La GRC démantèle un réseau international de migrants illégaux vers les États-Unis

La GRC a porté des accusations contre quatre personnes et en recherche quatre autres en lien avec le démantèlement d’un vaste réseau de passeurs qui aurait amené des centaines de migrants aux États-Unis, en passant par la région de Cornwall, en Ontario.

L’enquête a été menée conjointement par le GRC, la Police provinciale de l’Ontario (OPP), le service de police mohawk d’Akwesasne et l’Agence des services frontaliers. Les autorités américaines y ont également participé.

Les enquêteurs affirment qu’entre juillet 2022 et juin 2023, ce réseau a fait entrer clandestinement des centaines de migrants aux États-Unis. Dans une moindre mesure, les passeurs ont également amené des migrants des États-Unis au Canada.

Les migrants illégaux, principalement originaires d’Inde, de Roumanie et du Sri Lanka, devaient payer entre 6 800 et 8 000 dollars par personne. Jusqu’à 48 000 dollars étaient exigés lorsque des documents illégaux étaient nécessaires pour quitter l’Inde ou le Sri Lanka.

Le voyage s’est effectué de jour comme de nuit, quelles que soient les conditions météorologiques et de navigation, et sans égard aux risques que cela pouvait faire peser sur la vie des passagers, selon ce qu’a déclaré l’inspecteur Etienne Thauvette de la GRC lors d’une conférence de presse tenue jeudi à Cornwall.

Les migrants, qui transitaient par des zones peuplées comme Toronto, Montréal ou d’autres endroits à l’étranger, étaient d’abord emmenés dans des hôtels ou des résidences près du fleuve Saint-Laurent et, plus tard, au bord du fleuve, où ils montaient à bord d’un bateau.

Pour réussir à passer clandestinement du Canada vers les États-Unis, les migrants ont emprunté voies navigables internationales via le territoire d’Akwesasne, écrit la GRC dans un communiqué. Une fois passés, ils sont montés à bord d’un véhicule qui les attendait.

Ce réseau bien organisé aurait été dirigé par deux Montréalais, Thesingarasan Rasiah, 51 ans, et Joel Portillo, 38 ans.

Au total, les accusés (quatre déjà arrêtés et quatre autres recherchés) font face à 85 accusations en vertu du Code criminel et de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés, en lien avec le passage de clandestins et la possession et le blanchiment des produits de la criminalité.

Outre MM. Rasiah et Portillo, les accusés sont les suivants :

• Justin Rourke, 43 ans, Saint-Régis (Québec)
• Shawna Etienne, 47 ans, Kanesatake (Québec)
• Mary June Benedict, 48 ans, Akwesasne (Ontario)
• Cheyenne Lewis, 51 ans, Akwesasne (Québec)
• Tionna David, 21 ans, Saint-Régis (Québec)
• Michael McCormick, 47 ans, Cornwall (Ontario)

Une traversée qui entraîne la mort de huit personnes

Jeudi, le GRC rappelle que le 31 mars 2023, huit personnes sont mortes dans un naufrage à Akwesasne. Les victimes, dont deux jeunes enfants, qui tentaient de rejoindre illégalement les États-Unis, étaient originaires d’Inde ou de Roumanie.

Dans les jours qui ont suivi, les enquêteurs ont trouvé des preuves suggérant un lien entre les familles décédées et le réseau de passage de clandestins découvert par le Groupe de travail régional de Cornwall (CRTF).

Le Service de police mohawk d’Akwesasne enquête toujours sur la mort de ces huit immigrants illégaux.

Aucun lien avec Roxham Road

Les migrants qui ont traversé à Roxham et ceux qui ont traversé à Cornwall n’ont pas forcément les mêmes objectifs, a affirmé jeudi EtienneThauvette lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre ces deux points de passage. Ce serait comparer des pommes et des orangesil a dit.

Roxham Road, ce point d’entrée irrégulier situé au Québec et ayant fait les manchettes, a été fermé en 2023. Il était principalement utilisé par les demandeurs d’asile souhaitant revenir au Canada, a rappelé l’inspecteur de la GRC.

Roxham n’a eu aucun impact, à la hausse ou à la baisse, sur ce que nous avons vu ici [à Cornwall]conclut l’inspecteur Thauvette.