Le manque d’interactions, les difficultés d’accès aux soins et à l’information sont identifiés comme les principales causes de l’anxiété ressentie par les familles francophones des Prairies canadiennes après la pandémie.
L’équipe de recherche à l’origine de cette étude a livré ses résultats le 24 octobre lors de l’inauguration de la nouvelle saison de conférences scientifiques de l’Association pour la promotion des connaissances (ACFAS) de la Saskatchewan.
La Fransaskoise Anne Leis, professeure et directrice du Département de santé communautaire et d’épidémiologie de l’Université de la Saskatchewan, et Élyse Proulx-Cullen, doctorante et chargée de projet, ont coordonné l’étude.
Résultats de l’étude – Intensité des impacts négatifs de la pandémie pour les familles francophones des provinces des Prairies canadiennes. Crédit : Anne Leis et Élyse Proulx-Cullen
« Les objectifs de cette recherche étaient véritablement de faire le point sur l’expérience des personnes interrogées face à la pandémie, explique Anne Leis, et de comparer certains constats et solutions envisagées. »
Une longue enquête
Menés depuis 2021 et commandés par l’Institut canadien de recherche en santé, ces travaux de recherche se sont divisés en deux parties : des cafés du monde, permettant de mieux comprendre les problématiques rencontrées par les familles, puis une enquête conçue à partir des points discutés lors des rencontres.
Au total, 47 familles francophones de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba ont participé aux rencontres. Un peu plus de la moitié d’entre eux avaient un enfant de moins de neuf ans et la majorité vivait en ville.
Dès cette première étape, l’équipe a identifié que le manque d’information et de ressources, l’isolement, la détérioration de la santé mentale et le manque d’accès aux soins et aux praticiens francophones étaient particulièrement difficiles, notamment pour les jeunes et les enfants.
« Il y a des problèmes de santé mentale chez les jeunes enfants, souligne Anne Leis, et le développement du langage peut avoir été quelque peu compromis parce qu’ils n’ont pas été socialisés et ne parlent qu’à leurs parents. » Les adolescents auraient davantage souffert sur le plan éducatif et social.
Quatre priorités
Le questionnaire créé à partir de ces observations a ensuite été diffusé dans les trois provinces grâce aux réseaux de santé. Quelque 320 familles ont répondu, dont 69 en Saskatchewan.
Résultats de l’étude – Intensité des impacts négatifs de la pandémie pour les familles francophones des provinces des Prairies canadiennes. Crédit : Anne Leis et Élyse Proulx-Cullen
Après avoir analysé les résultats de l’enquête, les chercheurs ont identifié quatre priorités : « Des services éducatifs de qualité ; un meilleur accès aux services de santé mentale; un meilleur accès aux professionnels de la santé en français; et un meilleur accès aux activités récréatives, sportives et artistiques en français pour les enfants et les jeunes. »
Au terme de leur conférence, les universitaires ont exprimé leur souhait que les communautés concernées s’approprient leurs résultats et s’organisent pour donner vie aux priorités affichées.
« Des outils de diffusion seront présentés aux partenaires du Réseau santé, et un site Internet sera associé au projet », précise Élyse Proulx-Cullen.
Si ces résultats éclairent la situation des familles francophones, un échantillon plus large de répondants et une comparaison avec les familles anglophones pourraient apporter plus de précision dans les recherches futures.