L’affiche présentant une femme voilée à l’entrée de l’hôtel de ville de Montréal sera retirée en raison du « malaise » qu’elle suscite, mais surtout pour réitérer que le Québec est une société laïque.
C’est ce qu’a déclaré la mairesse Valérie Plante, dimanche soir, alors qu’elle était de passage sur le plateau de Tout le monde en parle. « Je comprends le malaise, car nous sommes dans une société laïque et nos institutions doivent être laïques », a-t-elle déclaré.
Elle a ensuite été interrogée simultanément sur une autre affiche publicitaire controversée, celle de la bibliothèque Mercier de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, où l’on peut apercevoir une jeune fille voilée. Le district a depuis nié promouvoir une pratique religieuse, affirmant que la photo provenait d’une banque d’images générique.
Les deux publicités ont été portées sur le devant de la scène la semaine dernière par le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, qui a déploré que « le sujet de l’invasion religieuse dans l’espace public ne s’arrête pas à l’école de Bedford.
« Est-il normal que la mairie de Montréal nous accueille avec une femme voilée et vante donc un signe religieux qui ne correspond pourtant pas aux croyances de la grande majorité des Montréalais ? », a-t-il notamment demandé, déplorant également qu’une bibliothèque « éprouve le besoin de mettre dans son annonce un signe religieux avec la photo d’une petite fille voilée ».
Mmoi Plante, de son côté, affirme « qu’on ne demande pas d’approuver toutes les affiches ». Cela dit, ajoute-t-elle, «ce n’était pas nécessaire et je pense qu’on peut parler de la diversité et de la grande richesse culturelle de Montréal en privilégiant la laïcité».
A la mairie, l’affiche en question « sera modifiée », a-t-elle assuré peu après, laissant entendre que des travaux étaient déjà en cours.
40 000 $ pour une erreur
Le maire n’a pas précisé combien coûterait le remplacement de l’annonce de la mairie. Or, on sait qu’une affiche similaire avait coûté 40 000 $ à remplacer dans le passé, selon des documents municipaux rendus publics à la mi-août. Dans ce cas, la cause du remplacement était une trappe d’accès aux équipements électromécaniques, installée par le Service de Gestion et d’Aménagement du Bâtiment (SGPI), située derrière la charpente. Les équipements doivent en théorie « être accessibles et disposer d’un dégagement de 1 mètre pour la maintenance ». Montréal a donc dû réimprimer et réinstaller l’affiche pour « corriger le tir en repensant ledit cadre ». Dans l’opposition, on déplore que « cette dépense de 40 000 $ aurait facilement pu être évitée ». «Cet amateurisme est la preuve que l’argent des contribuables n’est pas géré avec tout le sérieux qu’il mérite de la part de l’administration de Projet Montréal», a soutenu lundi la conseillère Chantal Rossi.