Donald Trump élu président | “C’est l’inflation, connard”

Donald Trump élu président | “C’est l’inflation, connard”
Donald Trump élu président | “C’est l’inflation, connard”

Les analystes se perdent en conjectures pour expliquer la victoire sans équivoque de Donald Trump. Pour ma part, je l’attribue principalement à un facteur, qui paradoxalement ne peut pas être contrôlé par le gouvernement : l’inflation.


Publié hier à 14h29

Bien sûr, les questions très importantes ont encouragé les Américains à voter pour un parti ou pour l’autre, qu’il s’agisse de l’immigration, de la guerre, de l’avortement, du rôle de l’État, etc. quant. Mais sur ces sujets, les blocs de vote sont solidement ancrés depuis longtemps.

N’oublions pas que les deux camps ne sont séparés que de 3,5 points de pourcentage et qu’il suffit donc que 1 ou 2 % de la population changent d’avis pour changer de pouvoir.

Cependant, c’est selon moi l’impact de l’inflation sur les portefeuilles des ménages durant l’ère Biden-Harris qui a été l’élément clé de ce changement. Le prix à la pompe, le prix du steak haché, le coût du logement sont des éléments qui ont un impact direct sur l’électeur moyen, au quotidien.

Et pour ces électeurs, c’est le gouvernement qui est responsable de ces projets de loi, comme de l’économie en général, personne d’autre. Le gouvernement démocrate aura donc été lourdement puni pour cette période inflationniste.

Bref, « c’est l’économie, idiot »comme le disait un ancien stratège de Bill Clinton, ou plutôt « c’est l’inflation, connard ».

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PHOTO FREDERIC J. BROWN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Le prix à la pompe, le prix du steak haché, le coût du logement sont des éléments qui ont un impact direct sur l’électeur moyen, au quotidien.

Paradoxalement, le gouvernement américain, comme tous les gouvernements des pays développés, porte peu de responsabilité dans l’explosion de l’inflation qui a suivi la période pandémique du COVID-19.

Cette inflation généralisée à travers la planète a été provoquée par les banques centrales, essentiellement, en assouplissant massivement leurs politiques monétaires – notamment les taux d’intérêt – afin d’éviter que leurs économies ne sombrent dans une dépression.

Cette incitation à dépenser des banques centrales pendant cette période de gel de l’économie a permis de relancer l’activité économique, mais elle a ensuite fait monter l’inflation à des niveaux records en 40 ans (8,1 % au Canada et 9,1 % aux États-Unis).

Toutefois, ces décisions des banques centrales sont indépendantes du pouvoir politique. Cette indépendance, gage de leur crédibilité, est même l’un des fondements du fonctionnement efficace des marchés financiers.

Était-il vraiment possible de débattre de cette question complexe pendant la campagne ? Pour convaincre l’électeur moyen que le gouvernement n’est finalement pas responsable de l’explosion de ses factures d’épicerie ?

Bref, le rôle de la banque centrale américaine – la Réserve fédérale – a été crucial dans cette élection. Et au Canada, celui de la Banque du Canada le sera presque autant lorsque les électeurs jugeront le bilan de Justin Trudeau. Ce n’est pas pour rien que le conservateur Pierre Poilievre parle si souvent de « justinflation ».

Je ne suis pas le seul à le penser : lors de sa visite à Montréal il y a un an, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada Paul Beaudry était d’accord avec moi : les décisions de la Banque du Canada ont un effet impactant l’humeur des électeurs, même s’ils sont indépendants du pouvoir politique.

Petit à petit, les tarifs douaniers

Cela dit, les gouvernements canadiens – fédéral et provinciaux – auront du pain sur la planche au cours des quatre prochaines années. Ils devront déployer d’intenses efforts diplomatiques pour convaincre Donald Trump de modérer ses actions envers son partenaire et ami canadien, au risque de se tirer une balle dans le pied.

La plupart des changements ne se produiront pas du jour au lendemain. Le plus important est sans doute la volonté de Trump d’augmenter de 10 % les droits de douane sur les importations vers les États-Unis.

Selon trois études récentes, un tel geste aurait un impact majeur pour le Canada, puisque le commerce bilatéral représente une part très importante de notre produit intérieur brut (23 % pour le Québec, 41 % pour l’Ontario et 42 % pour l’Alberta).

Le bois d’œuvre, les mines, l’aluminium, l’automobile, l’aéronautique, l’énergie et la pharmacie sont autant de secteurs qui pourraient être ébranlés. Certains parlent de récession.

Les experts doutent cependant qu’en pratique Trump mette pleinement en œuvre son plan tarifaire sévère. C’est notamment l’avis de l’analyste Angelo Katsoras, de la Banque Nationale, ainsi que de Jimmy Jean, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

“S’il devait aller de l’avant avec un tel plan, il serait probablement confronté à des contestations judiciaires, à une opposition politique importante de la part des deux partis et au risque de représailles tarifaires de la part d’autres pays”, explique M. Katsoras.

Selon l’analyste, la menace de droits de douane servira, entre autres, à protéger certains secteurs spécifiques et à obtenir des concessions commerciales.

Jimmy Jean estime que des tarifs douaniers visant la Chine « pourraient être mis en place rapidement sous prétexte de sécurité nationale. Cela est moins évident pour une augmentation générale des droits de douane sur toutes les importations américaines, notamment celles en provenance des pays alliés. [Canada et Mexique] ».

L’abolition d’une partie du plan vert – l’IRA – aura certes des effets économiques, mais ils seront gérables, d’autant que le Canada devrait réagir en annulant les mêmes subventions accordées aux usines de voitures électriques. Et au diable l’environnement, malheureusement.

Pour le reste, la volonté de Trump de réduire encore le taux d’imposition des sociétés (de 21 % à 15 %) va accroître la concurrence fiscale avec le Canada, dont le taux est de 26,5 %.

Il faudra voir dans quelle mesure le plan de Trump pourrait gonfler le déficit et la dette américaine – à des niveaux inquiétants – ce qui devrait pousser les marchés à maintenir des taux d’intérêt élevés, surtout si l’inflation ne baisse pas. davantage aux États-Unis.

Ces taux plus élevés pourraient élargir l’écart avec ceux du Canada et exercer une pression à la baisse sur le dollar canadien, obligeant la Banque du Canada à ralentir le rythme de ses propres réductions de taux directeurs. Avec ses effets sur les versements hypothécaires des ménages canadiens…

 
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