Il a été le premier chef d’État d’un grand pays occidental à saluer sa victoire. Emmanuel Macron a adressé ses « félicitations » au « président Donald Trump » mercredi matin sur X, avant même que sa victoire ne soit officielle. Le président français s’est dit “prêt à travailler ensemble comme nous avons pu le faire pendant quatre ans”, de 2016 à 2020. Les deux hommes ont ensuite eu un “très bon échange de 25 minutes” par téléphone dans la soirée, selon l’Elysée. sources, qui ont insisté sur le caractère « chaleureux » de l’échange. Mais les relations entre les deux dirigeants seront-elles aussi contrastées que lors du premier mandat ?
Des relations personnelles ambiguës
Emmanuel Macron va donc retrouver une vieille connaissance à la Maison Blanche. On se souvient des opérations de séduction et autres poignées de mains viriles lors des premières rencontres entre les deux hommes. « Entre Emmanuel Macron et Donald Trump, il y a eu des hauts et des bas. “Trump était quelqu’un qui, au rythme de ses tweets et de son humeur, soufflait le chaud et le froid, selon sa propre humeur ou les problèmes auxquels il était confronté”, a résumé Philippe Etienne, ancien ambassadeur, sur RMC ce mercredi. de la France aux États-Unis et conseiller diplomatique du président français entre 2017 et 2019.
Si la relation n’a jamais été rompue, elle s’est vite dégradée entre les deux dirigeants. Les tweets moqueurs et meurtriers de Donald Trump cachaient en réalité de réelles divergences sur le plan diplomatique : du retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, aux bisbilles sur l’OTAN, en passant par les échecs diplomatiques français sur le nucléaire iranien, les taxes américaines sur l’acier et l’aluminium, ou la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l’État d’Israël par Washington. Un résultat jugé décevant côté français.
Des droits de douane en cause
« Les États-Unis sont nos alliés et le resteront », a rappelé ce mercredi Maud Bregeon. “Le président français aura une relation exigeante avec le président Trump”, a poursuivi le porte-parole du gouvernement à l’issue du Conseil des ministres, évoquant “des visions différentes sur un certain nombre de sujets mais l’habitude de travailler ensemble”. L’entourage du président américain a également insisté mercredi soir sur le caractère « chaleureux » de l’entretien téléphonique, au nom de la relation nouée en 2017. Simple élément de communication ?
Car la campagne américaine a montré que les tensions étaient encore palpables outre-Atlantique quand on parle des relations avec la France. Donald Trump s’est moqué à plusieurs reprises d’Emmanuel Macron lors de meetings, n’hésitant pas à imiter le président et ses accent français pour se moquer de l’avoir fait plier en menaçant de taxer le vin et le champagne lors de son premier mandat. Le champion de « l’American first » n’a d’ailleurs pas caché sa volonté de durcir une nouvelle fois les droits de douane pour inciter les entreprises à délocaliser leur production aux Etats-Unis. Ce dossier, qui sera l’un des points chauds du côté européen avec la guerre en Ukraine, pourrait encore rafraîchir les relations bilatérales.
Un président français affaibli
Il n’est donc pas étonnant de voir Emmanuel Macron très vite annoncer ce mercredi avoir « échangé » avec le chancelier allemand Olaf Scholz. “Nous travaillerons pour une Europe plus unie, plus forte, plus souveraine dans ce nouveau contexte”, a-t-il déclaré sur le réseau social Le Vieux continent réussira à s’entendre pour trouver des positions communes face aux Etats-Unis de Donald Trump.
S’il entend exercer une influence diplomatique, le locataire de l’Elysée est aujourd’hui bien plus faible que lors de son premier mandat. Sur la scène européenne, comme au niveau national : « Macron n’arrive pas à être pris au sérieux bilatéralement » depuis sa dissolution ratée de l’Assemblée nationale, puisque « on ne sait pas qui gouvernera la France dans trois semaines, trois mois ou trois ans ». », résume François Heisbourg, de la Fondation pour la recherche stratégique, à l’AFP. A l’inverse, Donald Trump arrivera en janvier à la Maison Blanche avec un succès écrasant face à sa rivale Kamala Harris.