Elle était jusqu’à présent au centre de l’enquête ouverte par la Division des enquêtes criminelles (DIC) pour élucider le double meurtre du danseur Aziz Dabala et de son partenaire Waly. Arrêtée puis soumise à un mandat d’arrêt, sa liberté provisoire jeudi est appréciée différemment dans la banlieue où elle vit, comme tous les protagonistes de cette histoire. L’Observateur a parcouru les pistes Pikine-Guinaw pour recueillir l’avis des habitants.
Tonnerre dans le ciel clair de la banlieue. La liberté provisoire accordée à Nabou Leye ouvre un nouveau chapitre dans l’affaire Aziz Dabala, le célèbre danseur artiste brutalement tué en compagnie de son ami et protégé Boubacar Gano, alias Waly, dans leur appartement situé à la Cité Technopole de Pikine. Hier, la décision de mise en liberté provisoire prise par le juge en charge du dossier, à la demande des avocats de Nabou Léye, a jeté la banlieue dans un profond tourbillon. « C’est vrai que les banlieues sont en ébullition depuis l’annonce de cette nouvelle », confirme Pathé Niang, proche des deux familles et figure bien connue du divertissement périurbain. Pathé, qui connaît bien les deux familles, appelle cependant à la modération. A Pikine, et notamment dans les deux communes de Guinawrails où vivent les familles d’Aziz Dabala et les sept personnes arrêtées et incarcérées, dont Nabou Léye, les commentaires se multiplient, des plus virulents aux plus modérés. « C’est le combat de toute une famille pour faire la lumière sur la mort de leur fils, qui vient de subir un coup dur. Ce soir, la famille d’Aziz Ba, alias Dabala, est certainement démoralisée après la liberté provisoire accordée à Nabou Léye”, confie un voisin de la famille Ba sous couvert d’anonymat.
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Les questions sur l’opportunité de sa libération provisoire exposent Nabou à un danger. Tant à Pikine qu’à Guinawrails, des personnalités du monde du spectacle qui ont souhaité garder l’anonymat s’interrogent sur les risques qui pèsent sur le bénéficiaire de cette mesure de liberté provisoire. « Ce double meurtre est encore frais dans nos mémoires. Beaucoup de choses ont été dites, certaines ont été mal citées. Il existe une véritable fracture entre les familles vivant dans un même quartier. Si on n’y prend pas garde, un acte incontrôlé pourrait se produire », prévient ce danseur passionné qui a partagé plusieurs fois la scène avec Aziz Dabala et Nabou Léye. Et il poursuit : « Je les connais tous les deux et, croyez-moi, cette affaire a profondément ébranlé le secteur, où tout est permis : du chantage à la trahison. Mais depuis cet événement, les choses ont beaucoup changé ; la gêne est toujours palpable. »
Le camp Nabou Léye est en fête. C’est surtout à travers les réseaux sociaux que les représentants du monde du spectacle de banlieue, favorables à Nabou Léye, ont exprimé leur satisfaction. Comme Soda Samb, célèbre danseur très proche de Nabou Leye, qui a pris la parole sur un ton dur pour interpeller ceux qui, dès le début, avaient désigné Nabou Léye comme « la personne qui a ordonné l’assassinat de Dabala et de son ami Wally. “Maintenant, laissez-les fournir leurs preuves !” » dit-elle euphoriquement, après la libération provisoire de Nabou Léye. Dans le cercle de ses amis les plus proches, on raconte que la danseuse n’a jamais été directement impliquée dans le double meurtre survenu dans la ville de la Technopole ; ce n’était qu’une question de soupçon, même si on admet qu’elle n’a pas le profil d’une sainte.
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“Ce n’était pas autorisé” : les précisions d’un spécialiste demandées par L’Observateur ont tempéré l’euphorie des amis de Nabou Leye. En effet, la mesure de liberté provisoire dont elle bénéficie s’accompagne d’un contrôle judiciaire. En termes plus clairs, cela signifie que Nabou Leye n’a pas été disculpé et n’est pas disculpé. Il devra respecter un certain nombre d’obligations et d’interdictions en attendant son procès. Ce contrôle judiciaire constitue une première restriction au principe de liberté de l’accusé pendant l’instruction. Autrement dit, Nabou Leye n’est pas encore tiré d’affaire.
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