Plus nous approchons du jour des élections, plus les contours de la victoire de Donald Trump se précisent. S’il pouvait s’en tenir à parler d’immigration et d’économie, cette élection présidentielle serait gagnée. Ce n’est pas encore le cas, car Trump est son pire ennemi.
Les stratèges démocrates doivent s’arracher les cheveux. Sondage après sondage, Kamala Harris et Donald Trump sont à égalité. Le candidat démocrate est pourtant partout.
Elle parcourt la Pennsylvanie et le Wisconsin, s’arrête deux fois par semaine dans le Michigan et la Géorgie et fait de longs détours à travers l’Arizona et le Nevada. On lui a reproché de ne pas donner suffisamment d’interviews et elle a travaillé très dur.
Cherchant à toucher les jeunes électeurs et les Afro-Américains, elle a découvert Charlamagne, ce Dieu, dans son émission de radio très populaire. Elle voulait être vue et entendue par les électeurs indépendants et les républicains plus traditionnels, comme Nikki Haley. Elle s’est jetée dans la tanière du loup, accordant une interview à Fox News, la chaîne d’information ouvertement pro-Trump.
A chaque fois, elle s’en sort plutôt bien : on la voit, on la connaît mieux, elle ne fait pas de grosses bourdes. Résultat? Aucun mouvement dans les sondages.
Incapable de prendre sur lui
Que fait Donald Trump pendant cette période ? Il est arrogant et vulgaire. Il insulte, sur ses réseaux sociaux, non seulement ses opposants démocrates, mais aussi ceux qui lui sont sympathiques, mais qui ne lui font pas preuve d’une totale soumission, comme les dirigeants de Fox News qui laissent Harris apparaître sur leurs ondes.
Il multiplie les propos intimidants à l’égard des procureurs et des fonctionnaires qui l’ont confronté à ses transgressions des normes politiques et des lois du pays.
Il rabaisse tous ceux qui opposent des arguments rationnels à ses obsessions, comme le rédacteur en chef de Bloomberg News qui s’est interrogé mardi devant l’Economic Club de Chicago sur le bien-fondé des droits de douane que Trump promet d’imposer sur les importations vers les États-Unis. : « Qu’en savez-vous exactement ? Vous aviez tort sur tout !
Des idées qui résonnent
Le succès de Trump, malgré sa vanité et son insolence, est dû à la popularité des deux piliers de sa campagne. Les Américains restent obsédés par l’immigration et l’idée d’une expulsion massive des sans-papiers séduit une majorité d’électeurs. Dans un sondage réalisé le mois dernier par Scripps News et IPSOS, 54 % des personnes interrogées ont déclaré soutenir cette politique, dont 86 % de républicains et 25 % de démocrates. Un démocrate sur quatre !
De plus, malgré un faible taux de chômage, un ralentissement de l’inflation et des prix de l’essence plus bas que ces dernières années, Harris reste derrière Trump sur les questions économiques. Les gens disent se sentir moins riches : ce n’est pas facile de les faire changer d’avis.
Ce n’est pas tout. Plus de la moitié des Américains (52 %, selon Gallup) déclarent que la situation de leur famille est pire aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quatre ans. C’est un mystère pour de nombreux analystes, mais les perceptions de la présidence de Trump restent bien plus positives que celles de Biden.
Kamala Harris ne peut, malgré ses efforts, se démarquer de l’héritage de l’actuel président. Il ne reste que quinze jours à cette campagne présidentielle, probablement trop peu pour changer cette réalité.
Ce qui pourrait sauver Harris… c’est Trump lui-même. Tant qu’il gardera cette élection pour lui, remplissant le paysage médiatique de ses caprices et de ses sautes d’humeur, il rappellera aux électeurs le chaos qui a caractérisé sa présidence. S’il se taisait, il aurait déjà gagné cette élection présidentielle.
La Revue est à la recherche de Québécois résidant dans les États suivants : Alaska, Alabama, Dakota du Sud, Montana, Rhode Island et Wyoming.
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