière d’accès, alors que le Parti québécois veut privilégier les soins par un professionnel de la santé et non seulement par un médecin de famille. C’est aussi l’approche du gouvernement Legault, qui promet que tous les Québécois seront inscrits dans un GMF ou un CLSC d’ici l’été 2026. Le PQ n’a pas voulu s’engager sur un objectif de soutien pour le moment.
Nos engagements seront connus en 2026, mais seront le fruit d’un travail comme aujourd’hui. Alors que la CAQ lance les choses en fonction du sondage du jour, puis des experts en communication.
Paul St-Pierre Plamondon, leader of the Parti Québécois
Un panel d’experts, dont fait partie l’ancien candidat vedette de Québec solidaire, le Dconcernant Mélissa Généreux abordera dimanche l’importance de la santé publique et de la prévention. En entretien avec La presse cette semaine, cette dernière, qui n’agit plus en solidarité, s’est dite séduite par les idées de Paul St-Pierre Plamondon.
Les délégués voteront également sur une série de propositions liées à la santé, comme examiner les conséquences des heures supplémentaires obligatoires sur les soignants et identifier des solutions pour étendre la pratique des infirmières auxiliaires.
Français aux questions en anglais : Le chef n’est pas d’accord
Paul St-Pierre Plamondon a coupé court au débat sur la proposition de l’association Sainte-Rose qui demandera dimanche que «le Conseil national donne mandat à l’aile parlementaire de répondre en français aux questions des médias québécois anglophones lors des conférences de presse». « Nous sommes tous dans un parti démocratique où toutes les idées peuvent être proposées en même temps. Moi aussi, j’ai droit à ma liberté d’expression. Personne ne va m’obliger à m’empêcher de répondre en anglais aux médias anglophones. René Lévesque l’a fait et c’est ce que nous allons faire dans un Québec indépendant», a soutenu le chef péquiste. Lors de la dernière campagne électorale, le PQ et la CAQ ont refusé de participer à un débat des chefs en anglais.