On s’aime, mais chacun à la maison

On s’aime, mais chacun à la maison
On s’aime, mais chacun à la maison

La tendance n’est pas nouvelle, mais elle devient de plus en plus populaire. S’il n’y a pas si longtemps on sourcillait lorsqu’un couple annonçait qu’ils ne vivaient pas ensemble, envient-on désormais ceux qui choisissent le « Living Apart Together » (LAT), ces couples heureux, épanouis qui… ne cohabitent pas ?

Catherine Maisonneuve

Collaboration spéciale

Selon Statistique Canada, 29 % des couples âgés de 20 à 34 ans vivaient séparément en 2021 pour des raisons liées au « bien-être, au travail non rémunéré ou au temps passé en famille », contre 18 % en 2011, soit un nouveau bond de 10 points de pourcentage en 10. années.

Un article récent de New York Times nous a également appris que le pourcentage de couples mariés ne fait que diminuer depuis 2019, tandis que le pourcentage de couples vivant séparément augmente. Selon l’étude Les familles et les conditions de vie des États-Unis Selon le Bureau du recensement, le pourcentage de couples mariés vivant séparément a augmenté de plus de 25 % entre 2000 et 2019.

«Les chaînes de valeur et les normes sociales ont énormément progressé ces dernières années», explique Sophie Mathieu, de l’Institut Vanier, qui a analysé ces données dans le cadre de l’étude Affaires familiales, où elle était chef de projet. « Il n’y a plus une manière unique et linéaire de vivre en couple, et ce qu’on constate, c’est que les gens aspirent toujours à la conjugalité, mais c’est la façon de faire qui a évolué. Nous assistons à l’éclatement des carrières familiales et à l’émergence de nouveaux modèles. »

Nouveaux modèles

L’évolution du modèle professionnel, forcée par la pandémie, a également contribué à redéfinir le modèle familial, par exemple dans le cas où l’un des conjoints dispose de trois jours en personne au bureau tandis que l’autre peut se permettre d’être le domicile de campagne tous les jours. . La transformation des paramètres a permis l’émergence de nouvelles façons de travailler, d’habiter et donc de cohabiter.

L’auteur, conférencier et entraîneur Nancy Doyon dit recevoir de plus en plus de couples qui, pour préserver l’harmonie familiale ou leur bien-être, décident d’acheter un duplex, une maison multigénérationnelle ou de déménager à proximité les uns des autres, sans toutefois cohabiter.

Ces couples se disent : on va continuer à être un couple et on va être une famille recomposée, oui, mais pas à temps plein. De cette façon, vous éliminez de nombreux conflits inutiles.

Nancy Doyon, conférencière et entraîneur familial

Ce choix implique évidemment des sacrifices financiers. “Nous pourrions bien sûr nous permettre une maison plus grande si nous vivions ensemble à plein temps, mais après 14 ans, nous sommes toujours amoureux l’un de l’autre et notre passion est toujours là, et, à mon avis, cela n’a pas de prix, » explique Anne-Lovely Etienne, journaliste et chroniqueuse. Elle et son partenaire, mariés depuis 2022, vivent toujours dans leur propre maison.

Lorsqu’elle a rencontré son partenaire, celui-ci était séparé et avait la garde partagée de leur fils. « Nous voulions prendre notre temps, et, considérant que nous étions une famille recomposée et que mon conjoint avait un enfant issu d’une précédente union, je ne voulais pas perturber leur dynamique familiale et la mienne, qui avait toujours été sans enfants. »

«Pendant des années, nous avons dit que nous allions déménager ensemble un jour, mais au fil des années, nous avons réalisé que nous étions vraiment heureux. Il passe du temps de qualité avec son fils et j’ai du temps pour moi, donc aujourd’hui, ce n’est plus prévu”, explique-t-elle.

Même son de cloche pour Marylin Cantin, 40 ans. Lorsqu’elle a rencontré son conjoint actuel, il y a maintenant six ans, celui-ci avait deux adolescents en garde partagée et elle avait son fils, aujourd’hui âgé de 10 ans, à temps plein. « Ce n’était pas une option pour nous de vivre ensemble lorsque nous nous sommes rencontrés. Nous avions chacun nos propres routines avec nos enfants, nos habitudes, nos modes de vie… nous voulions respecter l’espace et les limites de chacun. » Selon elle, leur relation se passe toujours bien en grande partie parce qu’ils ne vivent pas ensemble.

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PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

Marilyn Cantin

Nous nous voyons presque tous les jours, nous dînons ensemble, mais nous avons chacun notre espace. Je veux passer du temps seule avec mon fils, j’en ai besoin, et avoir mon propre logement me permet de me concentrer sur ma relation et ma famille, mais jamais les deux en même temps. Pour nous, cela fonctionne parfaitement !

Marylin Cantin, 40 ans

Les couples qui font ce choix en sont souvent à leur deuxième union et ont des enfants en garde partagée. Ils ont fait des compromis dans le passé pour leur famille ou leur ex-conjoint et aspirent désormais à protéger leur espace. Ils apprécient grandement leur individualité dans leur nouvelle relation.

« En 40 ans, le Québec est passé de la province canadienne la plus conservatrice à la plus progressiste. La garde partagée et l’union libre sont désormais la norme, et pour le comprendre, il faut considérer la montée de l’hédonisme, de l’individualisme, mais aussi de la notion d’épanouissement personnel, qui n’était pas aussi présente avant, explique Sophie Mathieu. Quelque chose a définitivement changé au niveau collectif. »

 
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