Bastion du complot | L’Arizona se prépare à une élection présidentielle tendue

(Phoenix) Barrières de béton, hauts grillages, agents armés à l’intérieur : à la veille de l’élection présidentielle américaine, le centre électoral de Phoenix, en Arizona, ressemble à une forteresse.

Romain FONSEGRIVES

Agence -Presse

Ces mesures sécuritaires deviennent malheureusement habituelles dans cet Etat clé, miné par le complot électoral.

“Ce qui est en jeu est très important et très sérieux, c’est le fondement de cette république démocratique, à savoir nos élections”, a prévenu Bill Gates, l’un des responsables électoraux du comté de Maricopa, le plus peuplé d’Arizona.

Donald Trump a perdu de moins de 10 500 voix en 2020 face à Joe Biden en Arizona. À l’époque, des manifestants armés avaient manifesté pendant plusieurs nuits devant le centre électoral du comté, au cœur de Phoenix, pendant le dépouillement des bulletins de vote.

Le milliardaire républicain n’a jamais reconnu sa défaite et en quatre ans, l’État du Grand Canyon est devenu un foyer de complot électoral aux États-Unis.

Les fausses théories sur le « trucage » des élections y prolifèrent, souvent alimentées par les Trumpistes locaux, qui ont pris le contrôle du Parti républicain.

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PHOTO OLIVIER TOURON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Des ouvriers déchargent des clôtures d’un camion au centre électoral de Phoenix, en Arizona, le 4 novembre 2024.

Pour lutter contre cette méfiance, le centre électoral du comté de Maricopa dispose désormais de caméras pointées en permanence sur les zones de stockage des bulletins de vote. La vidéosurveillance est diffusée en permanence sur Internet.

“Nous avons essayé d’être le plus transparents possible”, a rappelé M. Gates, un élu républicain qui a résisté aux pressions de Donald Trump il y a quatre ans.

« Mais nous demandons quelque chose en retour », a insisté ce responsable, victime ces dernières années d’un déluge de haine : que les candidats qui seront battus à l’issue de ces élections « acceptent les résultats ».

“Terrorisme”

A l’aube d’un scrutin où Kamala Harris et Donald Trump sont au coude-à-coude dans les sondages, et où la tribune républicaine soulève encore le spectre de la « tricherie », la tension est palpable en Arizona.

La semaine dernière, un homme a été accusé de « terrorisme » après avoir tiré pendant plusieurs nuits dans un bureau du Parti démocrate à Tempe, une banlieue de Phoenix. Le personnel était absent.

La police a saisi 120 armes à feu à son domicile, 250 000 cartouches et un lance-grenades. Un arsenal qui montre que cet ex-ingénieur à la retraite préparait une tuerie majeure, selon le parquet.

Le sexagénaire fréquentait les cercles complotistes en ligne, selon les médias locaux. En 2020, il partageait le slogan trumpiste « Stop the Steal » après la défaite de Donald Trump.

“Nous sommes en alerte rouge”, a confirmé le shérif du comté de Maricopa, Russ Skinner.

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PHOTO OLIVIER TOURON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Jusqu’à 200 agents du shérif du comté de Maricopa ont été mobilisés pour l’élection.

Jusqu’à 200 de ses agents sont prêts à intervenir mardi et dans les prochains jours, a-t-il expliqué.

Le centre électoral du comté sera également survolé par des drones pendant les élections, et des tireurs d’élite pourraient être positionnés sur les toits à proximité si nécessaire.

Des élections « cruciales »

Certains agents électoraux ont également suivi une formation pour apprendre à se barricader dans une pièce, ou encore à utiliser une lance à incendie pour repousser d’éventuels intrus.

Cette atmosphère glauque n’empêche pas des milliers d’intérimaires de se mobiliser pour faire fonctionner la démocratie américaine.

Comme Jenny Brian, 43 ans, qui a passé son lundi à préparer l’ouverture d’un bureau de vote pour le lendemain, avec une dizaine de collègues.

L’élection de 2020 a été « un moment effrayant », reconnaît cet universitaire qui participe à l’organisation des scrutins en Arizona depuis une quinzaine d’années.

Mais cela n’a fait que renforcer son engagement civique. Avant cette élection, elle a été spécialement formée à la désescalade.

« Les craintes de violence politique et d’intimidation des électeurs montrent à quel point les élections sont cruciales », a-t-elle déclaré. « Il est donc très important que nous nous manifestions sans crainte, pour les aider à voter et pour garantir le bon déroulement du processus. »

 
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