A Paris, dans les coulisses des préparatifs de la Fête des Morts « El Día de Muertos ».

A Paris, dans les coulisses des préparatifs de la Fête des Morts « El Día de Muertos ».
A Paris, dans les coulisses des préparatifs de la Fête des Morts « El Día de Muertos ».

RAPPORTAGE – Des Mexicains en , dont Juan Carlos, fondateur de l’association « México à Paris », construisent leur propre autel pour rendre hommage aux défunts. Les célébrations auront lieu ce samedi 2 novembre.

Fleurs d’oranger, fruits colorés, pain, croissants, “crânes en sucre”tout est prêt pour décorer l’autel destiné à célébrer le défunt. Cet appartement de 20e Le quartier est imprégné d’une atmosphère typiquement mexicaine. A côté d’une table carrée en bois, Juan Carlos, originaire du Mexique et fondateur de l’association «Le Mexique à Paris» est heureux de pouvoir commencer les célébrations. Ce graphiste et peintre vit en France depuis une vingtaine d’années et ne manque jamais une année pour célébrer la Toussaint. « El Día de Muertos » consiste à rendre hommage aux défunts dans une ambiance festive et colorée. Même à des milliers de kilomètres de leur pays, les Mexicains vivant en France ne peuvent pas le manquer.

Le Jour des Morts est célébré au Mexique depuis des milliers d’années. Dans de nombreuses communautés amérindiennes, comme les Aztèques et les Toltèques, pleurer les morts, comme on le vit aujourd’hui en France, aurait été perçu comme irrespectueux. Chez les Amérindiens, la mort constitue une continuité de la vie sur Terre. Les défunts font donc toujours partie de la communauté.

La célébration contemporaine de ce “Le Jour des Morts” mélange fêtes chrétiennes et rituels religieux préhispaniques. Traditionnellement, les célébrations commencent le 28 octobre et durent quelques jours. Mais le jour J de la célébration est le 2 novembre, date à laquelle les défunts descendent du monde des morts, appelé Mictlanpour revenir sur Terre. Pendant cette période, les familles mexicaines se rassemblent autour des autels installés dans leurs maisons pour honorer leurs proches décédés. Dans les rues du Mexique, tout est décoré de fleurs, de papiers découpés et de crânes en sucre. De grands défilés costumés ont lieu et des banquets sont organisés dans les cimetières pour honorer les âmes des défunts.

Cette tradition mexicaine est aussi intéressante que fascinante. C’est particulièrement mis en valeur dans le film Noix de coco, qui s’en inspire pour mettre en valeur les us et coutumes de cette culture. En France, il n’est pas rare de croiser des personnes maquillées et habillées de costumes traditionnels mexicains lors de la soirée d’Halloween.

Image des matériaux destinés à préparer l’autel pour célébrer « El Dia de Muertos »
Garance De Carvalho/Le Figaro

“C’est comme fêter Noël sans sapin”

Au centre des préoccupations : l’autel. Abondamment décoré dans le salon, il constitue l’élément principal des célébrations. “Célébrer El Día de Muertos sans faire d’autel, c’est comme célébrer Noël sans sapin” dit Juan Carlos Cedillo, avec un accent mexicain. Dans son salon, de nombreuses offrandes sont disposées sur un plateau rectangulaire soutenu par des chevalets, avec des cadres photos du défunt.

Au Mexique, on utilise des fleurs d’oranger, connues sous le nom de « cempazuchitl » et reconnaissables à leur odeur légèrement amère. “C’est une manière pour les morts de venir à nous, comme un chemin tracé par le parfum des fleurs” confie le Mexicain. Ne pouvant les trouver en France, Juan Carlos a fabriqué lui-même ces fleurs à l’aide de papier orange, façon origami, qu’il a disposé de gauche à droite sur l’autel.

Autre élément typique venu directement du Mexique : des crânes minutieusement sculptés de cristaux de sucre. Entièrement décorés de paillettes et de strass colorés, les enfants pourront les manger à la fin de la fête. Juan Carlos, qui n’a pas d’enfants, préfère les ranger soigneusement dans une boîte entourée de papier de soie pour l’année suivante. Celles-ci sont dispersées sur toute la surface de l’autel, créant une impression de saturation.

Pour enrichir ce florilège de couleurs, des papiers très fins, semblables à de la dentelle et composés de motifs géométriques, appelés « papier mâché déchiqueté » embellir l’autel. De l’eau, du sel et des bougies allumées sont également déposés sur ce plateau pour purifier les âmes des défunts et les accueillir dans de bonnes conditions. Si toute la pièce est imprégnée d’une odeur d’encens forte, presque enivrante, c’est parce que Juan Carlos a brûlé un morceau de “copal”un type de résine trouvé au Mexique.

En matière de nourriture, il n’y a pas de rituel spécifique. Une corbeille pleine de fruits suffit. Seule tradition : le pain pour les morts. « Le pain des morts » c’est une brioche parfumée à l’orange saupoudrée de sucre dont les reliefs représentent des os. On ne les trouve qu’au Mexique, à l’exception de deux ou trois boulangeries mexicaines à Paris qui les vendent, explique Juan Carlos.

Juan Carlos Cedillo a fondé l’association « México à Paris » en 2015.
Garance De Carvalho/Le Figaro

“Ma mère revient demain”

Pour Juan Carlos et les Mexicains, cette fête a une signification particulière car c’est le moment où ils se souviennent collectivement de leurs proches décédés. Bien plus qu’un “le jour des morts” c’est un “Fête de l’amour”, Juan Carlos se réjouit. Depuis le décès de sa mère en 2003, il fait de cette célébration un rituel auquel il ne déroge pas : « Chaque fois que je prépare cette fête, je me dis : demain ma mère sera de retour ».

La préparation de l’autel est aussi un moment de convivialité durant lequel sont racontées des anecdotes sur des personnes décédées. C’est un moment de souvenir et de partage de souvenirs heureux, créant ainsi une atmosphère de proximité entre les membres d’une famille. « Sans les histoires que j’ai racontées sur ma mère pendant El Día de Muertos, mes petits-enfants ne l’auraient jamais connue. » confie Juan Carlos avec émotion. La touche finale pour créer l’autel est d’ajouter des objets qui symbolisent le défunt : « Ma mère aimait la tequila, alors je mets toujours cette petite fiole sur l’autel » dit Juan Carlos. Chacun est libre d’insérer les objets qu’il préfère pour créer une touche personnalisée. « Pour ma part, j’aime publier les lettres que je lui ai écrites » » confie encore le Mexicain.

Donner de l’importance à cette célébration, c’est aussi une manière d’envisager un nouveau rapport à la mort dans l’espoir de trouver une forme de thérapie. « El Día de Muertos vous aide à faire votre deuil plus facilement. Je dirais que cela donne une autre vision de la mort, qui la rend plus facile à accepter. » Cette célébration est l’occasion d’exprimer vos émotions sans réserve pour ne pas enterrer votre douleur et ben pour accélérer la période de deuil.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Microsoft Flight Simulator 2024 : à quelle heure sort le jeu dans Game Pass ?
NEXT Robert Miller | Deux maisons saisies en garantie malgré ses milliards