Le XV de veut reprendre le jeu

Le XV de veut reprendre le jeu
Le XV de France veut reprendre le jeu

C’est un événement de fin d’année qui évoque déjà le printemps avant même d’entamer l’hiver. Les séries d’automne, ces matchs tests que les nations de l’hémisphère sud viennent disputer chaque mois de novembre dans l’hémisphère nord (hors Coupe du monde), ne sont jamais anodines. Et encore plus cet automne. Le Japon (9 novembre), la Nouvelle-Zélande (16) et l’Argentine (22) composent le menu du Stade de . Un an après l’échec en Coupe du monde et après douze mois traversés plus de faits divers que d’instants de gloire, le XV de France espère enfin entrer dans la rédemption. L’opportunité est là, à saisir.

Abasourdi par sa défaite en quart de finale de Coupe du monde face aux Sud-Africains en octobre 2023, en convalescence lors du tournoi des Six Nations suivant et pathétique lors de sa tournée estivale en Argentine (1), le XV de France est en quête de repères. La fédération (FFR) vient de mettre fin à l’épisode mouvementé des élections à répétition et compte un président, Florian Grill, confortablement réélu pour quatre ans le 19 octobre. L’été olympique a retrouvé la joie grâce à la victoire du VII tricolore et du talent d’Antoine Dupont. Enfin, Fabien Galthié, le sélectionneur, qui avait dressé avec son staff une liste variable de 42 joueurs pour combler l’effectif bleu, a peut-être définitivement libéré sa frustration. Trois hommes, trois dirigeants, c’est à eux de prendre en charge la relance des Bleus.

Florian Grill, élu chef de la FFR avec 67,22% des voix, ressort renforcé après des semaines d’incertitude. À peine un an et demi après un premier vote qui lui a permis, avant l’été 2023, de succéder à Bernard Laporte, contraint à la démission après divers contentieux judiciaires, il peut gouverner comme un patron. Côté joueur, il a confirmé Fabien Galthié en novembre dernier comme sélectionneur des Bleus, une manière d’apaiser les doutes. Depuis, Grill a résisté à la tempête en dehors du terrain. Les dérapages de ses internationaux en Argentine en juillet, la disparition en mer du jeune Medhi Narjissi, en sélection U18 avec les Bleus en Afrique du Sud en août, autant de situations qui ont mis à mal son autorité et l’auraient même poussé à lui d’envisager de démissionner. C’est à lui et à son comité de restaurer la confiance. Son nouveau mandat l’oblige. “Il va y avoir un serrage de vis”, a déclaré Florian Grill à propos du comportement extra-sportif des joueurs en sélection. Fin août, des « états généraux » du rugby ont eu lieu. Première mesure : un plan de performance renforcé. Il entre en vigueur en novembre. Il appartient au président de veiller à sa bonne application dans la durée.

Dans cette ambiance, Fabien Galthié a hâte de retrouver le jeu et le défi, celui du but – encore lointain – de la Coupe du monde en Australie en 2027. Installé dans son poste de sélectionneur depuis la fin de l’année 2019. par Bernard Laporte, il avait bâti une équipe pour remporter la Coupe du monde chez lui et s’était procuré les grands moyens et les hommes pour y parvenir. Tout allait bien jusqu’à la défaite face à l’Afrique du Sud. Fini l’état de grâce et les résultats décevants après tant de promesses. Longtemps dans le déni de la défaite et l’analyse de l’échec au Mondial, le tournoi des Six Nations 2024 a mal débuté et s’est bien terminé, permettant aux Bleus et à leur sélectionneur d’entamer une timide convalescence. Il fallait soigner les têtes et les corps. Le fiasco de la tournée estivale en Argentine précipite la rechute. Galthié s’est dit « stupéfait » dès les premiers jours de l’enquête. Depuis, il a coupé sa communication. Son silence, avant de reprendre la parole fin octobre pour donner sa liste des internationaux, a interpellé le milieu. Comment a-t-il surmonté tous les traumatismes de l’année écoulée ? Doit-il se présenter ? Depuis septembre, le sélectionneur multiplie les réunions pour composer son groupe. Le retour des Bleus sur les terrains le remet dans l’action publique. On jugera comment il se montre encore comme le leader de son groupe.

Leader, Antoine Dupont, le capitaine de l’équipe de France, l’est plus que jamais à 27 ans. Blessé et affaibli lors du Mondial – fracture de la pommette qui l’a tenu à l’écart pendant vingt jours – le Toulousain n’a plus porté le maillot bleu du XV tricolore depuis, mais il est le seul international français dont la cote est montée au firmament en un an. En mission pour le rugby à sept cette année, loin des rencontres du tournoi, il s’est épargné les tourments et s’est consacré avec bonheur à la quête du titre de champion de France et de celui d’Europe avec le Stadium Toulouse. Et puis toute la joie de la semaine olympique et la première médaille d’or avec l’équipe VII. Son moral et sa forme sont au top. Dupont est tout nouveau lorsqu’il retrouve les Bleus. Lui, au moins, a profité au maximum de son année.

  • (1) Lors de la tournée en Argentine, Melvyn Jaminet a été exclu du groupe et suspendu trente-quatre semaines pour propos racistes sur les réseaux sociaux. Hugo Auradou et Oscar Jegou, néo-internationaux, étaient impliqués dans une affaire de viol présumé après une sortie nocturne, arrêtés puis mis en examen, avant leur retour en France deux mois plus tard. La perspective d’un licenciement fin octobre a clôturé l’épisode judiciaire, mais pas l’écho sulfureux de ces troisièmes mi-temps argentines.
 
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