Décision du CRTC | Netflix et compagnie devront contribuer

Décision du CRTC | Netflix et compagnie devront contribuer
Décision du CRTC | Netflix et compagnie devront contribuer

(Ottawa) La décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’obliger les géants du numérique comme Netflix et Spotify à contribuer financièrement au système canadien enthousiasme les milieux médiatiques et artistiques du pays. Auteurs, producteurs, musiciens et réalisateurs parlent d’un verdict « historique ».



Mis à jour hier à 22h27

L’annonce du CRTC est intervenue mardi matin. Le projet de loi C-11 obligera les plateformes de diffusion en continu sur Internet étrangères à verser 5 % de leurs revenus au Canada au secteur audiovisuel canadien. Cette exigence entrera en vigueur le 1euh Septembre et devrait permettre de récolter 200 millions annuellement, estime le CRTC.

Les entités qui devront payer sont celles dont les revenus annuels sont supérieurs à 25 millions de dollars au Canada, sans être affiliées à un radiodiffuseur local.

Selon la politique du CRTC, les sommes ainsi amassées seront versées notamment au Fonds des médias du Canada, aux nouvelles radiophoniques et télévisées locales (qualifiées de « besoins immédiats »), aux contenus de langue française, aux contenus autochtones, ainsi qu’aux communautés de langue officielle dans un situation minoritaire.

Accueil chaleureux

La mise en place d’une cotisation obligatoire était clairement attendue. Les réactions largement positives ont été nombreuses tout au long de la journée.

Dans une déclaration commune, les associations professionnelles d’artistes québécois ont applaudi l’ordonnance du CRTC. Les réalisateurs (ARRQ), les musiciens (GMMQ), les réalisateurs (GCR-Québec), les auteurs de radio, de télévision et de cinéma (SARTEC) et l’Union des artistes (UDA) estiment qu’il s’agit d’un premier pas vers « un traitement plus équitable des différents diffuseurs ». travailler au Canada ». Cette mesure devrait également « assurer un meilleur soutien aux artistes locaux », ont-ils souligné.

La présidente-directrice générale de l’Association québécoise des productions médias (AQPM), Hélène Messier, s’est également réjouie. « Il s’agit d’une décision historique puisque les plateformes de distribution en ligne bouleversent depuis longtemps les habitudes de consommation de contenus audiovisuels. Il était grand temps de rétablir un équilibre pour qu’ils contribuent au système à l’instar des diffuseurs traditionnels. [tels que Radio-Canada, Télé-Québec, TVA et Noovo]. »

En soirée, cependant, un son de cloche discordant est venu de Quebecor. Dans une déclaration écrite publiée le

Quand on sait que Quebecor, à elle seule, a dépensé plus de 415 millions en 2023 en contenu canadien, les nouvelles contributions estimées à 200 millions pour l’ensemble des entreprises étrangères en ligne sont clairement dérisoires.

Pierre Karl Péladeau, président et chef de la direction de Québecor

Du côté des autres diffuseurs, Télé-Québec était « satisfaite » et Bell Média, propriétaire de Noovo, a décliné notre demande d’entrevue. De son côté, CBC/Radio-Canada a mentionné par courriel « une première étape positive pour s’assurer que toutes les parties prenantes contribuent au système de radiodiffusion canadien pour soutenir le contenu canadien et autochtone ».

Un espoir pour les médias locaux

La Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a salué l’engagement du CRTC envers l’information locale. Dans une interview, le président du groupe, Éric-Pierre Champagne, a évoqué une « super bonne nouvelle ».

Ce sont les petits médias locaux qui souffrent le plus actuellement. S’ils n’ont pas d’aide, ils disparaissent. Ils vont totalement fermer.

Éric-Pierre Champagne, président de la FPJQ

Pour Éric-Pierre Champagne, la nouvelle loi envoie un signal clair : les géants du Web doivent contribuer à l’écosystème médiatique du pays.

Le président de la FPJQ s’inquiète toutefois du sort des mesures annoncées mardi après les prochaines élections générales, advenant une victoire du Parti conservateur de Pierre Poilievre. « Avec tous les signaux qu’ils envoient depuis plusieurs années, on comprend qu’ils veuillent faire exploser ça. Les joueurs pourraient être sérieusement affectés », a-t-il observé.

Déception chez Netflix et Amazon

La Motion Picture Association – Canada, qui représente les intérêts des principaux producteurs et distributeurs internationaux de films et d’émissions de télévision au Canada, dont Walt Disney et Netflix, s’est dite « déçue » de la décision du CRTC. Selon l’association, les services de streaming « dépensent plus de 6,7 milliards de dollars par an pour produire du contenu de qualité au Canada destiné à un public national et international ». Par voie de communiqué, la présidente de l’association, Wendy Noss, a qualifié la décision du CRTC de « discriminatoire ».

Réponse similaire d’Amazon. L’entreprise, propriétaire de Prime Video, se dit « préoccupée par l’impact négatif » de l’ordonnance du CRTC. “Nous évaluons la décision dans son ensemble, mais ce prélèvement financier onéreux et inflexible sera préjudiciable au choix du consommateur”, a déclaré par courrier électronique un porte-parole du géant américain.

Cette réaction ne surprend pas Stéfany Boisvert, professeure à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal. « Oui, les plateformes étrangères dépensent des sommes importantes pour la production de contenu au Canada, mais pas nécessairement pour la production de contenu canadien. La nuance est importante. Les Américains viennent tourner à Vancouver, Toronto et Montréal parce que c’est beaucoup moins cher de filmer ici qu’aux États-Unis. »

Selon Stéfany Boisvert, la décision du CRTC tombe à point nommé, compte tenu de l’urgence de « trouver une solution à l’asymétrie qui régnait au sein de l’industrie médiatique au Canada ».

« Les webdiffuseurs n’étaient aucunement réglementés au Canada. Ils n’avaient aucun quota de contenu canadien ni aucune obligation d’investir dans le contenu canadien. Il fallait trouver un moyen d’obtenir de l’argent quelque part. Sinon, nous avons continué à promouvoir le statu quo : nous avons laissé ces entreprises faire des profits importants au Canada sans qu’elles aient à redistribuer quoi que ce soit. »

Satisfaction à Ottawa

En point de presse au Parlement, la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, n’a pas semblé craindre que l’annonce du CRTC amène Netflix, Spotify et compagnie à imiter Meta et à organiser un boycott. Depuis l’été dernier, l’entreprise derrière Facebook et Instagram bloque la diffusion de nouvelles au Canada pour éviter les obligations découlant du C-18, une loi fédérale qui oblige les géants du Web à indemniser les médias d’information, qui produisent du contenu qui alimente leurs plateformes.

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PHOTO SPENCER COLBY, - CANADIENNE

La ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, commentant le verdict du CRTC mardi à Ottawa

« Les plateformes ont participé aux audiences du CRTC. [Elles] ont eu l’occasion de faire entendre leurs prérogatives. […] Je m’attends à ce qu’ils respectent la législation canadienne», a déclaré Pascale St-Onge.

Même son de cloche avec Alexandre Boulerice. Selon le chef adjoint du Nouveau Parti démocratique, Netflix, Amazon et compagnie ne devraient pas refiler la facture aux consommateurs. « Je pense que s’ils sont des acteurs responsables, s’ils sont des acteurs corporate responsables envers leur société, ils participeront un peu comme tout le monde. »

De son côté, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, salue la décision du CRTC. « C’est une bonne nouvelle. […] Est-ce que cela suffira ? Non, mais c’est un élément qui est nécessaire jusqu’à ce que nous ayons vraiment trouvé la solution et comment la gérer », a commenté l’homme politique.

Avec la collaboration de Mylène Crête, -

 
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